Et si on refaisait l'histoire de l'art?

  • Créateur du sujet Créateur du sujet antoine59
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J'aime bien le post #34. Au moins il y a quelque chose qui m'intéresse.

Parce que l'art conceptuel, je ne vois que très rarement l'intérêt de gloser à son sujet.
Étant un garçon assez primitif, je me contente de trier rapidement en j'aime/j'aime pas. D'autant plus facilement que, en art en général, et en art conceptuel en particulier, tout et son contraire peut être asséné comme une vérité absolue.

Bref : le plus souvent, les gens qui parlent d'art se touchent, quoi.

Allez, une chtite photo prise (en dépit des admonestations de la gardienne de la Tate Modern, un peu bourrue) avec mon iPhone. Ça me paraît méchamment conceptuel, et j'aime bien. D'ailleurs, la Tate Modern m'a bien plu, dans son organisation, avec les ponts entre l'art moderne et les machins plus proches de nous (contemporains ou presque, disons). Et donc quelques oeuvres de Sol Lewitt qui m'ont bien plu.
 
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Voila.
Là il y a une recherche graphique. Enfin, quelque chose qui fait que pour moi c'est de l'art.
Alors peut-être que je me trompe sur le sens du mot "art".
Mais souvent, devant les oeuvres d'un soi-disant artiste, je repense à cette phrase: "faire le con en espérant que ça va intéresser celui qui regarde, ça va quand on est déjà connu..."
 
Merci à tous ceux qui tentent de faire vivre ce fil.

Je sais que cette approche historique (désolé si je vous gonfle avec ça, j'y peut rien, c'est ma formation:D :D ) peut être chiante. L'approche de LHO (je viens de griller, OQ, toujours ce Marcel...:D ) est somme toute forte intéressante:zen: :zen:

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Pour info, l'expo de Kounellis abordé par LHO est à mettre en rapport avec celle de Mario Merz. Elle fut réalisée seulement un mois après et ce dans la même galerie l'Attico à Rome. Dans cet grand espace, Merz avait accumulé différents éléments récurant de son vocabulaire tels que l'igloo, le néon, la terre, la paille, une botte....

Kounellis dans un de cet entretien à déclarer à propos de son exposition qu'il "était à la recherche d'une instabilité, émotive et sensorielle".

Ces deux expositions sont essentielles car elles continuent en quelque sorte une problématique concernant la représentation des oeuvres lors d"une exposition abordé dès les constructivistes russes.

Pour faire court, il ne s'agit plus d'un art de représentation des oeuvres mais de présentation. l'exposition est en elle-même l'oeuvre, dans laquelle le spectateur s'immerge complétement. L'envie que le spectateur soit intégré à l'oeuvre, n'étais-ce pas déjà le but des artistes de la Renaissance italienne en créant la perspective?

À cela, s'ajoute selon moi, la problématique de l'artiste et de l'institution. L'oeuvre de Kounellis et de Mario Merz renvoient sans nul doute à l'exposition de Joseph Beuys dans une étable en 1953. Par ce biais Beuys souhaitait s'écarter de l'institution afin de critiquer la frilosité de ces lieux conventionnels. Et là, par ces 2 expo, le monde extérieur et notamment de la campagne se retrouve dans ce lieu, non pas dans un musée certes, mais dans un lieu légitiment ce qui est représenté.

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Bon voilà, ce que j'avais à dire:D
 
il y a un déplacement de sens comme dans le geste inaugural de duchamp (je met un urinoir dans un musée, je le signe et cet objet devient une oeuvre d'art).
ici, kounellis fait entrer la réalité dans une galerie. la question est de remettre en cause le fonctionnement même du mode de présentation (les historiens de l'art appellent cela la monstration); donc la galerie (qui défend) et le musée (qui sacralise).
 
Il faut savoir que la galerie l'Attico à Rome était détenue en partie par le conservateur du Museum of Modern Art de New York de l'époque, qui s'est dépêché à acheter différents éléments de Mario Merz.

Pour précision, le terme de monstration, n'est pas accepté par tous les historiens de l'art.;) (je le fais court, car ça risque d'être encore très chi***t):D
 
A supposer, alors, qu'un cheval soit plus la réalité qu'une oeuvre d'art au sens classique du terme.

Un cheval - à la limite.

Mais l'idée du cheval - ce que l'homme perçoit du cheval çà travers le prisme somme toute assez limité de ses perceptions ?

L'idée du cheval à travers un tableau - avec en plus de la perception étriquée de la réalité du cheval, tout ce que la main de l'auteur a pu rajouter d'appel à rajouter du sens à ce cheval dans l'imbroglio de souvenirs et d'expérience qui sert de cervelle à celui qui regarde.

Voir un vrai cheval ou un tableau représentant un cheval - où est la réalité ?
 
A supposer, alors, qu'un cheval soit plus la réalité qu'une oeuvre d'art au sens classique du terme.

