toubafrica - Chapitre I : Allah choukourou !

  • Créateur du sujet Créateur du sujet Membre supprimé 10710
  • Date de début Date de début
c'est parce que j'hésite :


  • Le Village au plein cœur de Niamey : Humanité, agriculture et percussions
  • Premier jour à Dakar : Herbe, bissap et arrestation
  • La plus belle femme d'Afrique : Amour, innocence et désillusion

et quand j'hésite... j'hésite !! :love:
 
en fait touba, c'est un sénégaulois… :love:
et c'est pas beau de foutre le dawa dans un beau sujet CCM… là tu me déçois… :zen:

Heu, tu peux expliquer en quoi je fou le "dawa" ?? :heu: :confused:


Sinon, n'hésites pas Touba, fait péter les 3 :p :love:
 
c'est difficile de choisir hein ? :siffle:

je vais surement me pencher sur Herbe, bissap et arrestation.
la plus courte, histoire de se remettre dans le bain... et de garder le meilleur pour la fin :zen:
 
toubafrica chapitre II

Premier jour à Dakar : Herbe, bissap et arrestation...
02/12/1997
1€ = 650 francs CFA


"Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah !!!"
Je l'ai pris. Je l'ai pris le fameux coup de chaleur. Le coup d'odeur.
La porte qui s'ouvre, l'hôtesse qui s'efface : elle est là... Je la sens, elle me transperce déjà. Le plaisir est immense, j'aimerais qu'il dure toujours mais derrière ça pousse... Ça pousse... Ça pou...

L'Afrique !
L'Afrique vous dis-je : L'Afrique...

L'air est chaud, tellement chaud, c'est bon, tellement bon !


Un taxi et nous voilà embarqués, Dakar pointe le bout de sa légende, c'est notre premier jour dans ce rêve qui devient réalité.
En fait on y croit pas. On a, des nuits et des nuits, attendu ce moment et le vivre, là, tout de suite, procure un sentiment étrange... Est-ce de l'émerveillement ?
Tout est maintenant à notre portée, les 180 jours qui nous séparent de la date de notre billet retour sont une invitation à l'aventure, celle qui vous ride, celle qui n'est jamais là ou on l'attend...

Oula ! Oula ! Oula ! Oh !
Faut acheter de l'herbe avant... Soyons locaux !

Le bref passage à l'Hôtel Provençal, en bas de la Place de l'Indépendance, nous déleste de nos bagages et de nos futiles sweet-shirts.
Direction le grand bain, la foule, le bruit, l'agitation, les couleurs... La pollution.
"Bonjour les toubabs ! Moi c'est Amine ! Ça va les toubabs ?"
"Bonjour Amine, ouais ça va ! On est trop content d'être en Afrique, c'est super !"
"C'est votre premier jour en Afrique les amis ?"
"Ouais !! On va à la banque BICIS, vous savez où elle est ?"
"Bien sûr ! Mon cousin travaille là bas, je vous y conduis et en plus vous ne ferez pas la queue au guichet !"
"Waouh ! Merci Amine !"

Ah oui... A Dakar, on sait accueillir... Surtout le petit français avec du rêve plein les yeux.
Notre première journée commence sous les meilleurs hospices : on a déjà deux amis, Amine et Babacar, on n'a pas fait la queue au guichet de la banque et nos toutes nouvelles cartes bleues fonctionne à merveille puisque nous avons réussi à retirer 200.000 francs CFA !
"Nicolas, si vous voulez découvrir comment vivent les vrais sénégalais, je vous invite chez ma mère à Pikine pour manger, j'aimerais vous la présenter ainsi que mes frères et soeurs, ce serait un honneur de vous recevoir chez nous"
"Et bien c'est d'accord, avec plaisir"

Voilà donc l'hospitalité dont on nous parlait tant, la téranga ! Nous sommes bien au pays de la téranga, Quelques heures à peine après notre atterissage nous sommes déjà chez l'habitant, à gôuter le poisson grillé, le riz en sauce, la pastèque, le lait caillé avec du mil...
Les enfants de la cour se moquent de notre immaculée blancheur... j'allais dire candeure... Chacun de nos gestes maladroits est scruté, commenté, fait rire, étonne.
Nous sommes heureux, vraiment...

