Collection d'Arnell-Andréa
The Bower Of Despair
[Prikosnovénie]
Il en aura mis du temps à sortir, ce sixième recueil de Collection d’Arnell-Andréa. Huit ans exactement, une presque décennie ponctuée il est vrai d’une double compilation "CollAGE" (en 1998) et d’un enregistrement studio "Tristesse des Mânes" (en 2002) qui outre quelques inédits revisitait sept titres façon musique de chambre. Mais pas de véritable album depuis le très floral "Cirses des Champs" en 1996. Mais comme l’on a coutume de dire, notre patience aura été plus que récompensée. Reprenant une formule rock que l’on croyait abandonnée avec "Tristesse des Mânes", le groupe cisèle un album à la froideur de marbre et à la poésie électrique le long duquel serpente la puissante mélancolie qui anime chacun de ses travaux depuis le EP "Autumn’s Breath for Anton’s Death". Proches du référentiel et mythique "Villers-aux-Vents", auquel ils empruntent son alchimie guitares-violoncelle, les onze titres de cet album s’enchaînent dans une belle homogénéité hivernale telle une procession funèbre guidée par le chant sûr et enivrant (et tout en anglais) de Chloé St Liphard. Comme quelques fleurs prisonnières de leur gangues de glace, il paraît alors bien impossible de pouvoir extraire une chanson de ce paysage de neige et d’arbres en deuil sans risquer de briser le charme ténébreux qui plane sur "The Bower of Despair". Et si l’on est tenté de citer en premier lieu le langoureux
Wild Trees et ses cordes déchirantes ou le très nerveux
Time Always Blows Away, on s’aperçoit bien vite que c’est l’album dans son entier qu’il convient de mettre plus en avant. Et c’est ainsi que, toujours hors de tout courant et de toutes tendances, Jean-Christophe d’Arnell et les siens réussissent une nouvelle fois le pari de nous émerveiller tout en conduisant leur Collection loin de tout auto plagiat et surtout loin de toute inertie artistique. L’hiver 2004/2005 a d’ores et déjà trouvé sa bande son. Superbe !
Stéphane Leguay