T'as fait une faute, là, Titi, t'as mis un "B" au lieu d'un "P" :siffle:
Pas sûr que la bêtise soit un simple manque d'intelligence
Une longue tradition philosophique a confondu bêtise et ignorance. La manifestation de la bêtise serait identique au mécanisme de l'erreur. Or, au fond, l'erreur n'est qu'un manque de savoir. On peut donc, comme le fait Descartes, la ramener au néant. Et si l'intelligence consiste dans le bon usage de l'entendement en vue de bien juger, l'erreur est un simple raté de l'intelligence que l'on peut corriger avec une méthode.
Seulement, la bêtise n'est pas qu'un simple raté de l'intelligence, l'expression d'un manque de savoir qu'on pourrait reconduire au néant. La bêtise est
quelque chose. Elle exprime un contenu, certes faux, mais qui se donne avec les atours du vrai. La bêtise n'est donc pas le contraire de l'intelligence, mais un certain régime de fonctionnement de l'intelligence. Définir la bêtise, c'est tenter de comprendre un tel régime.
Or, l'un des traits essentiels de la bêtise est la compulsion de clôture. C'est que sous la bêtise se dissimule une fragilité. L'imbécile a peur des autres, de l'échange de sens. C'est pourquoi il construit des murs. Il s'isole de l'espace où le sens peut voir le jour, l'espace
consensuel. En même temps, il a besoin que les autres le confirment dans ce qu'il est. Il faut donc qu'il y ait une communauté des imbéciles. Il faut que les productions imbéciles fusionnent dans un cours commun. Ce cours, c'est celui de la parole déracinée et impersonnelle qui véhicule à l'infini ce qui est vide de sens.
Le racisme est exemplaire de ce régime aberrant de l'intelligence qu'est la bêtise. Il construit un contenu sur la "notion" de race qui n'a aucun appui, aucune assise rationnelle, mais qui pourtant se donne comme une évidence (la différence des couleurs de peaux, des configuration physique, voire des murs et des coutumes, quoi de plus visible). Il s'élabore contre l'autre, contre ce qui lui semble différent pour mieux étayer sa fragile identité. Et ainsi, il rassemble les faiblesses, donne un corps solide aux éléments friables, constitue des partis, etc. Et au bout du compte, il fait uvre. Mais uvre paradoxale, contradictoire, puisqu'elle n'est que de détruire ce qui est au fondement de l'uvre, la construction d'un habitat commun, la matérialisation d'un être-ensemble.