coup de coeur/de pompe littéraire

Je suis sûr que certains romans de Gracq feraient en effet d'excellentes bases de scenarios pour des films d'animation. Pourquoi des films d'animation ? Parce qu'il y a une dimension onirique forte, et un imaginaire très fécond, ce dernier maîtrisé par l'écriture très ciselée, qui me semble plus transmissible par un film d'animation plutôt que par le film de cinéma.
Je verrai bien "Le Rivage des Syrtes" en film d'animation non pas en 3D mais plutôt dans la veine de l'animation anglaise ou celle de la grande période des années 60/70 dans les pays de l'est (URSS, Tchécoslovaquie...).

Il y a il me semble une idée forte chez Gracq : la rêverie est peut-être finalement un meilleur moyen pour établir une connexion avec les choses et les êtres que l'approche dite concrète, directe. C'est un peu la "thèse" de "La forme d'une ville" : c'est en se remémorant Nantes, une fois quittée la ville et en se laissant porter à la rêverie, que l'auteur finit par la retrouver, pour la décrire et l'évoquer avec sensibilité, chose dont il s'avoue avoir été incapable lorsqu'il y habitait et y enseignait. C'est peut-être cela qui le rapprochait des surréalistes.
C'est aussi cette idée que l'on retrouve dans un court ouvrage "Les Eaux étroites", où la remémoration rêveuse des promenades d'enfance ouvre davantage de portes à l'aventure intime que les récits de grands voyages.

Bompi a raison quand il reprend mon expression de "dernier des classiques". Je me suis mal exprimé en fait : je voulais plutôt dire qu'il était sans doute le dernier représentant d'une génération d'écrivains par sa posture - et non par son écriture. Vivant dans sa maison de famille au sud de l'Anjou, très discret mais faussement retiré, un peu "vieille France" (il offrait des pâtes de fruits à ses visiteurs), et porté par un éditeur (José Corti) indépendant et intransigeant. Est-ce qu'un écrivain, même très classique, pourrait encore se positionner de la sorte compte-tenu de la situation éditoriale actuelle, des médias... ?
 
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C'est bien gentil, mais si on ne se fatigue pas à écrire au moins 3 lignes dessus, les lecteurs n'ont aucun moyen de savoir si tu as aimé ou détesté (le thème du fil, si tu as bien lu le titre, c'est "coup de coeur/de pompe littéraire").

Allez, un peu moins de paresse, un peu plus d'informations :) (et je ne parle pas d'un copié-collé de 4e de couverture, plus un avis subjectif pour donner envie ou au contraire, de faire fuir ! ;) )
 
C'est vrai que pour le coup, c'est de la flemme. Et aussi que j'ai posté sitôt le livre fermé, comme on dit à la sortie d'un film qu'on a adoré, "c'était super !".
Donc, oui j'ai adoré ce bouquin : pour le thème peut-être banal de la fin de notre civilisation, mais avec une ambiance qui m'a captivé de bout en bout. Pour les multiples histoires qui transportent d'un lieu à un autre, d'un temps à un autre.
Pour moi, un des meilleurs SF que j'ai lu depuis "Hypérion". Je me suis retrouvé dans les mêmes sentiments que lorsque j'avais lu, il y a bien longtemps, "Ravage" de Barjavel
 
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Ce livre est le journal de AH Salvage Landor, une tete brulee de 30 ans qui decide de rejoindre Lhassa depuis l'Inde a la fin du 20eme siecle. A cette epoque le Tibet est un royaume ferme aux etrangers, qui s'empatte dans ses traditions.

On y lit la marche folle de l'explorateur avec ses coulis portant ses charges, ses vivres a travers les neiges et les prairies, passionant pour qui aime les recits d'explorateurs.

Savage Landor commente allegrement sur les autochtones avec un langage qui ne serait plus permis aujourdhui. Il y a choc des cultures bien evidemment mais il faut garder a l'esprit que voyager dans cette partie du monde demande, a cette epoque, d'etre sacrement ouvert d'esprit et d'une patience himalayenne.

