Le thème est : guidés par une obsession.
Les 5 mots obligatoires :
Réponses pour le 7 avril
- Astragale
- Bleuâtre
- Encyclie
- Fraise
- Ratisser
Bonjour,
Avec deux textes, le choix est restreint et, comme toujours, difficile… Toutefois, je ne veux pas croire qu’un pauvre minet puisse être un psychopathe sanguinaire, et je passe donc la main à @Human-Fly et sa classique histoire de trésor maudit, qui mérite effectivement une suite.
Bonjour,
Avec deux textes, le choix est restreint et, comme toujours, difficile… Toutefois, je ne veux pas croire qu’un pauvre minet puisse être un psychopathe sanguinaire, et je passe donc la main à @Human-Fly et sa classique histoire de trésor maudit, qui mérite effectivement une suite.
Ça ne vaut pas grand chose, mais les bases me laissaient sans inspiration et ça se sent.
Thème : " Trop, c'est trop ! "
Mots obligatoires :
instabilité
silence
synapse(s)
rencontre
dysthymie
Le casque sur la tête rougeoyait de façon étrange, ou lançait des éclairs stroboscopiques sans que cela ne parusse gêner le dormeur. Pour lui l’expérience n’existait pas.
La rencontre avec celle qui se présentait comme la professeur Mathias lui avait proposé de travailler pour lui datait de plusieurs mois. Il était dans la rue depuis des années et la perspective de dormir dans un lit au chaud, tout en étant payé avait tout pour lui sourire. D’autant que la professeur était bien belle et semblait d’un abord facile. Il accepta donc et après les examens d’usage, signa toutes les décharges.
Elle lui expliqua travailler sur le cerveau, étudiant les flux énergétiques des synapses soumises à différents stimuli directement « injectés » dans le cerveau. Il n’y aurait aucune opération, simplement un dispositif d’induction par le casque, comme un « injecteur de rêves ». Jean Luc acquiesça .
Pour lui, savoir qu’il passerait l’hiver au chaud, nourri et payé lui suffisait. 6000€ par mois étaient pour lui une manne inespérée, l’occasion de se faire une vie loin de la misère...
Il était nu devant les scientifiques, les explications sur le maintien en forme de ses muscles, de ses articulations l’avaient laissé indifférent; il n’y comprenait rien. On l’avait rasé, intégralement, ce qui l’avait empli de confusion quand il avait fallut raser son pubis, il n’avait pu se retenir et avait éjaculé sur son ventre.
On l’avait « appareillé », introduisant sondes et tuyaux dans son corps, le reliant à des machines brillantes, testé le dispositif.
C’était il y des mois. Depuis, une équipe se relayait pour scruter les écrans dans un silence religieux.
Lui végétait dans son cocon, massé par les machines, nourri par les machines, lavé, vidé par les machines. Ses rêves et sensations étaient ceux de la machine… Il bandait, jouissait, ne souffrait ni du froid, ni de la faim. Il était pleinement heureux peut-être pour la première fois de sa vie...
-Professeur! Les courbes montrent des trucs bizarres, on dirait que c’est LUI qui injecte des données dans l’ordinateur?
Jean Luc avait les yeux grand ouverts, fixant avec une intensité insoutenable la vitre sans tain qui le séparait des scientifiques.
-Que se passe-t-il?
-Regardez! Il injecte SES visions dans l’ordinateur! Les systèmes vont saturer. Regardez! Ce n’est que lié aux centres du plaisir, sexe, nourriture, douceur, chaleur mais surtout sexe!
-Coupez tout!
-Pas possible, plus rien ne répond; il a pris le contrôle! Son activité cérébrale commande tout!
-Mais débranchez la prise!
-Il risque de mourir!
-Et alors? Il a signé! En furie, elle entra dans la chambre et avant d’être arrêtée arracha tout ce reliait Jean Luc à ses machines.