Un cheval - à la limite.

Mais l'idée du cheval - ce que l'homme perçoit du cheval çà travers le prisme somme toute assez limité de ses perceptions ?

L'idée du cheval à travers un tableau - avec en plus de la perception étriquée de la réalité du cheval, tout ce que la main de l'auteur a pu rajouter d'appel à rajouter du sens à ce cheval dans l'imbroglio de souvenirs et d'expérience qui sert de cervelle à celui qui regarde.

Voir un vrai cheval ou un tableau représentant un cheval - où est la réalité ?

La réalité c'est le cheval. L'art c'est le tableau. Après ça, la réalité du tableau, c'est la toile, le cadre et la peinture utilisée. Le reste c'est une vision qui fait justement l'art.
 
A supposer, alors, qu'un cheval soit plus la réalité qu'une oeuvre d'art au sens classique du terme.

Un cheval - à la limite.

Mais l'idée du cheval - ce que l'homme perçoit du cheval çà travers le prisme somme toute assez limité de ses perceptions ?

L'idée du cheval à travers un tableau - avec en plus de la perception étriquée de la réalité du cheval, tout ce que la main de l'auteur a pu rajouter d'appel à rajouter du sens à ce cheval dans l'imbroglio de souvenirs et d'expérience qui sert de cervelle à celui qui regarde.

Voir un vrai cheval ou un tableau représentant un cheval - où est la réalité ?

C'est peut-être bien cette question qui est au coeur de l'art depuis Duchamp. Platon nous a appris à nous méfier des sortilèges de la peinture. Tandis que l'artisan fabrique le lit le regard tourné vers la forme intelligible du lit, l'artiste imité le lit fabriqué par l'artisan en en modifiant les contours pour plaire, séduire la foule. La peinture est une imitation au carré, un réel à peine réel, celui des eikasia, des ombres portées sur les choses, des reflet sur l'eau. La réalité est du côté du vrai cheval

Mais la méfiance à laquelle invite Platon indique qu'il avait tout compris de l'art. L'art est dangereux. Il nous détourne de la vérité et de la réalité. Il y a dans l'art une puissance de dissolution des catégories qui nous permettent de distinguer le vrai du faux. Or, avec le ready-made, Platon est justifié. C'est ce que fait voir l'hyperréalisme des années 60 qui explore à sa manière la signification du Ready-made. Les objets hyperréalistes ne sont plus des icones de la consommation, comme chez Warhol, mais des objets ordinaires (caravanes, voitures crashées, etc.) peints tel que la photo les représente. Il est d'ailleurs important que l'objet soit peint d'après la photo. Ce n'est sous plus notre regard "subjectif" que se donne l'objet, mais sous celui, objectif, de l'objectif. Dès lors, c'est ce monde des objets de la banalité quotidienne, c'est la totalité du réel qui bascule dans l'espace esthétique, tandis que la peinture perd son aspect séparé. Et, en fin de compte, c'est la peinture qui instruit ou informe notre regard.

Il n'y a pas ici une inversion du rapport du modèle (le vrai, le réel) et de l'image, de la copie (l'objet peint). Il y a ce que redoutait Platon : la disparition d'un monde interprété en termes de modèle et de copie.

Ici, chez Richard Estes, le jeu de reflet ou la mise en scène de l'annulation de la différence du réel et de son modèle

estes1zg5.jpg


(sacré Platon quand même:D)
 
Le cheval est réel, d'accord.

Mais le réel ne nous est accessible que partiellement - quand je vois un cheval, je ne vois pas toute la réalité de ce cheval, je n'en vois qu'une image (et encore, dans le spectre perceptible par un oeil humain moyen), peut-être une odeur et comme une ombre de tout ce que "cheval" évoque pour moi - quand je vois un cheval, je ne vois qu'une perception de cheval, mais aussi un cow-boy, la Camargue, une BD avec l'histoire d'un âne que j'avais eu en CM2 parce que j'étais premier de la classe, etc. etc.

Si je tente de ne me référer qu'à la réalité la plus stricte, je ne sais pas ce qu'est un cheval - ou pluôt, j'en ai une impression assez vague.
Et ça ne m'intéresse pas vraiment, ça ne me dit pas grand chose.

Dans le monde hors de mes perceptions, le cheval est plus réel que ce que dit une oeuvre d'art - mais c'est une sorte de méta-monde, de monde au-delà du monde où nous vivons et qui est celui que nous percevons.
Un monde qui, à force d'être réel, n'existe pas.

Dans le monde tel que nous le percevons, le cheval n'est ni plus ni moins réel qu'une oeuvre d'art.

Non ?

Pauvre Platon...
 
Qu'est-ce que je disais ? :D

Désolé, mais ce genre de propos ("Il y a dans l'art une puissance de dissolution des catégories qui nous permettent de distinguer le vrai du faux.") me paraît une pure vue de l'esprit. En soi, on ne sera pas étonné de la part d'un philosophe, même barbu ...
Mais vous n'avez pas l'impression d'en faire un peu trop, là ?