On a souvent l'impression que le pays quil decrit n'existe que dans une petite boule de verre remplie de flocons que l'on secoue, tellement ce quil decrit semble hors du temps.

Entre vie et mort, allies et traitres sur toute la longueur du chemin au milieu d'un paysage magnifique, ce Savage Landor devait etre un sacre personnage, peut etre meme un peu fou, avec des *ouilles comme des melons ... :D ...
 
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Réactions: 'chon et DeepDark
Effectivement, "La route de Lhassa", même si littérairement parlant, il n'a rien de magique, vaut une lecture. C'est assez picaresque comme récit et ce personnage assez déjanté fait très anglais, je trouve :D

Sinon dans le même esprit, du moins dans la même idée fixe, je suppose, Chang, que tu as lu les bouquins d'Alexandra David-Néel et en particulier "Voyage d'une parisienne à Lhassa". Elle était pas mal dans son genre aussi cette grande dame morte centenaire. Elle, c'est en 1924 qu'elle est allée à Lhassa (Pour Savage Landor, c'est fin XIXe, et pas fin XXe quand même :D) et ce n'était pas un voyage de tout repos et son récit est passionnant.

On pourrait parler aussi d'Ella Maillart qui a "navigué" elle aussi en Asie Centrale, un peu plus tard, donc pas avec tout à fait les mêmes problèmes que les deux "fadas" ci-dessus mais dont les textes pleins d'humour et d'humanité valent également le déplacement. Voir en particulier "Oasis interdites" et en profiter pour lire "Courrier de Tartarie" de Peter Fleming avec qui elle avait fait ce voyage-là et qui le raconte à sa façon.
 
Effectivement, "La route de Lhassa", même si littérairement parlant, il n'a rien de magique, vaut une lecture. C'est assez picaresque comme récit et ce personnage assez déjanté fait très anglais, je trouve :D

Sinon dans le même esprit, du moins dans la même idée fixe, je suppose, Chang, que tu as lu les bouquins d'Alexandra David-Néel et en particulier "Voyage d'une parisienne à Lhassa". Elle était pas mal dans son genre aussi cette grande dame morte centenaire. Elle, c'est en 1924 qu'elle est allée à Lhassa (Pour Savage Landor, c'est fin XIXe, et pas fin XXe quand même :D) et ce n'était pas un voyage de tout repos et son récit est passionnant.

On pourrait parler aussi d'Ella Maillart qui a "navigué" elle aussi en Asie Centrale, un peu plus tard, donc pas avec tout à fait les mêmes problèmes que les deux "fadas" ci-dessus mais dont les textes pleins d'humour et d'humanité valent également le déplacement. Voir en particulier "Oasis interdites" et en profiter pour lire "Courrier de Tartarie" de Peter Fleming avec qui elle avait fait ce voyage-là et qui le raconte à sa façon.

Eh non, je n'ai pas lu les recits de David Neel. Je prends note surtout que ce nom ne m'est pas inconnu sans savoir ou je l'ai deja entendu. Quand a Fleming, je l'ai la, en attente, ce sera une prochaine lecture.

Pour revenir a La Route de Lhassa, il se trouve qu'un des aspects les plus interessants du livre est la description du pays et de ses habitants. Le Tibet de nos jours est un pays avec une reputation presque irreprochable et dont les principales activites restent (par reputation chez nous autres petits blancs de l'Ouest) la priere en toge rouje jaune et l'oppression par son voisin. Bien que subjectif, ce livre apporte un vision de terrain avant que tout parte en saucisse entre les 2 empires/royaumes. C'est dommage qu'il n'ai pas reussi a penetrer dans Lhassa puisque tout le recit s'attache a la description des nomades et de quelques villages, pas d'une cite majeure.
 
