Seigneur, je voudrais être de ceux qui risquent leur vie.
Seigneur, vous qui êtes né au hasard d’un voyage, et mort comme un malfaiteur,
Après avoir couru sans argent toutes les routes, celles de l’exil,
Celles des pèlerinages et celles des prédications itinérantes,
Tirez-moi de mon égoïsme et de confort.
Que, marqué de votre croix,
Je n’ai pas peur de la vie rude et dangereuse où l’on risque sa vie.
Mais, Seigneur,
Au-delà de tous ces risques d’une vie engagée dans l’action,
Au-delà de toutes ces aventures plus ou moins sportives,
Au-delà de tous les héroïsmes à panache, Rendez-moi disponible pour la belle aventure où vous m’appelez. J’ai à engager ma vie, Seigneur, sur votre parole. Les autres peuvent bien être sages, vous
m’avez dit qu’il fallait être fou. D’autres croient à l’ordre, vous m’avez dit de croire à l’Amour.
D’autres pensent qu’il faut conserver, vous m’avez dit de donner. D’autres s’installent, vous m’avez dit de marcher et d’être prêt à la joie
Et à la souffrance, aux échecs et aux réussites, de ne pas mettre ma confiance en moi, mais en vous,
De jouer le jeu chrétien sans me soucier des conséquences et, finalement, de risquer ma vie en comptant sur votre amour.
Voilà ce qu'a fait remonter ta prière, Jean-Luc.
Des jours que j'y pense.
Ces cauchemars qui remontent. Cette autre vie, cet autre moi. Plus de dix ans ont passé. Une autre vie est venue atténuer ces images et ces moments funestes qui ont vu périr des âmes souvent innocentes. Ces moments qui marquent comme au fer rouge et qui me font détester la médiocrité de mes semblables si prompts à se plaindre des escarres que leur inflige leur confort.
Une prière pour se redonner du courage.
C'est étrange. On a tous ses blessures. Il y a 12 ans, je passai les fêtes de fin d'année sur le mont Igman. Il faisait -40° et on dormait dans des trous pendant les opérations. Loin des chalets de campagne des bases arrières. Les éléments qui régissaient le quotidien d'alors sont finalement ce qui me manque le plus aujourd'hui : l'efficacité, le goût de l'effort, la concision, l'empathie, le danger, le vrai, l'esprit de corps, le respect que je vouais aux autres et le respect qui m'était témoigné, pour mon grade comme pour mes actions.
Bizarrement et de façon écœurante, je regrette ces temps. On est bien peu de choses par rapport à ça, mes souvenirs me le rappellent, souvent en pleine nuit. Comme en ce moment. Je crois que j'avais commis l'erreur de penser que
j'étais ces choses simplement pour les avoir vécues. Que suis-je aujourd'hui par rapport à ce que j'étais alors ? Plus de vie à sacrifier. Une importance toute relative. Qui se souvient du
moi de cette époque ? J'ai mis tellement de moi pour faire que mon entourage ignore cette partie de ma vie, jusqu'à mes plus proches, qui me croyaient reparti en République Centrafricaine, convoyer les traumatisés du Rwanda de retour vers chez eux… alors que tout était fini pour nous déjà là-bas. Il a fallu expliquer les engelures en revenant aussi
Se geler les doigts, en Afrique :rolleyes: Bref. Finalement, aujourd'hui, il n'y a que moi qui sait. Et ceux qui m'ont parfois tiré les vers du nez (:love: ).
Mon impudeur ne servirait-elle pas à me persuader que j'ai existé un jour finalement ?
Merde.
V'là que je m'écœure aussi. Ça ne me reprendra pas, promis
finalement, ils ont bien fait de me les retirer mes décorations…
Merci Jean-Luc :zen:
Et merci à d'autres qui osent se livrer bellement ici ou ailleurs.
Et merde aux médiocres quand même