Un hurlement, puis des pleurs: pourquoi? J’étais bien! Le sexe encore rigide, il se jeta sur la femme mais son corps qui n’avait pas bougé depuis trop longtemps l’abandonna…
Au procès de l’ex-professeur Mathias, ses collègues firent valoir que son instabilité empêchait souvent le suivi clinique du sujet par ses assistants. Depuis, Jean Luc, atteint de dysthymie errait dans un établissement pour aliénés, bourré de médicaments et surveillé par ceux là mêmes qui lui avait pris son bonheur. Ce bonheur qu'il voulait tant partager avec celles qui le lui donnaient. Même si ce n'était que des machines.
En cette belle journée d’été, le soleil qui se déversait par les vastes fenêtres jouait avec les volutes de fumée. Le silence s’était instauré dans cette salle de la Salpêtrière, celle-là même qui fut immortalisée une dizaine d’années plus tôt par le peintre Brouillet sur une toile où montrant une leçon donnée par le Docteur Charcot.
Sur les cinq hommes présents, deux fumaient la pipe, et un autre le cigare. Ce dernier focalisait maintenant l’attention des autres. Arborant d’imposants favoris blancs, soigneusement disciplinés et lustrés qui tranchaient avec sa calvitie, l’homme libéra une dernière volute et abandonna son cigare sur le cendrier posé devant lui, avant de jeter un regard impassible aux trois personnes assises à ses côtés. Puis il prit la parole :« Mon cher Fourniel, vous nous avez brillamment présenté, ce matin, votre mémoire de thèse en latin. Par votre éloquence, vous avez réussi à l’instant, à nous tenir éveillés tout au long de votre exposé en français, malgré la tendance à l’assoupissement post-prandial auquel nous pousse le délicieux déjeuner que nous avons pris ensemble.
De l’avis commun, et votre chef de service ici présent ne me contredira pas, votre comportement et votre travail dans cette vénérable institution, depuis votre acceptation à l’internat, sont en tout point dignes d’éloges. Vos mémoires de thèse sont clairement rédigés et convenablement documentés, mais il y manque une preuve formelle pour étayer la véridicité des conclusions de vos recherches. Sans une telle preuve, que vos pairs pourront mettre à l’épreuve de l’expérimentation scientifique, vos assertions finales relèvent de la simple affabulation.
Par ailleurs, votre insistance à présenter votre thèse à huis clos, procédure des plus irrégulières, ne joue pas en votre faveur…»
Le postulant pinça les lèvres quelques secondes, ses doigts jouant avec sa chaîne de montre. Puis il s’expliqua :
« Chers professeurs, vous n’ignorez pas que j’ai commencé mon internat en même temps que Duhaumont, qui devint mon ami et co-turne, et avec lequel, dès notre rencontre, j’ai convenu, avec l’accord de notre chef de service, de travailler en binôme. Ainsi, nous étudiâmes de concert les écrits de nos maîtres, et suivîmes les consultations des patients de cette digne institution.
Notre pratique nous conduisit à nous intéresser aux patients atteints de dysthymie, surtout aux niveaux les plus graves. En vue de trouver un traitement susceptible de soulager ces pathologies, il nous paru logique de rechercher, a contrario, un éventuel mécanisme réversible susceptible de causer momentanément ces symptômes à un individu parfaitement sain.
Nous avons pu découvrir parmi les patients que des mots et expressions semblaient induire une instabilité dans leur état ; cela nous convainquit qu’il pouvait exister une manière de combiner certains mots qui, lus ou prononcés, arriveraient à provoquer une dégradation sévère des synapses. En février dernier, nous devions discuter du dispositif expérimental qui nous permettrait d’étudier sans risque le phénomène attendu, mais en rentrant un lundi au petit matin d’un court séjour chez mes parents, je retrouvai mon pauvre Duhaumont dans notre turne, assis à la table de travail. La lampe était froide, à court de pétrole depuis longtemps, mais lui se tenait raide et immobile, les yeux ouverts dans le vague, une plume à la main posée sur une simple feuille.