Oula ! Oula ! Oula ! Oh !
Et l'herbe ?? On est aventuriers ou bien ?

L'affaire est tellement simple que nous n'avons pas le temps de finir notre bissap, cette merveilleuse boisson à base de décoction de fleurs d'oseille rouge, que déjà Babacar revient de mission avec 5.000 francs CFA de la précieuse plante à fumer ! Le kali !
Non mais parce que nous, ça fait peut-être une demi-journée que nous sommes sur le continent africain mais on achète de l'herbe quand on veut ! On connait du monde à Dakar ! Et c'est des potes ! Amine et Babacar !!
Nous passons l'après-midi sur le toit-terrasse de la maison, régulièrement les enfants apportent, soit de l'eau, soit des petits beignets, soit leurs sourires malicieux... J'ai l'impression que ces gamins de six ou sept ans en savent plus sur la vie que moi, du haut de mes 24 ans.
Au premières noirceurs du soir, nous franchissons un nouveau cap du module intégration : on va aller se boire une bonne bière fraiche au dancing du coin.
Babacar, en ami déjà proche et soucieux de notre sécurité, prends le kali sur lui et nous nous enfonçons dans les ruelles étroites et sableuses des rues de Pikine.
Non mais parce que nous, ça fait peut-être une seule journée que nous sommes sur le continent africain mais on marche dans la nuit, comme ça, même pas peur ! On connait du monde à Dakar ! Et c'est des potes ! Amine et Babacar !!

Le temps passe au comptoir du dancing "Mocambo Night", les filles défilent, les gazelles s'enfilent et la fatigue surgit, au détour d'une dernière cigarette.

Le taxi, hélé, s'arrête brinquebalant, on s'y engouffre, tous les quatre.
"Hôtel Provençal ! Place de l'Indépendance !"
Arrivés à destination, je paye le chauffeur, nous descendons de voiture et marchons les derniers mètres qui nous séparent de l'entrée de l'hôtel, je suis un peu gêné : comment remercier nos amis ? Comment leur faire partager notre joie de les avoir rencontrés ? Comment leur dire combien nous sommes heureux de notre première journée ?
Ils ont été tellement généreux avec nous.
Dans la fatigue nous nous murmurons quelques politesses, convenons d'un nouveau rendez-vous... l'atmosphère est prenante, il est trois heures du matin, la place est vide, muette.

Alors que nous posons un pied sur le perron de l'immeuble, Amine nous rappelle discrétement :
"Nicolas, Franck, soyez prudent avec le kali, la police n'aime pas du tout ça et vous pourriez avoir de graves problèmes ! Soyez prudent."
Le conseil est à peine entendu qu'un homme en uniforme, apparait de nulle part et se dirige vers nous.
"Bonsoir, Police, vos passeports s'il vous plait !"
La nuit est soudainement plus noire, la place soudainement plus vide encore. Le rêve se brise en un instant : c'est notre fin, la fin de l'histoire, la fin de l'aventure après moins de 24 heures au Sénégal.
Nous tendons les passeports, presque tremblants, nous prenons conscience de la situation où nous nous trouvons à présent... Midnight Express rode dans ma tête, je pense à l'ambassade de France, à ma mère, à nos copains qui nous avaient accompagnés à l'aéroport, je vois de barreaux, des uniformes, je regarde Franck, il est a peu près dans le même état que moi : tout s'écroule...
Le policier me fouille en premier, envoie la main sur ma poche arrière, retire le paquet de 5.000 francs CFA de kali, me le montre :
"Ça va vous coûter cher !"
Tout s'écroule...

