Merci Gerapp38
Le thème : Rien n'est définitif
Les mots : chiffon silence juger parole mesure
Passage de main le 13 mars...
Mon amitié avec elle fut aussi riche de bons moments que de disputes homériques...
Elle avait l'insulte facile, et je compris bien tard que chez elle, le registre grossier voire ordurier n'avait pas la même importance que pour moi. Mes réponses en ce cas n'etaient jamais grossières, mais très froides, très dures, et finalement tout aussi blessantes, au minimum.
Presque à la manière d'un couple dysfonctiennel, nous pouvions nous adorer, puis nous disputer, mettre un terme que nous pensions définitif à notre relation, avant de nous réconcilier, généralement au bout de quelques semaines.
Nous nous adorions encore, et bientôt, à nouveau, l'autre ne valait pas plus cher qu'un
chiffon.
Après une grosse dispute, suivait entre nous un
silence généralement absolu. Un silence que j'avais généralement décidé et qui finissait par me peser...
Je ne pouvais généralement pas le supporter longtemps...
Je ne pouvais que tenter à nouveau une réconciliation... Qui ne reussissait pas toujours du premier coup... Mais que je finissais toujours par obtenir.
Je me disais que cette réconciliation était trop précieuse pour être mise en péril, et que je devais savourer chaque momemt avec mon amie.
Je devais l'apprécier comme elle était, supporter ses écarts d'humeur, ses jugements si sévères de mes maladresses et à nouveau ses excès de langage...
Prendre ensemble ses qualités et ses défauts, sans la
juger.
Je crois que nous n'avons jamais cessé de nous aimer, comme un singulier duo d'amis, avec des dialogues exprimant des sentiments aussi étrangement forts que le contenu de la conversation pouvait être anodin, voire superficiel. Un symptôme non négligeable de son histrionisme.
Elle voulait être une reine. La reine de tout le monde. Parfois la mienne.
Mais les sujets graves, tragiques, anxiogènes, intimes étaient généralement tabous. Et le temps passant, je comprenais qu'avec elle, des échanges de "je t'aime" ne voulaient rien dire. Sinon une expression exagérée de nos véritables sentiments.
Elle exprimait bien des choses, verbalement, sans jamais tirer le meilleur parti de son usage de la
parole
Puis une dispute fut pire que les autres.
Là, mes nombreuses tentatives de réconciliation échouèrent.
J'en arrivai à regret à considérer que cette relation avait toujours été une relation atypique et provisoire. Je me dis que rien n'était finalement définitif.
En tous contextes, nous ne nous parlions plus et même, nous nous évitions.
Jusqu'au jour où, la croisant à nouveau, je lui rendis un petit service dont elle me remercia.
Nous recommecions à nous parler, à rire ensemble...
Et nous finîmes par nous réconcilier, pour ma plus grande joie.
Elle me dit qu'elle voulait que nous restions amis, et prit pour cela une
mesure particulière, érigée en une sorte de règle.
En cas de tension, nous devions nous éviter un moment, nous "zapper" plutôt que de tomber dans nos travers respectifs.
Je ne devais plus m'emporter, m'énerver, piquer une colère.
Ce froid polaire entre nous ne fut pas définitif, finalement.
Ou cela ne fait que reculer ce que je crains : cette relation ne peut sans doute pas durer.
Elle finira un jour. C'est une relation provisoire. Quand elle prendra fin, j'espère que je n'en souffrirai pas trop...