Je vérifiai rapidement que mon ami était vivant, ses muscles encore toniques mais il était plongé dans un profond état de catatonie, dans lequel il se trouve encore à quelques pas d’ici, dans l’une des chambres de notre institution. Je suis persuadé que l’état persistant de mon ami constitue la preuve scientifique des résultats de nos études. »
Les professeurs dévisagèrent le thésard sans un mot, d’un air indécis ; pipes et cigares étaient maintenant éteints, mais l’atmosphère de la salle restait pesante.« À dire vrai, reprit l’interne, il y aurait bien une autre preuve, car, voyez-vous, ce matin-là, avant d’appeler les secours, j’ai saisi la feuille de papier, illisible dans la pénombre, et l’ai pliée et cachetée dans l’enveloppe que voici ; je ne puis que vous dissuader de l’ouvrir afin de ne pas y lire la formule qu’y a inscrite mon imprudent ami ! »
Le président du jury prit l’enveloppe avec circonspection et la posa devant lui. Il hésita un instant. Il sortit le canif qu’il gardait dans sa poche de gousset ; il lui servait de coupe-cigares, et aurait facilement pu décacheter le pli pour en dévoiler l’incroyable contenu. Finalement, l’éminent aliéniste posa l’enveloppe dans le cendrier, frotta une allumette et, après un regard aux autres présents qui lui retournèrent des signes muets d’assentiment, l’approcha jusqu’à enflammer l’enveloppe en disant :« Fourniel, nous vous félicitons pour votre travail ; si le contenu de cette enveloppe relève de l’affabulation, nul ne saura que nous avons été bernés, et si l’enveloppe contient réellement une si dangereuse formule, il n’appartient pas aux médecins que nous sommes de diffuser de nouveaux fléaux pour frapper l’Humanité… »
Thème : " Trop, c'est trop ! "
Mots obligatoires :
instabilité
silence
synapse(s)
rencontre
dysthymie
En ce matin de brume,
Il était à l'abri de ses plumes.
Posé sur une branche, il avait oublié sa vie,
Quand le soleil ne l'avait pas suivi.
Solitaire, à l'écart de ce qui est ordinaire,
Il s'était mué en un oiseau loin des chimères
De notre bien étrange univers qui avait traité d'instabilité
Son éducation ancienne faite de respect et d'amabilité.
Les spécialistes l'avaient rayé du monde des vivants
En l'enfermant dans une dysthymie l'éloignant
De la fréquentation des hommes et de leurs amusements.
Le goût de la violence et des condamnations perpétuelles
N'était pas dans ce qui avait fait rayonner ses prunelles.
Son regard avait été éteint. Il errait seul en lui-même, lointain.
Mais en ce matin de brume,
Perché loin du monde à l'abri de ses plumes,
Il entendit soudain quelque murmure sur le chemin.
En ce matin de brume,
Il sortit enfin le regard du pli de ses plumes,
Il sentit passer une lumière légère et parfumée.
En ce matin de brume,
Son esprit abandonna ce monde et ses étranges montres
Car il allait s'envoler pour une rare rencontre.
En ce matin de brume,
Il quitta son étrange abri de plumes
Il quitta le cauchemar qui l'avait enfermé
dans le rôle de l'homme qui se prenait pour un oiseau.
Ses synapses venaient de se retrouver dans son cerveau.
En ce matin de brume,
Il redevint un homme dans le regard d'une femme
Aux yeux emplis de douceur et de charme.
Elle le regarda, lui sourit, par le coeur le prit,
Il regarda une dernière fois l'arbre détruit
Sur lequel il avait depuis si longtemps posé sa vie.
L'arbre était fait de continents et d'océans,
De mille êtres courant à sa surface dense,
Mais même ainsi on devinait leur folle violence.
Il regarda une dernière fois l'arbre détruit
Sur lequel il avait depuis si longtemps posé sa vie.
Dieu s'en était allé,lui aussi il était parti.
Il se retourna vers sa fiancée venue depuis son enfance
Ils ne voulaient plus être des anges gardiens, c'était une évidence.
Ils voulaient juste devenir la douce paix et le chaleureux silence.
Un nouveau lieu les appelait, il s'appelait Espérance.