Et avec la tête ? [V.4]

Le thème est : guidés par une obsession.
Les 5 mots obligatoires :
  • Astragale
  • Bleuâtre
  • Encyclie
  • Fraise
  • Ratisser
Réponses pour le 7 avril
 
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Réactions: Human-Fly
Le thème est : guidés par une obsession.
Les 5 mots obligatoires :
  • Astragale
  • Bleuâtre
  • Encyclie
  • Fraise
  • Ratisser
Réponses pour le 7 avril


Karine et Jean furent débarqués sur une petite île du Finistère, à peine habitée.
Seuls s'y trouvaient un petit village non dénué de charme, un cimetière, quelques constructions disséminées un peu partout, une forêt s'étendant sur la majeure partie de l'île, et un petit port de pêche.
On devinait la présence d'un petit port de plaisance destiné à d'éventuels touristes, mais sa taille et son manque d'entretien suggéraient qu'il ne servait presque jamais.

S'étant installés dans l'unique hôtel du village, Karine et Jean s'amusèrent à quitter l'endroit en pleine nuit, sans se faire repérer par le personnel ni par les autres rares clients...
Ils se rendirent au cimetière, escaladant facilement une porte de métal, fermée la nuit. L'endroit leur sembla bien plus mystérieux et finalement séduisant qu'en plein jour.
La chapelle où ils arrivèrent leur sembla d'une construction riche et intéressante. Presque une étrange petite maison, dotée d'un toit, et à laquelle on accédait par un petit escalier, chaque marche ornée d'un astragale.
La fameuse clef en or remplit son office, s'insèrant dans une serrure " faite du même métal", elle-même dissimulée derrière un petit panneau pivotant en bronze.

Allumant leurs lampes de poche, Karine et Jean fouillemairent l'endroit jusqu'à y trouver un coffre qu'ils ouvrirent aussitôt.
Le poids des ans avait épargné le ressort bleuâtre de la poupée volontairement ridicule qui leur sauta au visage. Une sorte de marionnette faussement effrayante qui fit sursauter les deux compères, désormais complices.
Karine pleurait presque alors que Jean s'efforçait de la réconforter.
Point de trésor, mais une marionnette finalement plutôt drôle, montée sur ressort dans laquelle Jean passa la main, pour l'animer, pour faire sourire Karine.

Mais Jean ne parvint pas à enfoncer sa main dans la marionnette.
Il la ramena jusqu'à l'hôtel où il invita Karine dans sa chambre, pour qu'ils purent examiner cet objet grotesque mais finalement amusant, avec un éclairage plus confortable que celui de lampes de poche.
Jean et Karine contemplèrent l'étrange objet et son contenu, que Jean avait découvert en essayant d'y passer la main.
Le curieux jouet de foire regorgeait des plus gros diamants jamais vus par Karine et Jean de leur vie...
Ils savourerèrent leur joie d'avoir découvert ce trésor auxquels ils avaient fini par ne plus vraiment croire ...

Le lendemain, en attendant le bateau qui les ramèneraient sur le continent, comme deux gamins, Karine et Jean s'amusèrent à lancer des galets dans l'eau, chacun produisant généralement au moins une belle encyclie.
Revenus sur le continent, ils fêtèrent leur découverte chez un glacier.
Karine choisit une coupe glacée joliment surmontée d'une fraise, et Paul préféra un chocolat liégeois.
" - Espérons que nous avons laissé la chapelle dans l'état où nous l'avons trouvée... " espéra Paul à haute voix... Ajoutant ensuite :
" - Je n'aimerais pas trop voir la gendarmerie ratisser la chappelle ni tout le cimetière après notre passage...
- Nous n'avons commis aucun délit... Du moins je crois... " affirma Karine, finissant elle-même par douter de la pertinence de son propos...
Paul avait jusqu'alors caché à Karine l'existence d'un petit parchemin qu'il avait trouvé au fond de la marionette, parmi les diamants. Le document disait :
" - Vous venez de trouver le trésor. Bientôt, vous ferez l'expérience du sort qui l'accompagne toujours : sa malédiction. "
 
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Réactions: Gerapp38
Un petit texte, hors concours.

