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Membre supprimé 1060554
Invité
[☞ contribution décalée et intempestive par un amateur d'aube]
Les anciens Logiciens s'intéressaient aux 'propositions', en y voyant des déclarations réductibles à la combinaison de 2 termes : un 'sujet' et un 'attribut' par l'intermédiaire d'un 'verbe de relation' : le verbe 'être' jouant le rôle de 'copule' (càd. de 'lien assocatif' entre les 'termes' logiques). Exemple classique : «Socrate est mortel».
Ce qui me paraissait étrange dans l'analyse de ces anciens Logiciens, c'est l'insistance qu'ils mettaient à souligner qu'une seule et même proposition (reliant donc un 'sujet' et un 'attribut' par l'intermédiaire de la copule 'être') peut être prise en 2 sens : soit en 'compréhension', soit en 'extension'.
J'ai l'impression rétrospective d'avoir mis un temps infini à saisir les enjeux de cette distinction des anciens Logiciens, parce que tout d'abord, pour moi, c'était du pareil au même. Et pourtant j'étais confronté là à quelque chose présentant une analogie avec le «Paradoxe de la Poule et de l'uf» qui s'énonce ainsi : «Est-ce que c'est la première Poule qui a pondu le premier uf, ou bien est-ce que c'est le premier uf qui a donné lieu à la première Poule?». Car la 'première Poule', si on la pose en premier, ne pourrait être qu'un 'sujet singulier', précédant en réalité ce qu'on peut bien y attribuer par la suite ; par contre le 'premier uf' ne pourrait être que le 'concept d'une architecture' (code), précédant en réalité les exemplaires multiples susceptibles de l'incarner. Ce qui renvoie à la «Querelle des Universaux» médiévale : qu'est-ce qui existe réellement? - des individus singuliers, auxquels le langage s'en vient attribuer des 'qualités communes' qui n'existent pas en soi, mais sont seulement constatées par généralisation à partir des singularités de l'expérience? ou bien des catégories génériques, qui précèderaient comme des 'essences' (des codes logiques) les individualités qui n'en sont que les supports de manifestation?
Ne suis-je qu'un exemplaire du code génétique, ou bien suis-je le sujet dont le code génétique s'attribue?
Je me demande, regardant ces questions logiques de compréhension et d'extension, si ce n'est pas sur le terrain de la différence des 'Langues' qu'une intuition toute personnelle s'est imposée à moi dans la pratique (et qui donc est l'écho de ma singularité) : à savoir, que l' Américain fait un usage constant de l'extension dans ses énoncés, càd. rapporte des sujets à des catégories d'appartenance, là où le Français opère constamment en mode 'compréhension', càd. rapporte des qualités discutables à des sujets de référence.
Là où l'Anglais(-américain) va énoncer : «Macomaniac is fan of Apple» en conversion automatique à la forme : «Macomaniac is an Apple_fan» (extension) ; le Français va déclarer : «Macomaniac est amateur de grands vins», et si cela s'énonce sous la forme : «Macomaniac est un amateur de grands vins», il est évident en Français que ce 'un' n'inclut pas Macomaniac dans une classe comme le fait l'attribution : 'a fan', mais détache du qualificatif général 'amateur' une singularisation afin de l'approprier au sujet réel dont il est question : 'Macomaniac'. 'Singularisation du qualificatif' (un amateur) qui, justement, ne dit rien en soi, mais seulement ouvre à l'infini la perspective d'analyser en quoi et comment cette qualité adhère singulièrement au sujet. Tandis que l'Anglais, en déclarant que : «Macomaniac is an Apple_fan» a soumis le 'sujet' à un groupe d'appartenance gouverné par une loi.
