Et si on refaisait l'histoire de l'art?

  • Créateur du sujet Créateur du sujet antoine59
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pour répondre à certaines réactions, je dirais qu'un artiste fait des propositions (je ne me demande pas si c'est de l'art ou pas, beau ou laid; il y a des gens dont c'est le métier de ranger et de classer).
simplement, certaines propositions peuvent changer ma façon de voir le monde
ou de penser.



après l'intermède musical:
la suite avec oeuvre_02.

j'en rappelle le principe: un jour, une oeuvre pendant 7 jours.
deuxième jour.

avec oeuvre_01, kounellis ouvrait d'une façon un peu radicale ce fil sur l'histoire de l'art (en continuité d'une discussion qui abordait l'art conceptuel).

oeuvre_02 installe un format hybride. deux oeuvres en miroir qui se répondent.
ici, deux versions d'un même tableau.
 
La grosse différence, c'est la démarche. Amener des chevaux dans une salle n'a rien à voir avec la démarche de création de Goldsworthy qui, même si les oeuvres se ressemblent parfois, créé quelque chose. Il y a une rechrche sur la forme, sur l'esthétique et sur son intégration dans la nature.
Le mec ne créé ni le cheval, ni le fait de les amener dans cette pièce.

Cette pièce n'est justement pas n'importe quelle pièce et c'est ce qui fait la différence. Kounellis a amené ces chevaux dans cette pièce pour déplacer les lieux de l'art. Parce ce qu'il y a eu des gens comme Duchamp ou Kounellis, parce qu'il y a eu le Salon des refusés, il y a eu déplacement des lieux de l'art, sortie du carcan des lieux institutionnels, évolution de la mentalité de ceux qui regardent : toi, moi... La démarche a donc à voir. Que tout cela soit perverti par le fric est une autre histoire. Par exemple, La Joconde n'est qu'un tableau. Ce tableau souffre d'ailleurs vu que les institutions ne sont pas fichues de trouver le moyen d'éviter qu'il craquelle. Elle craquelle parce qu'elle n'est pas pérenne. Elle n'a pas été conçue pour l'être parce que l'art est remise en question, jeu et parfois de façon éphémère beauté. Beauté qui réside surtout dans l'oeil de celui qui le regarde. L'art n'est pas pérenne et le comique de la chose et qu'il faille encore la souffrance d'un tableau aussi cher pour rappeler aux milieux concernés qu'un artiste travaille avant tout pour lui-même et avec son temps. Il travaille pour la jouissance que cela lui procure et pour son temps voire contre lui-même et contre son temps. Les milieux renseignés, eux, font de l'argent avec, en donnent à l'artiste. L'art depuis un certain temps déjà, se rit des institutions et s'amuse avec elles. Goldsworthy travaille en pleine nature, les galeries ne peuvent vendre que les photos de son travail éphémère. Les chevaux de Kounellis sont depuis longtemps morts en enterrés, il ne reste que des photos. Le paradoxe est que le travail des personnes, que d'aucuns nomment artistes, se vend actuellement grâces aux institutions au sens large du terme, l'argent permet à ces artistes d'être vu. C'est le serpent qui se mord la queue. L'art crache sur ce qui le fait vivre et compose avec. Une sorte de relation amour/haine. Ce n'est pas l'artiste qui prend celui qui regarde pour un con, mais le marchand qui en imposant ses goûts, impose son regard même si tu as le sentiment qu'il te prend pour un con. Un peu comme on impose la Starac à la TV. Libre à toi de regarder Arte me dirais-tu sans doute.
 