Cri mais châtiment

Jaillissant des fourrés, il déboula dans la clairière et se mit à la ratisser de manière frénétique : il devait à tout prix trouver une plante émétique. Des images défilaient dans sa tête, brouillant sa vue, des crampes abdominales le faisaient souffrir.

Il n’aurait pas dû manger ce pavé, ou au moins, il aurait dû le manger moins vite, et il aurait peut-être pu voir quelque marbrure bleuâtre, ou sentir quelque relent délétère qui aurait pu le prévenir du contenu létal de cet aliment, mais, tout à la joie d’avoir pu une nouvelle fois larciner son prochain, il s’était ensuite abandonné à sa goinfrerie naturelle et avait avalé son butin en trois bouchées rapides. Comment cette nourriture aurait-elle pu être frelatée ?

Ses muscles commencèrent à le trahir, il se laissa tomber à plat ventre et regarda anxieusement les plantes autour de lui : le tapis de luzerne sur lequel il était affalé était juste ponctué de quelques plants d’astragale et de touffes de graminées. Décidément, la saison ne lui était pas favorable, trop tard pour le muguet et la digitale, trop tôt pour les baies de houx et de gui, aucune autre plante susceptible de le soulager.

La douleur lui sembla toutefois s’être atténuée ; il se sentit même un peu mieux, couché sur ce moelleux lit végétal, et il y posa sa tête, environné de senteurs exquises d’humus et de fraises des bois. Il décida de se reposer quelques instants, le temps de se remettre, et ferma les yeux en repensant à son adversaire de toujours, qu’il avait orgueilleusement vaincu, années après années, par de multiples tours pendables. Apaisé, il n’eut bientôt plus conscience de ce qui l’entourait, et ne vit donc pas son ennemi qui l’observait depuis la futaie.

Ce dernier regarda longuement sa victime de ses yeux noirs et perçants, contemplant avidement les spasmes causés par la ciguë dont il avait copieusement farci son fromage. Quand il vit une dernière onde se propager comme une encyclie sur la fourrure rousse du renard gisant, il sût que c’en était terminé de ce vil scélérat ; le corbeau se retourna et s’envola, non sans crier de nouveau : Nevermore !
 
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Réactions: Human-Fly
-Monsieur Leclaire ! Monsieur Leclaire ! La voix qui résonnait de fureur dans le hall était celle d’un japonais d’à peine 1 métre et demi. C’en est trop ! Ce sera lui ou moi !

L’homme auquel s’adressait cette violente menace sortit du sas qui protégeait l’entrée de la serre.

-Maître Mitsuo ? Que se passe-t-il encore ? Ne me dîtes pas qu’« il » a encore sévit ?

Le petit japonais trépignait d’indignation : je venais de ratisser le sekitei quand il est apparu et , et il a gratté ! Il s’est assis et m’a regardé en souriant avant de reboucher le trou !

-Maître Mitsuo, un chat ne peut sourire… Savez, Mitsuo que vous me faîtes penser à un héros de fiction ? Un maître Yoda colérique !

- Vous vous moquez ! Pour vous, nous sommes tous jaunes !

- Mais non Mitsuo, vous êtes vert… de rage !

- Cet animal est un démon ! La palissade du jardin fait 3 mètres de haut et jamais je ne l’ai vu sauter par dessus ! Soudain, il est là et c’est tout et je ne l’ai jamais vu repartir, il disparaît comme une fumée.

Le jardinier se laissa tomber dans un fauteuil en soupirant ; vous savez Edgard, depuis que cette bête est entrée ici, il se passe des choses étranges, des choses maléfiques. Lesquelles, je ne sais, mais elles sont là. Ce monstre n’est pas d’ici…

Regardez le , sur le muret, il nous regarde, nous écoute…

Le chat se leva, s ‘étira puis se dirigea lentement vers un pot de faïence bleuâtre , regarda vers les deux hommes et poussa le pot qui explosa au sol. Il sauta du muret alors que le jardinier se précipitait et disparu. Edgard Leclaire s’approcha du désastre. Ce n’était pas tant la perte du pot qui lui venait de sa grand-mère ni même les Astragales Esparcette dont la couleur s’harmonisait si bien avec le pot que cet indéfinissable sentiment de malaise quand le chat avait dardé son regard dans le sien comme pour dire « alors tu vois ? Qui est le maître ici ? ».
Mitsuo ramassait les dégâts, prenant les plantes dans les mains comme si ces fleurs, pourtant courantes avaient à ses yeux une valeur insoupçonnée.