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Ce livre est le journal de AH Salvage Landor, une tete brulee de 30 ans qui decide de rejoindre Lhassa depuis l'Inde a la fin du 20eme siecle. A cette epoque le Tibet est un royaume ferme aux etrangers, qui s'empatte dans ses traditions.
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fin 20e siècle ? tu précises les dates ? ;)
 
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Réactions: Chang
(Pour Savage Landor, c'est fin XIXe, et pas fin XXe quand même :D)

fin 20e siècle ? tu précises les dates ? ;)

Si on te charrie là-dessus, Chang, au moins pour moi, c'est que ça me fait tout drôle d'entendre parler du XXe siècle comme une période reculée, moi qui, vu mon âge, ai du mal à m'imaginer que je suis au XXIe après avoir vécu une bonne partie de mon existence avec le mythe d'un an 2000 lointaint qui représentait presque le point extrême de l'avenir :D

Sinon, pour dériver sur d'autre bouquins, je viens de termine un livre comme j'aime en trouver, un auteur qui ne calcule pas si ça pourrait plaire ou pas, si c'est grand public ou pas : "Ti kreiz" de Claude Lucas. Une histoire à dormir debout ou à rêver assis, une écriture en zig-zag ponctuée de phrases improbables, de mots qui le sont tout autant (sans parler des noms de rues ou de pseudo-villes, un vrai poème). Dedans des phrases où l'auteur s'est laissé aller :D :
"Il m'avait écouté avec l'expression pétrifiée d'un directeur des ressources humaines à qui j'aurais récité du Michaux lors d'un entretien d'embauche"
"Il me dévisageait avec une méchanceté porcine qui dilatait d'extase sa hure rougeaude"
"depuis beau temps, les voyageurs ne saucissonnent plus dans les trains, ils lisent. L'avenir n'appartient plus aux charcutiers, mais aux fabricants de boudin littéraire formatés à HEC"
"Le quartier où les Balard habitent est de ceux où l'on se jetterait volontiers par la fenêtre le dimanche matin pour se distraire, si l'on n'ouvrait plutôt le gaz en semaine pour éviter d'en arriver là"
"Tout le contraire de François-Xavier, pour qui le travail souterrain de l'écriture véritable s'apparente à celui d'une taupe se creusant un tunnel de sens dans le permafrost bolchevique".

Mais même si tous ces détails m'ont donné plein de plaisirs de lecture, le bouquin est autre chose qu'une accumulation de phrases amusantes, c'est un bloc qui tient. Je crois bien que je vais me chercher les autres livres de cet auteur (dont la vie est par ailleurs bien autre chose qu'un long fleuve tranquille).

Bon, il faudrait aussi que je parle de Christian Estèbe, de Mercé Ibarz, de Lutz Bassmann…
 
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ÉNORME!!! :eek: .... Ouvert hier, refermé aujourd'hui! G-É-N-I-A-L!!! :love: :love:

Si vous avez des trucs à faire un week end, n'ouvrez surtout pas ce livre!!! :D

Décidément, j'suis vraiment fan de cet auteur! Dommage que beaucoup de ses titres traitent des aventures de Myron Bollitar... J'les aime bien aussi mais, pour les quelques unes que j'ai lues, j'ai un peu l'impression de souvent lire la même chose...

Alors que là... Pffiou, trop top quoi! :heu:

Allez hop, j'avais pas le choix que de le terminer sous peine de ne penser qu'à ça..... :rose: J'vais enfin pouvoir attaquer mon week end! :p :D
 
Je suis passé dans le coin pour parler de Dead City, de Shane Stevens.
Un bouquin que j'ai cherché pendant plusieurs années avant de mettre la main dessus, jamais traduit.
Je n'avais pas regretté de l'avoir cherché si longtemps.

Il y a quelques jours j'ai acheté le premier bouquin de cet auteur : "Go Down Dead".

file.ashx

La grosse grosse claque...

J'ai eu du mal à rentrer dedans, j'ai même failli regretter mon achat (une édition de 1968 tout de même, trouvée dans une librairie californienne, avec les frais de port, tout ça, pas donné donné pour un bouquin de poche)
Mais après quelques efforts, c'est un vrai bonheur.