QUOTE=bompi;4586383]À propos de m*rde : un post limite hors-sujet.
Il y a quelques années, un(e) artiste (?) a créé et montré une machine reproduisant le cycle digestif humain : on lui donne des aliments et elle produit de la m*rde.
Je ne sais pas si c'est de l'art (la question reste ouverte ;)) mais je trouve l'idée intrigante.
En général, en imaginant une machine, on cherche à en concevoir une qui reproduise ou dépasse nos capacités intellectuelles ou, plus pragmatique, qui soit capable de remplacer l'homme dans son travail (quitte à développer de l'intelligence par la suite).
Là, finalement, on a une machine négative : produire des excréments ce n'est pas a priori très glorieux. J'aime bien cette tentative de reproduction mécaniste (et chimique) de l'homme, qui le remet à sa place.

Malheureusement, je ne me souviens plus ni qui l'a faite, ni où elle a été présentée. Une idée, braves gens ?[/QUOTE]
ça n'est pas nouveau. Ca a été fait au 18ème ou au 19ème siècle. Je recherche l'info.
 
présentation hybride de deux oeuvres en miroir qui se répondent.
ici, deux versions d'un même tableau:

à lui seul, il condense l'histoire de la peinture de vélasquez à picasso en passant par grünewald, rembrandt, van gogh et graham sutherland...

francis bacon

painting 1946.
painting 1971.

bacon_painting1946.jpg

painting 1946

G.jpg

painting 1971
 
QUOTE=bompi;4586383]À propos de m*rde : un post limite hors-sujet.
Il y a quelques années, un(e) artiste (?) a créé et montré une machine reproduisant le cycle digestif humain : on lui donne des aliments et elle produit de la m*rde.
Je ne sais pas si c'est de l'art (la question reste ouverte ;)) mais je trouve l'idée intrigante.
En général, en imaginant une machine, on cherche à en concevoir une qui reproduise ou dépasse nos capacités intellectuelles ou, plus pragmatique, qui soit capable de remplacer l'homme dans son travail (quitte à développer de l'intelligence par la suite).
Là, finalement, on a une machine négative : produire des excréments ce n'est pas a priori très glorieux. J'aime bien cette tentative de reproduction mécaniste (et chimique) de l'homme, qui le remet à sa place.

Malheureusement, je ne me souviens plus ni qui l'a faite, ni où elle a été présentée. Une idée, braves gens ?


la machine dont tu parles s'appelle shit machine et l'artiste wim delvoye.
 
Ah je souhaitais en parler, merci de me le mettre sur un plateau:D

Ce qui est drôle (bon j'avoue c'est pas tordant non plus :siffle: ) mais ce que tu parles est le Cloaca de Wim Delvoy et c'est ce que représente mon avatar ( clin d'oeil pour LHO;) )

Le plus simple est d'aller voir le site par

Ps: Tu es trop rapide LHO....
 
La grosse différence, c'est la démarche. Amener des chevaux dans une salle n'a rien à voir avec la démarche de création de Goldsworthy qui, même si les oeuvres se ressemblent parfois, créé quelque chose. Il y a une rechrche sur la orme, sur l'esthétique et sur son intégration dans la nature.

il pleut. le type s'allonge sur l'herbe. il reste un temps. puis se lève.
il prend une photo de l'empreinte qu'a laissé son corps.

ce type est un grand marcheur, il s'appelle andy goldworthy.

cette proposition traverse tous les champs de l'art contemporain: le body-art, la performance, le land art et la photographie plasticienne.

le geste de kounellis est différent et comme précurseur, mais j'en ai déjà parlé...
 
présentation hybride de deux oeuvres en miroir qui se répondent.
ici, deux versions d'un même tableau:

à lui seul, il condense l'histoire de la peinture de vélasquez à picasso en passant par grünewald, rembrandt, van gogh et graham sutherland...

francis bacon

painting 1946.
painting 1971.

bacon_painting1946.jpg

painting 1946

G.jpg

painting 1971

Merci pour ce choix :zen: :zen:
Bacon est véritablement un génie selon moi, son oeuvre est d'une telle puissance.
En plus, comme l'indique LHO, avc Bacon il y a de nombreux clin d'oeils à des artistes qu'il appréciait. Dans ces 2 tableaux, l'éléments le plus frappant est le boeuf écorché non sans rappeler Rembrandt ou encore Soutine
 
Une question : le sujet est-il limité aux Arts Plastiques ? Parce qu'aussi bien, on pourrait parler musique (Varèse, Dusapin et Henry seraient mes premières contributions).
 