-Mitsuo, depuis combien de temps nous connaissons nous -il n’avait pas dit :êtes vous à mon service, preuve qu’il y avait entre ces hommes un sentiment certain de respect et d’amitié- ?

-Ça fait plus de soixante années, Edgard, que je vous ai montré comment faire de simples encyclies des œuvres d’art à nulles autres pareilles.

- Soixante années déjà ! Et vous m’avez appris l’art du bonzaï. Mes créations ont fait l’admiration de bien des sociétés d’ horticulture (même sur votre ile!) et vos conseils ont fait de moi un homme respecté, mais je vous dois tout. Je suis riche maintenant, mes orchidées se vendent à prix d’or, certaines portent même mon nom.

Il est loin le temps où vous vous moquiez de mes coups de binette maladroits dans le parc à fraises.

Vous souvenez vous de mon premier concours botanique ? Premier concours, premier prix…



Le jardinier regardait le maître de maison assis sur le muret, il voyait dans ses yeux comme un souvenir caché, une nostalgie enfouis au plus profond de sa mémoire.

Aucun des deux hommes n’avait entendu approcher le chat. D’un bond, il fut sur les genoux du japonais qui se leva en hurlant . Les griffes du chat lui labouraient les cuisses pour ne point tomber.



-Mitsuo, venez vite à la maison. Mais qu’est-ce qui lui a pris ?

-C’est un monstre !



Le chat était dans le hall, comme s’il les attendait. Il feulât, cracha et se tint prêt à leur sauter au visage.

Les deux hommes se précipitèrent dans le sas de la serre et se réfugièrent au milieu des plantes exotiques. Pas de trace du chat…

Là, parmi, les fleurs, ils récupéraient…

-Le voyez vous ?

-Non, il n’est plus dans le hall…

-Attendez ? Qu’est-ce que ce bruit ?

Un rapide coup d’oeil sur la jauge CO2 montrait une augmentation rapide du taux de gaz.

-Il essaie de nous asphyxier, il faut sortir !

Ils coururent dehors, la tête commençait à leur tourner. Edgard ouvrit l’armoire à fusils et prit une carabine.

Mitsuo, tout à sa panique ne vit pas le râteau du sekitei, se prit les pieds dedans, il tomba dans les escaliers du perron. À presque 90 ans la nuque ne résista pas. Il semblait une poupée de chiffons jetée là sans soin, les membres éparpillés. La tête faisait un angle grotesque avec le cou.

Le chat était là, satisfait.

Edgard voulu le viser mais il avait déjà disparu. Un miaulement,derrière lui, lui glaça le sang.

Le chat le regardait du haut de la palissade, souriant d’un air narquois. Edgard ne pris pas le temps d’ajuster le malfaisant et tira.

Une des balles perça la citerne de propane. Le souffle de l’explosion le projeta dans un nuage de feu et de scharpnels.



Il gisait sur la pelouse, le corps criblé de fragments de palissade, le chat s’approcha, renifla et s’installa sur son ventre, se mit en boule et s’endormit en ronronnant, heureux comme un chat dans son fauteuil préféré...
 
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Réactions: Human-Fly et Gerapp38
Bonjour,
Avec deux textes, le choix est restreint et, comme toujours, difficile… Toutefois, je ne veux pas croire qu’un pauvre minet puisse être un psychopathe sanguinaire, et je passe donc la main à @Human-Fly et sa classique histoire de trésor maudit, qui mérite effectivement une suite.
 
Bonjour,
Avec deux textes, le choix est restreint et, comme toujours, difficile… Toutefois, je ne veux pas croire qu’un pauvre minet puisse être un psychopathe sanguinaire, et je passe donc la main à @Human-Fly et sa classique histoire de trésor maudit, qui mérite effectivement une suite.