Une tranche de vie sous forme d'un long monologue, quelques jours dans la vie d'un gamin black de 16 ans à Harlem, chef de gang au milieu des années 60 : les reglements de comptes, les putes, les junkies, l'ennui, la violence omniprésente et acceptée comme telle, un environnement délabré, crade, triste.

Le bouquin est comme réellement écrit par ce môme, qui ne va à l'école que deux ou trois jours par semaine, uniquement pour mettre au point les prochains coups contre les gangs rivaux avec ses potes : presque pas de ponctuation, tout est conjugué au présent, même les anecdotes qu'il raconte sur le passé du quartier, énormément de fautes, de mots écrits en phonétique ("ankshus" pour anxious, "finely" pour finally, "nuff" pour enough, etc...).
C'est ce dernier aspect qui m'a donné du mal au départ, mais au bout d'un moment, lire ce langage de la banlieue new yorkaise, avec ses fautes, son argot, devient naturel et très immersif.

Et les points de vue de ce gamin élevé à grands coups de racisme, d'overdoses, de bastons, sont tous d'une maturité mêlée de naïveté qui donnent envie de rire et de pleurer à la fois.

Un exemple pour le plaisir (il va voir "the defiant ones" au cinéma, avec Tony Curtis et Sidney Poitier, sorti en France sous le titre "La chaine", l'histoire de deux évadés, un blanc un noir, qui sont attachés l'un à l'autre par des menottes durant leur cavale) :

"The white man hates the black man. Cause he black I spose. That the way it always is anyway. They cant break the lock and they is always fighting on each other.
Picture aright except for the end. They finely get the lock busted and each cat set to go on his own but the white man get in trouble and the black go to help him. When he stretch out his arm to help the white man some people what sit in the audence clap they hand like they think that is the right thing he do. To help the white man.
Shit on that. They dont know what they talking about. If that was me I would push my foot right in his face and kick him few times before I move on. What the hell that black man want do that for. He a fool to help that white motherfucker. O man dont he know nothing.
"

Voilà le truc.
Sombre, désabusé, un instantané d'une autre époque qui, finalement, pourrait être écrit aujourd'hui.
La baffe, je vous dis.
 
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Réactions: PATOCHMAN
They finely get the lock busted and each cat set to go on his own but the white man get in trouble and the black go to help him.

Mince, spoiler alerte la !!! :p

Plus serieusement, ca a l'air tentant, meme si me taper un bouquin entier ecrit comme cela me lourde un peu d'avance.

Il y a quelques annees j'avais achete Glue d'Irvine Welsh, les dialogues etait ecrit de la meme facon, cette fois avec l'accent ecossais. Je n'ai meme pas lu le 1/4 du livre ...
 
bah honnêtement, vu ta maitrise de l'anglais et la mienne, toi tu le lis les doigts dans le nez, c'est sûr.

Ce qui m'a donné le plus de mal, c'est pas vraiment les conjugaisons approximatives et les fautes d'orthoraphe, c'est le vocabulaire sur certains mots : j'ai eu du mal à piger au départ que "the cats" c'est les mecs, ou les lascars si on veut traduire au XXIe siècle, "the bread" c'est les thunes, et certains mots comme ça qu'on ne comprend que grâce au sens général des phrases et situations.
Mais la plupart sont assez simples à comprendre. Par exemple "a chick I jump a few times", j'ai tout de suite compris. :D


(Patoch : ;))
 
Ben moi, c'est un vrai livre :siffle:

:D

Yield, a novel de l'américain Lee Houck, un roman percutant et intrigant, sur un jeune tapin qui essaie de s'y retrouver, dans sa vie et ses amours new yorkais. Nos clichés nous aveuglent et Yield remet les choses en perspective. Witty and sexy.

Tiens, faudrait que je l'envoie à notre très cher Gouvernement, c'est d'actualité :siffle:

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Très spéciale dédicace à Benjamin A.-S.

 
Dans ce cas-là, envoie-leur la traduction.

:D