S'il n'est pas de saison plus silencieuse que l'hiver, on pourrait croire que le zoo en a inventé une.
Bien des espèces qui y vivaient et le faisaient vivre lors du dernier inventaire ont disparu, ou sont en voie de disparition. D'autres les ont, heureusement, remplacées. Mais même celle-ci se font moins entendre qu'auparavant.
Un
majestueux épervier poussait parfois son plus grand cri, comme pour combler le silence des autres, mais il se contente aujourd'hui de piailler ci et là. Il a vécu plusieurs vies et connaît bien les lieux; il en a été le maître, jadis.
Il a rejoint la
meute de bêtes sauvages qui domine l'endroit. Parmi elles, un
vieux cochon corse lèche paresseusement ses parties ridées, regrettant le temps où trônaient à leurs places de belles grosses boules rouges. Il y a aussi un
chacal, qu'on peut parfois voir chercher un reste de nourriture au fond d'un sac de papier où il a enfoui sa tête. Souvent, on voit un jeune
dingo jouer avec ses camarades. Il les croque, bien souvent, mais jamais dans l'intention de leur faire du mal. Et comment ne pas remarquer l'ignoble
varan, avec sa peau pustuleuse, qui repousse bien d'autres animaux ? Cette meute improbable regroupe quelques étranges bêtes, un
lapin enragé, un
ourson rose, un
lézard légumineux… mais il est difficile de toutes les citer. Le
grizzly, quant à lui, était devenu hargneux avec l'âge. Et c'est bien triste : il a été écarté du zoo.
Du haut de son arbre, le chimpanzé observe cette faune. Il n'est plus le même joyeux bonobo mais sait apprécier le spectacle quand il en vaut la peine. Oui, quand il en vaut la peine…