Il y a dans ce fonctionnement 'extensif' du jugement en Anglais quelque chose qui répugne ontologiquement à mon esprit, parce qu'a priori tout sujet est réductible à un groupe d'appartenance logique, par quoi la liberté n'est forcément qu'une illusion, puisque les sujets sont a priori les 'appartenants' d'ensembles catégoriels (càd. les 'agents' d'une 'structure'). Ce 'catégorisme a priori' me choque intuitivement, dans le sentiment singulier que j'ai de l'existence, parce que, parlant Français, une langue Romane dérivée du Latin, et pensant toujours en Latin, j'ai constamment un sentiment compréhensif du langage : le sentiment de l'infinité de la prédication, parce que le langage n'en aura jamais fini de tenter de dire ce qu'il en est des sujets singuliers du discours. Faire une phrase en Français, à mes yeux, ce n'est donc jamais déclarer : «Macomaniac is an Apple_fan» ('extension'), mais toujours déclarer : «Macomaniac est amateur de grands vins», en quoi le sujet n'est pas subordonné à sa catégorie d'appartenance, mais la qualité qu'on lui impute doit être à l'infini ajustée dans un processus de singularisation de l'attribution pour qu'on puisse espérer dire quelque chose de pertinent du sujet considéré ('compréhension').
J'étouffe dans le catégorisme extensif de l'Anglais ; je respire dans la liberté compréhensive du Français.
«On n'est jamais aimé que pour des qualités» s'exclame Blaise Pascal. Sachant que lesdites peuvent s'énoncer quodlibétiquement d'un 'sujet' ('compréhension') ou inversement l'identifier catégoriquement à une classe ('extension') - je comprends mieux pourquoi l'amour est réputé mieux-disant en langue romane.
Les anciens Logiciens s'intéressaient aux 'propositions', en y voyant des déclarations réductibles à la combinaison de 2 termes : un 'sujet' et un 'attribut' par l'intermédiaire d'un 'verbe de relation' : le verbe 'être' jouant le rôle de 'copule' (càd. de 'lien assocatif' entre les 'termes' logiques). Exemple classique : «Socrate est mortel».
Ce qui me paraissait étrange dans l'analyse de ces anciens Logiciens, c'est l'insistance qu'ils mettaient à souligner qu'une seule et même proposition (reliant donc un 'sujet' et un 'attribut' par l'intermédiaire de la copule 'être') peut être prise en 2 sens : soit en 'compréhension', soit en 'extension'.
- En 'compréhension', la proposition «Socrate est mortel» signifie que l'attention se porte sur le 'sujet' de la proposition : l'individu Socrate, et que l'attribut : 'mortel' a une simple valeur adjective par rapport à ce 'sujet' : il s'agit d'une 'qualité' (on aurait pu aussi bien dire : 'chauve', 'barbu' etc.) qui se trouve rattachée au 'sujet' : 'Socrate' afin de le décrire ;
- En 'extension', la proposition «Socrate est mortel» signifie que l'attention se porte sur l'attribut dans la proposition : l'ensemble des 'mortels', et que le 'sujet' : 'Socrate' prend la simple valeur d'exemple des éléments susceptibles de faire partie de cette 'classe' des mortels. L'attribut, ici, n'a plus une valeur 'qualificative' d'un 'sujet' qui gouverne la proposition ; mais une valeur 'catégorique' de 'classe d'appartenance' qui contient le 'sujet' de la proposition. En conséquence, l'interprétation 'extensive' d'une proposition a toujours tendance à la ré-écrire en substantivant l'attribut, c'est-à-dire en lui conférant une 'réalité générique' inclusive a priori d'un 'pluriel' : 'mortel' devenant «les mortels», au sens de la 'classe des mortels', de sorte que le 'sujet' se trouve déclaré l'un d'entre eux. Ainsi, «Socrate est mortel» se trouve toujours lu : «Socrate est un mortel».