Merci beaucoup. :pray:

Prochaine session dans pas longtemps ! :)
 
Bonjour,
Avec deux textes, le choix est restreint et, comme toujours, difficile… Toutefois, je ne veux pas croire qu’un pauvre minet puisse être un psychopathe sanguinaire, et je passe donc la main à @Human-Fly et sa classique histoire de trésor maudit, qui mérite effectivement une suite.


Merci encore.

Pour la suite que deux personnes me font l'honneur de me demander, dont toi, ce ne sera pas pour la session à venir, même " hors concours ".
Avec un thème obligatoire et des mots imposés par moi, l'exercice me semblerait trop facile. ;)
D'autant que les deux personnages principaux sont à la base réels, même si je m'amuse à en faire ce que je veux... ;)
Les situations, elles, sont totalement imaginaires.

Quatrième épisode après la session à venir, dont le contenu va être décidé dans l'heure qui vient. :)
Dans les minutes qui viennent, au mieux, pour la prochaine session. ;)
 
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Réactions: aCLR
Pour le 1/05/2025 vers 20h :


Thème : " Trop, c'est trop ! "​


Mots obligatoires :

  • instabilité
  • silence
  • synapse(s)
  • rencontre
  • dysthymie

Comme d'habitude, les piliers, habitués, anciens de ce thread sont évidemment les bienvenus, et les nouvelles personnes passant par ici tout autant ! :)

Si vous aimez écrire et lire, en l'occurrence dans un contexte ludique, n'hésitez pas : lancez-vous !!!... :)
 
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Réactions: Gerapp38
Ça ne vaut pas grand chose, mais les bases me laissaient sans inspiration et ça se sent.

Thème : " Trop, c'est trop ! "


Mots obligatoires :

instabilité
silence
synapse(s)
rencontre
dysthymie

Le casque sur la tête rougeoyait de façon étrange, ou lançait des éclairs stroboscopiques sans que cela ne parusse gêner le dormeur. Pour lui l’expérience n’existait pas.

La rencontre avec celle qui se présentait comme la professeur Mathias lui avait proposé de travailler pour lui datait de plusieurs mois. Il était dans la rue depuis des années et la perspective de dormir dans un lit au chaud, tout en étant payé avait tout pour lui sourire. D’autant que la professeur était bien belle et semblait d’un abord facile. Il accepta donc et après les examens d’usage, signa toutes les décharges.
Elle lui expliqua travailler sur le cerveau, étudiant les flux énergétiques des synapses soumises à différents stimuli directement « injectés » dans le cerveau. Il n’y aurait aucune opération, simplement un dispositif d’induction par le casque, comme un « injecteur de rêves ». Jean Luc acquiesça .
Pour lui, savoir qu’il passerait l’hiver au chaud, nourri et payé lui suffisait. 6000€ par mois étaient pour lui une manne inespérée, l’occasion de se faire une vie loin de la misère...

Il était nu devant les scientifiques, les explications sur le maintien en forme de ses muscles, de ses articulations l’avaient laissé indifférent; il n’y comprenait rien. On l’avait rasé, intégralement, ce qui l’avait empli de confusion quand il avait fallut raser son pubis, il n’avait pu se retenir et avait éjaculé sur son ventre.
On l’avait « appareillé », introduisant sondes et tuyaux dans son corps, le reliant à des machines brillantes, testé le dispositif.
C’était il y des mois. Depuis, une équipe se relayait pour scruter les écrans dans un silence religieux.
Lui végétait dans son cocon, massé par les machines, nourri par les machines, lavé, vidé par les machines. Ses rêves et sensations étaient ceux de la machine… Il bandait, jouissait, ne souffrait ni du froid, ni de la faim. Il était pleinement heureux peut-être pour la première fois de sa vie...