J'aimais bien l'idée de se contenter d'une image et d'un petit laïus pas trop pompeux : chacun montrant ce qui le fascine ou l'ennuie. Un peu de subjectivité primaire dans un océan de théories définitives.
 
Mais vous n'avez pas l'impression d'en faire un peu trop, là ?
Hé hé hé.
C'était pour le plaisir fugace de couper en quatre les cheveux d'une tête chauve.
Désolé.

Et puis, qu'est-ce qui est le plus réel ?
Le sujet d'un fil tel que l'a voulu son auteur ou le sujet tel que chacun l'a vu et se l'est approprié pour mieux le tordre ?

Platon ? Un commentaire ?
 
Juste un léger hors-sujet

Pour ceux que ça intéresse, je vous conseil l'ouvrage de Germain Bazin intitulé Histoire de l'Histoire de l'art de Vasari à nos jours publié en 1986;)

Je trouve que ce fil permet de voir les différents approches de l'histoire de l'art. :D

L'iconologie consistant à enquêter sur les sources des images à travers les époques et les savoirs pour cerner l'articulation de la forme au sens.

La phénoménologie incarné par Merleau-Ponty pour qui, il faut se détourner de l'Histoire autant que de l'individu pour saisir l'esprit de la peinture. Mais cette approche peut très vite aboutir, selon moi, à une vision contemplative à l'art, rendant tout discours sur l'oeuvre impossible...

À cela, s'ajoute bien d'autres théories de l'art.....:D :D
 
Qu'est-ce que je disais ? :D

Désolé, mais ce genre de propos ("Il y a dans l'art une puissance de dissolution des catégories qui nous permettent de distinguer le vrai du faux.") me paraît une pure vue de l'esprit. En soi, on ne sera pas étonné de la part d'un philosophe, même barbu ...
Mais vous n'avez pas l'impression d'en faire un peu trop, là ?

J'aimais bien l'idée de se contenter d'une image et d'un petit laïus pas trop pompeux : chacun montrant ce qui le fascine ou l'ennuie. Un peu de subjectivité primaire dans un océan de théories définitives.

Je sais, je sais : less is more, etc. Mais que veux-tu, les philosophes (même les pas barbus:D), ça peut pas s'empêcher de faire des phrases. :siffle:
 
faire entrer la réalité vivante d'un cheval dans un lieu d'exposition, c'est opérer un déplacement et dire au cheval:
tu es un tableau (vivant, encombrant, éphémère...).
le cheval n'est pas d'accord. car il ne peut pas dire qu'il est une représentation de lui-même.
le cheval ne sera donc jamais le tableau. car, le cheval est la réalité.

c'est le déplacement opéré (par l'artiste, peut-être en hommage à piero della francesca ou géricault ...) qui fait que le cheval devient un sujet de représentation...

et de conversation...

052_c_fig10.jpg
 
C'est possible d'avoir la liste exhaustive ? Vu comme c'est parti, ce ne serait pas pire. :siffle:

Tu es vraiment sur de toi?:D :D
(Pour l'histoire de la parenthèse, c'était en réalité le contraire. Je souhaiter insister sur ce terme que l'on utilise à mon goût maladroitement dans l'histoire de l'art et un peu trop à tout va...;) )

*****

Sinon, l'histoire de la représentation du cheval dans l'histoire de l'art est essentiel et ce à plusieurs points de vues. Le cheval a toujours été un objet de fascination et de pouvoir, comme le prouvent toutes ces sculptures publiques du XVe au XVIII.
Ce qui est intéressant de remarquer est que la représentation du cheval fut conditionnée pendant 5 siècles par une approche fausse de son anatomie. Et ce n'est qu'avec les photographies de Muybridge en 1878 que l'on va comprendre le galop du cheval. La répercution de cette avancée va être énorme dans la peinture notamment de bataille à la fin du XIXe siècle.
En sommes, il est loin d'être étonnant de retrouver des chevaux dans l'art contemporain (raccourci un poil bref....:D )
 
En dépit de la piètre qualité de la reproduction, voici une oeuvre qui me plaît.

PS : j'ai oublié de mettre un peu en situation mon p'tit Sol Lewitt de tout à l'heure : une petite pièce (genre un carré de 4 mètres de côté, avec deux ouvertures pour en vis-à-vis [pas de porte]), entièrement peinte en noir avec de fines rayures blanches allant du sol au plafond, à moins que ce ne soit l'inverse ;) Sur chaque mur une simple figure gérométrique : carré, trapèze, cercle, losange, dont la surface est noire et rayée de blanc, les rayures étant orientées différemment de celles du mur. C'est simple, efficace, notamment pour les esprits géométriques (au sens pascalien) comme le mien. On pourrait peut-être trouver des affinités avec François Morellet.