Comment exciter ma curiosité...
Le 30 mai dernier, au beau milieu de la nuit, j'ai attrapé mon reflex pour capturer cet instant. Mes bras fatigués par cette séance d'impression avaient du mal à tenir l'appareil. Je me suis donc appuyé sur un meuble pour shooter la scène. Manque de pot, l'image n'était pas droite au visionnage. J'ai donc insisté et pris une dizaine de clichés. Seulement voilà, aucun ne présentait cette scène tel que je le voulais. Il ne me restait que cette image de guingois et l'envie de nettoyer mon matériel pressait… Ça ira bien pour cette fois, me suis-je dis, Photoshop fera le reste, hé hé.
Et si je ne te montre pas le résultat de cette séance, ce n'est pas une question de pudeur ou de retenue. Non, c'est uniquement parce que ces impressions n'ont pas vocation à être encadrées et exposées en l'état.
Toi qui pratique les arts graphiques comprendra rapidement le pourquoi. Ces feuilles sont le résultat imprimé d'une imposition in-folio 24 destinée à la création d'un livret. Comme on commence généralement l'impression des pages qui composent un livre par le verso – la face sur laquelle, la plupart du temps, il y a le moins d'encre – la majeure partie de la feuille n'est pas encrée. Et les rares zones d'empagements imprimées se trouvent sur la "belle page" des 12 doubles-pages imposées. Elles le sont soit avec du texte en univers 56 ital. c20, soit avec des compositions de texte manuscrit gravées sur clichés magnésium. Cette série de clichés n'est pas de ma facture. Ils font partis d'un lot acheté au kilo. Et si j'ajoute que le papier est au format B1, 650 x 920 mm. Pas sûr que tu puisses voir grand chose dans 800 pixels.
Non, la seule face vraiment intéressante que je pourrai te montrer un de ces quatre, c'est le recto ! Depuis des années déjà, je cherche à réintroduire les phytotypes dans ma pratique. Et pas n'importe quelle empreinte naturelle, non, je voulais imprimer des bois brut de scierie. C'est l'un des premiers trucs que j'ai roulé lorsque j'ai eu cette presse en main. Des planches de palettes europ disposées sur le marbre et encrées en deux couleurs successives sur un papier d'une troisième teinte. Un délice pour les yeux. Ce qu'il y a de formidable avec le rendu imprimé d'une empreinte naturelle se joue à l'encrage et au pressage. Tu peux imprimer le même phytotype de mille nuances sans jamais perdre son essence.