-Professeur! Les courbes montrent des trucs bizarres, on dirait que c’est LUI qui injecte des données dans l’ordinateur?
Jean Luc avait les yeux grand ouverts, fixant avec une intensité insoutenable la vitre sans tain qui le séparait des scientifiques.
-Que se passe-t-il?
-Regardez! Il injecte SES visions dans l’ordinateur! Les systèmes vont saturer. Regardez! Ce n’est que lié aux centres du plaisir, sexe, nourriture, douceur, chaleur mais surtout sexe!
-Coupez tout!
-Pas possible, plus rien ne répond; il a pris le contrôle! Son activité cérébrale commande tout!
-Mais débranchez la prise!
-Il risque de mourir!
-Et alors? Il a signé! En furie, elle entra dans la chambre et avant d’être arrêtée arracha tout ce reliait Jean Luc à ses machines.
Un hurlement, puis des pleurs: pourquoi? J’étais bien! Le sexe encore rigide, il se jeta sur la femme mais son corps qui n’avait pas bougé depuis trop longtemps l’abandonna…

Au procès de l’ex-professeur Mathias, ses collègues firent valoir que son instabilité empêchait souvent le suivi clinique du sujet par ses assistants. Depuis, Jean Luc, atteint de dysthymie errait dans un établissement pour aliénés, bourré de médicaments et surveillé par ceux là mêmes qui lui avait pris son bonheur. Ce bonheur qu'il voulait tant partager avec celles qui le lui donnaient. Même si ce n'était que des machines.
 
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Réactions: Gerapp38 et Human-Fly
Ça ne vaut pas grand chose, mais les bases me laissaient sans inspiration et ça se sent.

Thème : " Trop, c'est trop ! "


Mots obligatoires :

instabilité
silence
synapse(s)
rencontre
dysthymie

Le casque sur la tête rougeoyait de façon étrange, ou lançait des éclairs stroboscopiques sans que cela ne parusse gêner le dormeur. Pour lui l’expérience n’existait pas.

La rencontre avec celle qui se présentait comme la professeur Mathias lui avait proposé de travailler pour lui datait de plusieurs mois. Il était dans la rue depuis des années et la perspective de dormir dans un lit au chaud, tout en étant payé avait tout pour lui sourire. D’autant que la professeur était bien belle et semblait d’un abord facile. Il accepta donc et après les examens d’usage, signa toutes les décharges.
Elle lui expliqua travailler sur le cerveau, étudiant les flux énergétiques des synapses soumises à différents stimuli directement « injectés » dans le cerveau. Il n’y aurait aucune opération, simplement un dispositif d’induction par le casque, comme un « injecteur de rêves ». Jean Luc acquiesça .
Pour lui, savoir qu’il passerait l’hiver au chaud, nourri et payé lui suffisait. 6000€ par mois étaient pour lui une manne inespérée, l’occasion de se faire une vie loin de la misère...

Il était nu devant les scientifiques, les explications sur le maintien en forme de ses muscles, de ses articulations l’avaient laissé indifférent; il n’y comprenait rien. On l’avait rasé, intégralement, ce qui l’avait empli de confusion quand il avait fallut raser son pubis, il n’avait pu se retenir et avait éjaculé sur son ventre.
On l’avait « appareillé », introduisant sondes et tuyaux dans son corps, le reliant à des machines brillantes, testé le dispositif.
C’était il y des mois. Depuis, une équipe se relayait pour scruter les écrans dans un silence religieux.
Lui végétait dans son cocon, massé par les machines, nourri par les machines, lavé, vidé par les machines. Ses rêves et sensations étaient ceux de la machine… Il bandait, jouissait, ne souffrait ni du froid, ni de la faim. Il était pleinement heureux peut-être pour la première fois de sa vie...

-Professeur! Les courbes montrent des trucs bizarres, on dirait que c’est LUI qui injecte des données dans l’ordinateur?
Jean Luc avait les yeux grand ouverts, fixant avec une intensité insoutenable la vitre sans tain qui le séparait des scientifiques.
-Que se passe-t-il?
-Regardez! Il injecte SES visions dans l’ordinateur! Les systèmes vont saturer. Regardez! Ce n’est que lié aux centres du plaisir, sexe, nourriture, douceur, chaleur mais surtout sexe!
-Coupez tout!
-Pas possible, plus rien ne répond; il a pris le contrôle! Son activité cérébrale commande tout!
-Mais débranchez la prise!
-Il risque de mourir!
-Et alors? Il a signé! En furie, elle entra dans la chambre et avant d’être arrêtée arracha tout ce reliait Jean Luc à ses machines.
Un hurlement, puis des pleurs: pourquoi? J’étais bien! Le sexe encore rigide, il se jeta sur la femme mais son corps qui n’avait pas bougé depuis trop longtemps l’abandonna…