Nos amis Amine et Babacar, paniqués, engage une négociation avec l'homme en uniforme, la conversation durera une très longue heure, je crois la plus longue heure de ma vie à ce moment là !
Finalement ils réussissent à arracher un accord : Nous donnons 200.000 francs CFA, les passeports nous sont rendus et l'infraction fumeuse oubliée. Malgré l'importance de la somme nous acceptons, soulagés... L'histoire de notre voyage initiatique ne s'arrêtera pas là.
L'échange se fait : le policier est payé, nos passeports rendus.
Miraculeusement un taxi s'arrête à côté de nous, le bras long du chauffeur ouvre sans mot dire la porte passager, l'uniforme monte, s'assoie, passe le bras derrière lui et ouvre la porte arrière...
Amine et Babacar, à notre grand étonnement, montent à leur tour et referment la porte.
Le taxi ne bronche pas, nous voyons nos 200.000 francs se partager en quatre... se partager en... QUATRE !

Non mais parce que nous, ça fait peut-être une seule journée et une demie-nuit que nous sommes en Afrique mais on connait du monde à Dakar ! Et c'est des potes ! Amine et Babacar !!

Il est 4h57 minutes à l'hôtel Provençal, Place de l'Indépendance... Ce qui ne te tue pas te rend plus fort.
 
Merci le toubab. :zen:
 
merci les gars... difficile à raconter... ça fait 11 ans que ça s'est passé et je l'ai écrit à 3h00 du mat... fatigué... enfumé... :siffle:

j'ai oublié de préciser que l'homme en uniforme n'était pas un véritable policier mais un complice en uniforme de la compagnie maritime... :rose:

Amine, lorsque le taxi a quitté la Place, a descendu sa vitre et dans son extrême bonté a lancé sur le trottoir le paquet de kali... Un véritable ami celui-là !

Nous étions prévenus des arnaques en tout genre... mais quand tu rencontres la famille, que tu partages le repas, que le grand-père qui se lève de son siège une fois toutes les morts d'évèque le fait pour te saluer à ton départ, que la maman t'offre un petit collier... tu t'attends à tout sauf au coup de poignard dans le dos.

en tout cas ça nous a servi de leçon pour le reste de notre périple, et que ça arrive le premier jour était un signe...

Bon ! rendez-vous dans 4 ans pour Humanité, agriculture et percussions ! :love:
 
  • J’aime
Réactions: petitchaperonrouge
7 ans de Sénégal derrière moi, il y a très très longtemps. J'ai bien rigolé en lisant ces récits picaresques ! :D
 
Bonjour,

wa choukrou lillah , wa lillah 'l'hamd ;

l'oreille n'est pas toujours suffisante pour comprendre de quoi il en retourne véritablement ;

Le 19 janvier 1943, au cimetière de l'Est de Montluçon, la France accueillait en son sein pour sa dernière demeure l'un des plus grands maîtres du soufisme contemporain, le Cheikh Ahmad Hamallâh. Khalife et Pôle d'une branche éminente de l'ordre Tijânî en Afrique de l'Ouest, il fut surtout connu en Occident pour avoir été le Guide ultime de Tierno Bokar, le Sage de Bandiagara. Cette étude hagiographique se propose d'interpréter, à la lumière de la science des lettres et des nombres, le parcours exceptionnel de ce Maître disparu afin de mieux comprendre le témoignage d'Amour pur et de Science sacrée qu'il adressait ainsi à la France et à la communauté des hommes à travers le martyr de sa déportation finale sous le régime de Vichy. « Ce que je vous veux - ne cessait-il de répéter aux autorités coloniales - si vous n'en voulez pas, que Dieu me l'accorde ! ».

http://www.amazon.fr/Un-Agneau-Dieu-Cheikh-Hamallâh/dp/1095843001/ref=cm_cr-mr-title