J'ai l'impression rétrospective d'avoir mis un temps infini à saisir les enjeux de cette distinction des anciens Logiciens, parce que tout d'abord, pour moi, c'était du pareil au même. Et pourtant j'étais confronté là à quelque chose présentant une analogie avec le «Paradoxe de la Poule et de l'uf» qui s'énonce ainsi : «Est-ce que c'est la première Poule qui a pondu le premier uf, ou bien est-ce que c'est le premier uf qui a donné lieu à la première Poule?». Car la 'première Poule', si on la pose en premier, ne pourrait être qu'un 'sujet singulier', précédant en réalité ce qu'on peut bien y attribuer par la suite ; par contre le 'premier uf' ne pourrait être que le 'concept d'une architecture' (code), précédant en réalité les exemplaires multiples susceptibles de l'incarner. Ce qui renvoie à la «Querelle des Universaux» médiévale : qu'est-ce qui existe réellement? - des individus singuliers, auxquels le langage s'en vient attribuer des 'qualités communes' qui n'existent pas en soi, mais sont seulement constatées par généralisation à partir des singularités de l'expérience? ou bien des catégories génériques, qui précèderaient comme des 'essences' (des codes logiques) les individualités qui n'en sont que les supports de manifestation?
Ne suis-je qu'un exemplaire du code génétique, ou bien suis-je le sujet dont le code génétique s'attribue?
Je me demande, regardant ces questions logiques de compréhension et d'extension, si ce n'est pas sur le terrain de la différence des 'Langues' qu'une intuition toute personnelle s'est imposée à moi dans la pratique (et qui donc est l'écho de ma singularité) : à savoir, que l' Américain fait un usage constant de l'extension dans ses énoncés, càd. rapporte des sujets à des catégories d'appartenance, là où le Français opère constamment en mode 'compréhension', càd. rapporte des qualités discutables à des sujets de référence.
Là où l'Anglais(-américain) va énoncer : «Macomaniac is fan of Apple» en conversion automatique à la forme : «Macomaniac is an Apple_fan» (extension) ; le Français va déclarer : «Macomaniac est amateur de grands vins», et si cela s'énonce sous la forme : «Macomaniac est un amateur de grands vins», il est évident en Français que ce 'un' n'inclut pas Macomaniac dans une classe comme le fait l'attribution : 'a fan', mais détache du qualificatif général 'amateur' une singularisation afin de l'approprier au sujet réel dont il est question : 'Macomaniac'. 'Singularisation du qualificatif' (un amateur) qui, justement, ne dit rien en soi, mais seulement ouvre à l'infini la perspective d'analyser en quoi et comment cette qualité adhère singulièrement au sujet. Tandis que l'Anglais, en déclarant que : «Macomaniac is an Apple_fan» a soumis le 'sujet' à un groupe d'appartenance gouverné par une loi.
Il y a dans ce fonctionnement 'extensif' du jugement en Anglais quelque chose qui répugne ontologiquement à mon esprit, parce qu'a priori tout sujet est réductible à un groupe d'appartenance logique, par quoi la liberté n'est forcément qu'une illusion, puisque les sujets sont a priori les 'appartenants' d'ensembles catégoriels (càd. les 'agents' d'une 'structure'). Ce 'catégorisme a priori' me choque intuitivement, dans le sentiment singulier que j'ai de l'existence, parce que, parlant Français, une langue Romane dérivée du Latin, et pensant toujours en Latin, j'ai constamment un sentiment compréhensif du langage : le sentiment de l'infinité de la prédication, parce que le langage n'en aura jamais fini de tenter de dire ce qu'il en est des sujets singuliers du discours. Faire une phrase en Français, à mes yeux, ce n'est donc jamais déclarer : «Macomaniac is an Apple_fan» ('extension'), mais toujours déclarer : «Macomaniac est amateur de grands vins», en quoi le sujet n'est pas subordonné à sa catégorie d'appartenance, mais la qualité qu'on lui impute doit être à l'infini ajustée dans un processus de singularisation de l'attribution pour qu'on puisse espérer dire quelque chose de pertinent du sujet considéré ('compréhension').
J'étouffe dans le catégorisme extensif de l'Anglais ; je respire dans la liberté compréhensive du Français.
«On n'est jamais aimé que pour des qualités» s'exclame Blaise Pascal. Sachant que lesdites peuvent s'énoncer quodlibétiquement d'un 'sujet' ('compréhension') ou inversement l'identifier catégoriquement à une classe ('extension') - je comprends mieux pourquoi l'amour est réputé mieux-disant en langue romane.
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