Au procès de l’ex-professeur Mathias, ses collègues firent valoir que son instabilité empêchait souvent le suivi clinique du sujet par ses assistants. Depuis, Jean Luc, atteint de dysthymie errait dans un établissement pour aliénés, bourré de médicaments et surveillé par ceux là mêmes qui lui avait pris son bonheur. Ce bonheur qu'il voulait tant partager avec celles qui le lui donnaient. Même si ce n'était que des machines.

Je te trouve trop modeste, sincèrement. ;)
D'autant que je ne m'attendais absolument pas à un texte de ce style...
De mon point de vue, tu n'as pas de raisons d'avoir honte de ton texte, bien au contraire.

Parmi les textes que j'aime lire, il peut y avoir plein de choses ...

Entre autres ce que je ne saurais pas faire moi-même ou très difficilement.

Et les textes auxquels je ne m'attendais absolument pas.
Ici, c'est le cas.
Texte bien construit et bien écrit, par ailleurs.


Puisse ce texte inciter d'autres personnes à participer.

Les autres, tous les autres, à vous de jouer ! ;)
 
En cette belle journée d’été, le soleil qui se déversait par les vastes fenêtres jouait avec les volutes de fumée. Le silence s’était instauré dans cette salle de la Salpêtrière, celle-là même qui fut immortalisée une dizaine d’années plus tôt par le peintre Brouillet sur une toile où montrant une leçon donnée par le Docteur Charcot.

Sur les cinq hommes présents, deux fumaient la pipe, et un autre le cigare. Ce dernier focalisait maintenant l’attention des autres. Arborant d’imposants favoris blancs, soigneusement disciplinés et lustrés qui tranchaient avec sa calvitie, l’homme libéra une dernière volute et abandonna son cigare sur le cendrier posé devant lui, avant de jeter un regard impassible aux trois personnes assises à ses côtés. Puis il prit la parole :​
« Mon cher Fourniel, vous nous avez brillamment présenté, ce matin, votre mémoire de thèse en latin. Par votre éloquence, vous avez réussi à l’instant, à nous tenir éveillés tout au long de votre exposé en français, malgré la tendance à l’assoupissement post-prandial auquel nous pousse le délicieux déjeuner que nous avons pris ensemble.
De l’avis commun, et votre chef de service ici présent ne me contredira pas, votre comportement et votre travail dans cette vénérable institution, depuis votre acceptation à l’internat, sont en tout point dignes d’éloges. Vos mémoires de thèse sont clairement rédigés et convenablement documentés, mais il y manque une preuve formelle pour étayer la véridicité des conclusions de vos recherches. Sans une telle preuve, que vos pairs pourront mettre à l’épreuve de l’expérimentation scientifique, vos assertions finales relèvent de la simple affabulation.
Par ailleurs, votre insistance à présenter votre thèse à huis clos, procédure des plus irrégulières, ne joue pas en votre faveur…»

