A
Anonyme
Invité
S'il faut raconter sa vie sur le Bar, j'ai pensé qu'il pourrait être agréable pour chacun de le faire d'une manière aussi ludique et attractive que possible. Nous avons tous le souvenir d'événements publics ou privés qui se sont déroulés de façon imprévue. Une clef qui se casse dans le verrou, une chute devant une fille ou un mec qu'on va draguer, une carte bleue refusée au supermarché devant une file de trente personnes... Bref, de grands moments de solitude difficiles à oublier.
Ce sujet va vous permettre de raconter ces souvenirs, mais sous la forme d'un jeu. Le principe en est simple : il s'agit de raconter le début de l'histoire qui vous est arrivée et de laisser le soin aux lecteurs d'en découvrir la chute, à la façon d'une énigme à résoudre. Celui qui trouve la fin de votre histoire (ou qui s'approche le plus de ce qui vous est effectivement arrivé) gagne le droit de raconter à son tour un souvenir singulier.
Pour qu'on comprenne bien ce dont il s'agit, je commence par une petite anecdote qui m'est réellement arrivée lorsque j'étais au lycée. Si vous voulez en connaître la fin, il va falloir faire preuve d'imagination. Mais je ne me fais pas de bile : vous ne devinerez jamais.
Décembre 1988. Je suis en Terminale et c'est la fête de fin d'année. À cette époque, un peu avant les vacances de Noël, le collège et le lycée donnent un spectacle conçu par les élèves et pour eux. Les Terminales, les « grands », y participent également. C'est même à eux qu'est confiée l'organisation de cette journée dont le principal avantage est de faire se rencontrer des élèves de classes et d'âges différents qui, sans cela, auraient passé l'année à se côtoyer dans une indifférence polie.
Pour l'occasion, j'ai pris un pari risqué. Pour la première fois depuis que je fais du théâtre amateur (c'est-à-dire depuis la Troisième), je vais monter seul sur scène. Et il y a pire : le texte que j'ai choisi n'est pas des plus évidents. Il s'agit de « Vendémiaire », le long poème d'Apollinaire qui clôture « Alcools ». Sept pages. Sept pages de poésie brute à jeter en pâture à un public jeune, dissipé, mélangé. Pas de doute : ils vont me bouffer tout cru. Mais ma décision est prise et j'aime trop ce texte pour reculer. Je ne le fais pas pour eux, je le fais pour moi. Je sais déjà alors que ce sera un beau souvenir et, près de dix-sept ans après, je peux dire que c'est le cas.
Alors voilà, c'est l'heure. Je suis dans la coulisse et je m'apprête à monter sur l'empilement d'estrades qui fait office de scène. Autour de moi, tout un petit monde s'agite en silence. Enfin, en faisant le moins de bruit possible. Je m'en moque. Je ne les vois plus, je ne les entends plus. Mon regard est rivé sur la scène où l'on va bientôt m'annoncer. C'est d'ailleurs fait. La présentatrice dont j'ai oublié le visage et le nom vient de dire le mien. Je respire un grand coup et je pose mon pied sur la première marche de l'escalier de fortune qui conduit sur scène. Et là, vous ne devinerez jamais...
Ce sujet va vous permettre de raconter ces souvenirs, mais sous la forme d'un jeu. Le principe en est simple : il s'agit de raconter le début de l'histoire qui vous est arrivée et de laisser le soin aux lecteurs d'en découvrir la chute, à la façon d'une énigme à résoudre. Celui qui trouve la fin de votre histoire (ou qui s'approche le plus de ce qui vous est effectivement arrivé) gagne le droit de raconter à son tour un souvenir singulier.
Pour qu'on comprenne bien ce dont il s'agit, je commence par une petite anecdote qui m'est réellement arrivée lorsque j'étais au lycée. Si vous voulez en connaître la fin, il va falloir faire preuve d'imagination. Mais je ne me fais pas de bile : vous ne devinerez jamais.
Décembre 1988. Je suis en Terminale et c'est la fête de fin d'année. À cette époque, un peu avant les vacances de Noël, le collège et le lycée donnent un spectacle conçu par les élèves et pour eux. Les Terminales, les « grands », y participent également. C'est même à eux qu'est confiée l'organisation de cette journée dont le principal avantage est de faire se rencontrer des élèves de classes et d'âges différents qui, sans cela, auraient passé l'année à se côtoyer dans une indifférence polie.
Pour l'occasion, j'ai pris un pari risqué. Pour la première fois depuis que je fais du théâtre amateur (c'est-à-dire depuis la Troisième), je vais monter seul sur scène. Et il y a pire : le texte que j'ai choisi n'est pas des plus évidents. Il s'agit de « Vendémiaire », le long poème d'Apollinaire qui clôture « Alcools ». Sept pages. Sept pages de poésie brute à jeter en pâture à un public jeune, dissipé, mélangé. Pas de doute : ils vont me bouffer tout cru. Mais ma décision est prise et j'aime trop ce texte pour reculer. Je ne le fais pas pour eux, je le fais pour moi. Je sais déjà alors que ce sera un beau souvenir et, près de dix-sept ans après, je peux dire que c'est le cas.
Alors voilà, c'est l'heure. Je suis dans la coulisse et je m'apprête à monter sur l'empilement d'estrades qui fait office de scène. Autour de moi, tout un petit monde s'agite en silence. Enfin, en faisant le moins de bruit possible. Je m'en moque. Je ne les vois plus, je ne les entends plus. Mon regard est rivé sur la scène où l'on va bientôt m'annoncer. C'est d'ailleurs fait. La présentatrice dont j'ai oublié le visage et le nom vient de dire le mien. Je respire un grand coup et je pose mon pied sur la première marche de l'escalier de fortune qui conduit sur scène. Et là, vous ne devinerez jamais...