Été 1989. Juste après le bac, mon meilleur ami et moi avions projeté un voyage de 15 jours en Angleterre, dans une petite ville à 80 km au sud de Londres où il avait déjà passé plusieurs étés. Là, nous étions logés chez une dame âgée qui louait des chambres. Il s'y trouvait également une jeune femme originaire d'Écosse, dont la crinière rousse était toujours coiffée en un chignon impeccable.
Un jour, nous avions décidé de nous rendre à Londres pour y faire un peu de tourisme, voir une excellente amie et faire ensemble un peu de shopping. Nous nous étions fixé rendez-vous chez Harrod's, le célèbre grand magasin, et après un petit tour sur Regent Street à la recherche d'un jeu ancien, c'est là que nous nous retrouvâmes. Johanna était toujours aussi blonde et ravissante que dans mon souvenir et, malgré que j'en aie, je ressentis un je-ne-sais-quoi du côté du c½ur en la revoyant.
À un moment donné, nous étions au troisième étage et j'étais en train de farfouiller en quête d'un objet quelconque. Christophe me dit quelque chose à quoi je ne prêtai pas attention. Soudain, je les entendis m'appeler. Je me retournai aussitôt et, sous mes yeux, je les vis disparaître derrière la porte de l'ascenseur qui se fermait sur eux... J'eus beau parcourir le magasin en tous sens, il fallait bien se rendre à l'évidence : je les avais perdus. J'étais contrarié, mais je me souvenais néanmoins que nous devions nous retrouver au train de 16 h 30 à Victoria Station. Aussi, faisant contre mauvaise fortune bon c½ur, je décidai que la journée poursuivrait son cours normal.
Après un rapide repas dans une cafétéria, je pris la direction de Westminster. Je passai également à Saint James Park, puis devant les grilles de Buckingham Palace. L'après-midi était particulièrement agréable. L'air était tiède et tout le monde semblait d'humeur joyeuse. Vers 16 heures, j'étais sur le Mall, non loin de l'arche de l'Amirauté, et je tentais désespérément de trouver un taxi ce qui, à cette heure, n'était pas chose facile. En remontant l'avenue, je finis par en trouver un qui, par un itinéraire singulier, me déposa à temps devant la gare. Là, je jetai un rapide coup d'½il sur le quai où j'espérais retrouver mes amis. Aucune trace... Ils étaient sans doute déjà montés dans le train, je les retrouverai en route.
Pendant le trajet, j'écumai donc les wagons à leur recherche, mais sans succès. Découragé, je finis par m'asseoir en face d'un businessman cravaté qui lisait le Financial Times, me disant que Christophe m'attendrait sans doute à Chichester. Entre temps, le train s'arrêta longuement (une vingtaine de minutes) dans une toute petite ville du nom de Ford avant de reprendre sa route. Et là, vous ne devinerez jamais...