Le postulant pinça les lèvres quelques secondes, ses doigts jouant avec sa chaîne de montre. Puis il s’expliqua :
« Chers professeurs, vous n’ignorez pas que j’ai commencé mon internat en même temps que Duhaumont, qui devint mon ami et co-turne, et avec lequel, dès notre rencontre, j’ai convenu, avec l’accord de notre chef de service, de travailler en binôme. Ainsi, nous étudiâmes de concert les écrits de nos maîtres, et suivîmes les consultations des patients de cette digne institution.
Notre pratique nous conduisit à nous intéresser aux patients atteints de dysthymie, surtout aux niveaux les plus graves. En vue de trouver un traitement susceptible de soulager ces pathologies, il nous paru logique de rechercher, a contrario, un éventuel mécanisme réversible susceptible de causer momentanément ces symptômes à un individu parfaitement sain.
Nous avons pu découvrir parmi les patients que des mots et expressions semblaient induire une instabilité dans leur état ; cela nous convainquit qu’il pouvait exister une manière de combiner certains mots qui, lus ou prononcés, arriveraient à provoquer une dégradation sévère des synapses. En février dernier, nous devions discuter du dispositif expérimental qui nous permettrait d’étudier sans risque le phénomène attendu, mais en rentrant un lundi au petit matin d’un court séjour chez mes parents, je retrouvai mon pauvre Duhaumont dans notre turne, assis à la table de travail. La lampe était froide, à court de pétrole depuis longtemps, mais lui se tenait raide et immobile, les yeux ouverts dans le vague, une plume à la main posée sur une simple feuille.
Je vérifiai rapidement que mon ami était vivant, ses muscles encore toniques mais il était plongé dans un profond état de catatonie, dans lequel il se trouve encore à quelques pas d’ici, dans l’une des chambres de notre institution. Je suis persuadé que l’état persistant de mon ami constitue la preuve scientifique des résultats de nos études. »

Les professeurs dévisagèrent le thésard sans un mot, d’un air indécis ; pipes et cigares étaient maintenant éteints, mais l’atmosphère de la salle restait pesante.​
« À dire vrai, reprit l’interne, il y aurait bien une autre preuve, car, voyez-vous, ce matin-là, avant d’appeler les secours, j’ai saisi la feuille de papier, illisible dans la pénombre, et l’ai pliée et cachetée dans l’enveloppe que voici ; je ne puis que vous dissuader de l’ouvrir afin de ne pas y lire la formule qu’y a inscrite mon imprudent ami ! »

Le président du jury prit l’enveloppe avec circonspection et la posa devant lui. Il hésita un instant. Il sortit le canif qu’il gardait dans sa poche de gousset ; il lui servait de coupe-cigares, et aurait facilement pu décacheter le pli pour en dévoiler l’incroyable contenu. Finalement, l’éminent aliéniste posa l’enveloppe dans le cendrier, frotta une allumette et, après un regard aux autres présents qui lui retournèrent des signes muets d’assentiment, l’approcha jusqu’à enflammer l’enveloppe en disant :​
« Fourniel, nous vous félicitons pour votre travail ; si le contenu de cette enveloppe relève de l’affabulation, nul ne saura que nous avons été bernés, et si l’enveloppe contient réellement une si dangereuse formule, il n’appartient pas aux médecins que nous sommes de diffuser de nouveaux fléaux pour frapper l’Humanité… »
 
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Réactions: Human-Fly et papadben
En cette belle journée d’été, le soleil qui se déversait par les vastes fenêtres jouait avec les volutes de fumée. Le silence s’était instauré dans cette salle de la Salpêtrière, celle-là même qui fut immortalisée une dizaine d’années plus tôt par le peintre Brouillet sur une toile où montrant une leçon donnée par le Docteur Charcot.

Sur les cinq hommes présents, deux fumaient la pipe, et un autre le cigare. Ce dernier focalisait maintenant l’attention des autres. Arborant d’imposants favoris blancs, soigneusement disciplinés et lustrés qui tranchaient avec sa calvitie, l’homme libéra une dernière volute et abandonna son cigare sur le cendrier posé devant lui, avant de jeter un regard impassible aux trois personnes assises à ses côtés. Puis il prit la parole :​
« Mon cher Fourniel, vous nous avez brillamment présenté, ce matin, votre mémoire de thèse en latin. Par votre éloquence, vous avez réussi à l’instant, à nous tenir éveillés tout au long de votre exposé en français, malgré la tendance à l’assoupissement post-prandial auquel nous pousse le délicieux déjeuner que nous avons pris ensemble.

De l’avis commun, et votre chef de service ici présent ne me contredira pas, votre comportement et votre travail dans cette vénérable institution, depuis votre acceptation à l’internat, sont en tout point dignes d’éloges. Vos mémoires de thèse sont clairement rédigés et convenablement documentés, mais il y manque une preuve formelle pour étayer la véridicité des conclusions de vos recherches. Sans une telle preuve, que vos pairs pourront mettre à l’épreuve de l’expérimentation scientifique, vos assertions finales relèvent de la simple affabulation.