Une question : le sujet est-il limité aux Arts Plastiques ? Parce qu'aussi bien, on pourrait parler musique (Varèse, Dusapin et Henry seraient mes premières contributions).

Je t'avouerais qu'au début le but était comme le titre du fil (un peu présomptueux:D ) de refaire l'histoire de l'art, donc à priori cette discipline se consacre à l'art plastique...

Mais bon plus on est de fous plus on ris. Il pourrait être intéressant de faire des parallèles qui sont extrêmement nombreux avec la musique...

Si le coeur t'en dis fais-toi plaisirs tout en étant raisonnable;)
 
En dehors de l'ampleur des phénomènes, propre à notre époque [capacité de diffusion tant par le volume que par la variété des canaux par exemple], je ne vois pas en quoi l'art aurait précédemment échappé tant à l'argent qu'au pouvoir et à la manipulation ...

Certes. La remarque est frappée au coin du bon sens. Mais comme tu le dis toi-même "l'ampleur des phénomènes, propre à notre époque", c'est le système de production capitaliste, et plus particulièrement celui du cycle néo-libéral que nos économies vivent depuis 30 ans. C'est quand même assez différent des époques antérieures. Cela change le statut de l'art pour lequel s'est développé un marché, au sens proprement capitalistique du terme, avec ses professionnels, ses effets spéculatifs, ses bulles, ses krachs, ses cotations etc. Ce marché concerne aussi bien les œuvres anciennes que les œuvres contemporaines.

Pour l'art actuel, dit aussi "contemporain", la question est de savoir "ce qui en restera", c'est-à-dire les œuvres qui traverseront les effets de mode, de conjoncture ou encore de spéculation. Alors paradoxalement j'en viens à penser parfois que c'est le tant décrié Musée auquel échoit finalement le rôle de faire entrer des œuvres dans l'Histoire, en les soustrayant aux flux sans cesse changeants du marché. L'Institution comme volonté d'éternité ?

Il doit y avoir des tas de livres intéressants là-dessus. Malheureusement je n'ai plus le temps de les lire.
 
sur les vitraux et wim delvoye: la chapelle gothique (maquette).

delvoye2.jpg

(scènes pornographiques et radiographie de l'intérieur du corps humain).
 
ça n'est pas nouveau. Ca a été fait au 18ème ou au 19ème siècle. Je recherche l'info.

Je pense que tu fais référence au canard de Vaucanson, donc 18°. Mais le défi était alors technologique et non artistique.

Note : je viens de réaliser que le lien est suisse, et à certains détails je me demande s'il n'a pas été écrit par Mackie :D

Sinon, malgré tous vos efforts sur plus de 90 posts, je reste hermétique à l'art conceptuel. J'ai besoin qu'une oeuvre (littéraire, picturale, musicale, architecturale, et j'en passe) me parle. Ce qui n'est qu'exceptionnellement le cas avec l'art conceptuel ou les oeuvres, par exemple, de John Cage. Maintenant libre à qui veut de déclarer que c'est de l'art, ou pas. Nous disposons encore de ce droit la. :cool:
:zen:
 
Je pense que tu fais référence au canard de Vaucanson, donc 18°. Mais le défi était alors technologique et non artistique.

Note : je viens de réaliser que le lien esà certains détails je me demande s'il n'a pas é

il faut, alors, voir la machine de delvoye comme une relecture du canard de vaucanson.

rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme...
 
