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Internet en «liberté surveillée»
L'association Reporters sans frontières publie un rapport alarmant sur le contrôle de la Toile par les Etats depuis le 11 septembre, sous prétexte de lutte antiterroriste.
Par F.-M. S.
mardi 10 septembre 2002
(Liberation.fr - 15:48)
Les Etats-Unis ont mis en place chez de nombreux fournisseurs d'accès un logiciel d'écoute électronique baptisé «Carnivore», pour enregistrer toutes les données échangées par les utilisateurs.
Jusqu'alors, on parlait surtout de cybercriminalité à propos des pédophiles, des photos ou des films mettant en scène des mineurs et qui pouvaient s'échanger sur l'Internet, et du nécessaire contrôle, selon les services de police, à exercer sur ces échanges illégaux. Depuis un an, les choses ont changé. Radicalement. Le 11 septembre a conduit, selon l'association Reporters sans frontières (RSF), qui publie un rapport alarmant, à placer Internet «en liberté surveillée».
Tous opportunistes. En somme: ce que les Etats n'arrivaient pas à faire hier à propos des pédophiles, ils l'ont fait, puissance mille, à propos des «terroristes». Qu'il s'agisse des pays «traditionnellement épinglés pour leur non-respect des droits de l'homme», comme la Chine, l'Arabie Saoudite et la Tunisie, ou qu'il s'agisse des pays occidentaux, tous, selon RSF, ont «saisi avec opportunisme le contexte de la campagne antiterroriste internationale pour renforcer leurs dispositifs policiers et législatifs d'encadrement de la Toile».
Exemple: la Chine a fait fermer 14.000 cafés Internet et fait condamner un cyberdissident à onze ans de prison, les Etats-Unis ont mis en place chez de nombreux fournisseurs d'accès un logiciel d'écoute électronique baptisé «Carnivore», pour enregistrer toutes les données échangées par les utilisateurs. Dans leur meilleur rôle, celui de cow-boy du monde, les Etats-Unis se sont également, souligne RSF, «arrogés le droit de poursuivre les pirates de l'Internet, qu'ils soient ou non Américains, qu'ils agissent ou non depuis les Etats-Unis».
Législation. Dans cet «état des lieux accablant» qui se pare de légalité, puisque tous ces pays ont, bien sûr, encadré ces résolutions de textes législatifs, l'Europe n'est pas en reste. Habituellement rétive à tout contrôle d'Internet, l'Union a «diamétralement changé de cap» depuis le 11 septembre 2001. Et le Parlement de voter, fin mai 2002, un texte imposant aux pays membres de légiférer rapidement. Dans quel sens? Répressif. Il s'agit «d'obliger les fournisseurs d'accès à Internet et les opérateurs de téléphonie à conserver toutes les données de communications (...) Et à en garantir le libre accès aux services de police, justice, et à certaines administrations.»
Gravement liberticides, selon Reporters sans frontières, ces lois et ces mesures prises de manière très musclée, dans le monde entier, devraient faire réfléchir les citoyens. Que diraient-ils, en effet, «si on leur annonçait qu'une loi premettant de contrôler en toute impunité le courrier qu'ils confient aux services postaux a été votée, et qu'en vertu de ce texte, les services de police peuvent à tout moment suivre leurs échanges épistolaires»? Une cyber-révolte?
L'article de Libé.
L'article original de reporters sans frontières, et la possibilité de télécharger le rapport complet au format PDF.
Internet en «liberté surveillée»
L'association Reporters sans frontières publie un rapport alarmant sur le contrôle de la Toile par les Etats depuis le 11 septembre, sous prétexte de lutte antiterroriste.
Par F.-M. S.
mardi 10 septembre 2002
(Liberation.fr - 15:48)
Les Etats-Unis ont mis en place chez de nombreux fournisseurs d'accès un logiciel d'écoute électronique baptisé «Carnivore», pour enregistrer toutes les données échangées par les utilisateurs.
Jusqu'alors, on parlait surtout de cybercriminalité à propos des pédophiles, des photos ou des films mettant en scène des mineurs et qui pouvaient s'échanger sur l'Internet, et du nécessaire contrôle, selon les services de police, à exercer sur ces échanges illégaux. Depuis un an, les choses ont changé. Radicalement. Le 11 septembre a conduit, selon l'association Reporters sans frontières (RSF), qui publie un rapport alarmant, à placer Internet «en liberté surveillée».
Tous opportunistes. En somme: ce que les Etats n'arrivaient pas à faire hier à propos des pédophiles, ils l'ont fait, puissance mille, à propos des «terroristes». Qu'il s'agisse des pays «traditionnellement épinglés pour leur non-respect des droits de l'homme», comme la Chine, l'Arabie Saoudite et la Tunisie, ou qu'il s'agisse des pays occidentaux, tous, selon RSF, ont «saisi avec opportunisme le contexte de la campagne antiterroriste internationale pour renforcer leurs dispositifs policiers et législatifs d'encadrement de la Toile».
Exemple: la Chine a fait fermer 14.000 cafés Internet et fait condamner un cyberdissident à onze ans de prison, les Etats-Unis ont mis en place chez de nombreux fournisseurs d'accès un logiciel d'écoute électronique baptisé «Carnivore», pour enregistrer toutes les données échangées par les utilisateurs. Dans leur meilleur rôle, celui de cow-boy du monde, les Etats-Unis se sont également, souligne RSF, «arrogés le droit de poursuivre les pirates de l'Internet, qu'ils soient ou non Américains, qu'ils agissent ou non depuis les Etats-Unis».
Législation. Dans cet «état des lieux accablant» qui se pare de légalité, puisque tous ces pays ont, bien sûr, encadré ces résolutions de textes législatifs, l'Europe n'est pas en reste. Habituellement rétive à tout contrôle d'Internet, l'Union a «diamétralement changé de cap» depuis le 11 septembre 2001. Et le Parlement de voter, fin mai 2002, un texte imposant aux pays membres de légiférer rapidement. Dans quel sens? Répressif. Il s'agit «d'obliger les fournisseurs d'accès à Internet et les opérateurs de téléphonie à conserver toutes les données de communications (...) Et à en garantir le libre accès aux services de police, justice, et à certaines administrations.»
Gravement liberticides, selon Reporters sans frontières, ces lois et ces mesures prises de manière très musclée, dans le monde entier, devraient faire réfléchir les citoyens. Que diraient-ils, en effet, «si on leur annonçait qu'une loi premettant de contrôler en toute impunité le courrier qu'ils confient aux services postaux a été votée, et qu'en vertu de ce texte, les services de police peuvent à tout moment suivre leurs échanges épistolaires»? Une cyber-révolte?
L'article de Libé.
L'article original de reporters sans frontières, et la possibilité de télécharger le rapport complet au format PDF.