Par ailleurs, votre insistance à présenter votre thèse à huis clos, procédure des plus irrégulières, ne joue pas en votre faveur…»


Le postulant pinça les lèvres quelques secondes, ses doigts jouant avec sa chaîne de montre. Puis il s’expliqua :
« Chers professeurs, vous n’ignorez pas que j’ai commencé mon internat en même temps que Duhaumont, qui devint mon ami et co-turne, et avec lequel, dès notre rencontre, j’ai convenu, avec l’accord de notre chef de service, de travailler en binôme. Ainsi, nous étudiâmes de concert les écrits de nos maîtres, et suivîmes les consultations des patients de cette digne institution.

Notre pratique nous conduisit à nous intéresser aux patients atteints de dysthymie, surtout aux niveaux les plus graves. En vue de trouver un traitement susceptible de soulager ces pathologies, il nous paru logique de rechercher, a contrario, un éventuel mécanisme réversible susceptible de causer momentanément ces symptômes à un individu parfaitement sain.

Nous avons pu découvrir parmi les patients que des mots et expressions semblaient induire une instabilité dans leur état ; cela nous convainquit qu’il pouvait exister une manière de combiner certains mots qui, lus ou prononcés, arriveraient à provoquer une dégradation sévère des synapses. En février dernier, nous devions discuter du dispositif expérimental qui nous permettrait d’étudier sans risque le phénomène attendu, mais en rentrant un lundi au petit matin d’un court séjour chez mes parents, je retrouvai mon pauvre Duhaumont dans notre turne, assis à la table de travail. La lampe était froide, à court de pétrole depuis longtemps, mais lui se tenait raide et immobile, les yeux ouverts dans le vague, une plume à la main posée sur une simple feuille.

Je vérifiai rapidement que mon ami était vivant, ses muscles encore toniques mais il était plongé dans un profond état de catatonie, dans lequel il se trouve encore à quelques pas d’ici, dans l’une des chambres de notre institution. Je suis persuadé que l’état persistant de mon ami constitue la preuve scientifique des résultats de nos études. »


Les professeurs dévisagèrent le thésard sans un mot, d’un air indécis ; pipes et cigares étaient maintenant éteints, mais l’atmosphère de la salle restait pesante.​
« À dire vrai, reprit l’interne, il y aurait bien une autre preuve, car, voyez-vous, ce matin-là, avant d’appeler les secours, j’ai saisi la feuille de papier, illisible dans la pénombre, et l’ai pliée et cachetée dans l’enveloppe que voici ; je ne puis que vous dissuader de l’ouvrir afin de ne pas y lire la formule qu’y a inscrite mon imprudent ami ! »


Le président du jury prit l’enveloppe avec circonspection et la posa devant lui. Il hésita un instant. Il sortit le canif qu’il gardait dans sa poche de gousset ; il lui servait de coupe-cigares, et aurait facilement pu décacheter le pli pour en dévoiler l’incroyable contenu. Finalement, l’éminent aliéniste posa l’enveloppe dans le cendrier, frotta une allumette et, après un regard aux autres présents qui lui retournèrent des signes muets d’assentiment, l’approcha jusqu’à enflammer l’enveloppe en disant :​
« Fourniel, nous vous félicitons pour votre travail ; si le contenu de cette enveloppe relève de l’affabulation, nul ne saura que nous avons été bernés, et si l’enveloppe contient réellement une si dangereuse formule, il n’appartient pas aux médecins que nous sommes de diffuser de nouveaux fléaux pour frapper l’Humanité… »


Décidément...
Autre bonne surprise dans ce texte fort bien écrit, avec une conclusion laissant sa place au mystère ; souvent les conclusions que je préfère, bien que n'en faisant pas non plus une règle.
Je ne m'attendais pas non plus un texte de ce style...

Deux textes de grande qualité l'un et l'autre pour l'instant.
De plus, ils sont en tous points très différents l'un de l'autre, ce qui pour moi constitue aussi une bonne surprise.


J'adore la diversité dans les différentes contributions.
Pour l'instant, je suis servi ! :)
 
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Réactions: papadben et Gerapp38