Certes. La remarque est frappée au coin du bon sens. Mais comme tu le dis toi-même "l'ampleur des phénomènes, propre à notre époque", c'est le système de production capitaliste, et plus particulièrement celui du cycle néo-libéral que nos économies vivent depuis 30 ans. C'est quand même assez différent des époques antérieures. Cela change le statut de l'art pour lequel s'est développé un marché, au sens proprement capitalistique du terme, avec ses professionnels, ses effets spéculatifs, ses bulles, ses krachs, ses cotations etc. Ce marché concerne aussi bien les œuvres anciennes que les œuvres contemporaines.

Pour l'art actuel, dit aussi "contemporain", la question est de savoir "ce qui en restera", c'est-à-dire les œuvres qui traverseront les effets de mode, de conjoncture ou encore de spéculation. Alors paradoxalement j'en viens à penser parfois que c'est le tant décrié Musée auquel échoit finalement le rôle de faire entrer des œuvres dans l'Histoire, en les soustrayant aux flux sans cesse changeants du marché. L'Institution comme volonté d'éternité ?

Il doit y avoir des tas de livres intéressants là-dessus. Malheureusement je n'ai plus le temps de les lire.

Des éléments de réponse à tes questions dans La crise de la culture de Hannah Arendt. Ce sont plus les effets du capitalisme que le capitalisme lui-même qui provoque une crise de la culture. Soit le loisir de masse qui est associé au marché de l'art. L'œuvre d'art requiert la permanence (c'est la thèse de base de Hannah Arendt : l'œuvre d'art est la plus haute forme de l'œuvre, pratique qui consiste à installer un monde permanent comme habitat humain). Le loisir est par essence destructeur, puisqu'il est consommation. Il n'y a donc pas de culture de masse. Paradoxe final : on peut à la limite penser une production d'œuvres d'art destinée uniquement à la consommation.
 
Des éléments de réponse à tes questions dans La crise de la culture de Hannah Arendt. Ce sont plus les effets du capitalisme que le capitalisme lui-même qui provoque une crise de la culture. Soit le loisir de masse qui est associé au marché de l'art. L'œuvre d'art requiert la permanence (c'est la thèse de base de Hannah Arendt : l'œuvre d'art est la plus haute forme de l'œuvre, pratique qui consiste à installer un monde permanent comme habitat humain). Le loisir est par essence destructeur, puisqu'il est consommation. Il n'y a donc pas de culture de masse. Paradoxe final : on peut à la limite penser une production d'œuvres d'art destinée uniquement à la consommation.

walter benjamin ne parlait-il pas de culture de masse au sujet du cinéma et de la photographie ?
 
walter benjamin ne parlait-il pas de culture de masse au sujet du cinéma et de la photographie ?

Effectivement. Notamment dans L'oeuvre d'art à l'ère de sa reproductivité technique. Et tout le problème de W. Benjamin est de savoir ce qu'il advient au sein de cette reproductivité et de la massification qui l'accompagne, reproductivité qui se manifeste dans le cinéma et la photo, de ce qu'il appelle l'aura, soit "l'unique apparition d'un lointain" par laquelle se définit l'œuvre d'art
 
Effectivement. Notamment dans L'oeuvre d'art à l'ère de sa reproductivité technique. Et tout le problème de W. Benjamin est de savoir ce qu'il advient au sein de cette reproductivité et de la massification qui l'accompagne, reproductivité qui se manifeste dans le cinéma et la photo, de ce qu'il appelle l'aura, soit "l'unique apparition d'un lointain" par laquelle se définit l'œuvre d'art


je crois qu'il dit que la photo tue l'aura de l'oeuvre.
 
je crois qu'il dit que la photo tue l'aura de l'oeuvre.

C'est ça. On peut rapprocher les deux notions : l'œuvre (H. Arendt) et l'aura (Benjamin). L'une et l'autre sont fondées sur l'idée de distance. L'œuvre est, selon H. Arendt, ce qu'il faut préserver en la conservant dans sa distance (c'est, selon elle, le "juste" rapport à l'œuvre). La massification, le loisir de masse rend toute chose accessible et détruit ainsi la distance et le lointain qui sont l'essence de l'art.