L'objet existe bien, mais selon un autre mode d'existence que, par exemple, dans le travail (ce pourquoi j'ai cité un article de Marcuse dans lequel il compare le jeu et le travail). L'objet du jeu n'a pas le même type d'objectivité. Il ne s'agit pas de le transformer, ce qui fait que l'homme qui joue n'a pas à conformer sa pratique à ses déterminations physiques.
Ne peut on pas considérer que la
valeur d'une carte fait partie de sa détermination physique? Le joueur ne doit-il pas adapter sa façon de jouer à sa "main"?
Le jeu suspend ces déterminations et les lois qui les régissent. Certes, l'objet a un poids, une forme, il est soumis à la gravitation, etc. Tout cela, le joueur doit en tenir compte. Mais ce n'est pas ce qui importe dans le jeu. C'est l'homme qui impose ses normes à l'objet en l'inscrivant dans les règles du jeu.
Effectivement, le plaisir du jeu prend en général le dessus sur l'objet en lui même et sa valeur (l'as plus puissant que Roi etc...) mais gagner fait partie intégrante du jeu et le joueur aliène donc son plaisir à l'objet (non pas la carte 2 faces/une épaisseur mais roi dame valet etc...) qu'il a créé c'est vrai.
L'homme n'impose pas de normes à l'objet pendant le jeu (mais s'y aliène) alors qu'il a donné une valeur (arbitraire) mais unique dans une règle du jeu pour que le jeu puisse être partagé/ou exister.
Et ainsi, il se libère bien de l'objectivité de l'objet telle qu'elle se donne dans le travail ou l'observation. Par là, comme dit Marcuse, "il conquiert un dimension de sa liberté que le travail lui refuse"
.
Oui, puisqu'il donne une valeur à l'objet, mais toujours en fonction de sa détermination physique (en considérant pour admis que la valeur/le signe fait partie de sa détermination physique quelque soit la valeur que lui donne l'homme et à laquelle il se conformera):
l'homme se conformera aux règles qu'il a fondées et donc s'aliènera à la valeur de l'objet.
L'homme a le pouvoir de donner de manière arbitraire n'importe quelle valeur à n'importe quelle
étant (être humain, monnaie, animaux etc....) mais cette valeur (symbolique) doit être acceptée ou reconnue par un ensemble plus vaste. CoBrA avait tenter de remplacer l'argent par l'Art...Utopie?
Et il se retrouve bien. Ou plutôt, il se trouve. Il n'est plus monsieur X travaillant. Il est le joueur. Il est celui qui se comprend dans le jeu plus vaste du monde.
Seulement dans le cas où il invente ses propres règles (et impose une valeur à un ou plusieurs objets quels qu'ils soient) dans l'instant* sans les inscrire dans le temps. Ceci afin de permettre à un autre individu de ne pas voir dans cette nouvelle utilité de l'objet les règles (et valeurs) imposées précédement et donc de faire preuve de liberté et de créer (créé t'on vraiment?)
* en admettant que l'instant implique spontanéité et (donc) libéré de normes et de conventions.
Quant à la question de savoir si, en général, l'objet éloigne l'homme de sa nature, il me semble d'abord que l'homme n'a pas de nature. Ensuite, il ne construit son identité qu'en consentant à ce rapport à l'objet, à l'altérité, en lequel, certes, il se nie, mais pour s'apprendre à lui-même ce qu'il est vraiment.
C'est ce qu'on appelle botté en touche:siffle:, Et tu contredis tout ce que tu avances plus haut...
Soit il n'a pas de nature et il n'a pas à se trouver puisqu'il se construit sur les objets qui l'entourent (si tu arrives à argumenter une telle affirmation, alors là....) et donc il est constamment en accords avec ce qui l'entoure (adieux boudhisme hi hi hi).
Soit il consent ce rapport à l'objet, il se nie pour apprendre qui il est vraiment, et dans ce cas existence d'une "conscience pré-objective", une NATURE fondamentale de l'homme, est indiscutable puisqu'il y a jugement/évaluation du monde...
LHO
si on enlève l'objet au joueur, le jeu s'annule non pas le joueur.
Ah bon? Tu reconnais à quoi un joueur de tennis? (seulement à ses mollets et son bras plus développé que l'autre). Il ne sera joueur que dans l'action. Le jeu par contre ne s'annule pas puisqu'il existe par ses règles.
ce retrait ne le libère pas ni le travestit (le travestissement étant une forme d'usurpation) mais l'ancre dans sa propre réalité, car c'est l'homme qui détermine sa relation à l'objet par les règles qu'il impose au jeu.
Le travestissement n'est pas une forme d'usurpation, mais un déguisement. A moins de se travestir en claudia shiffer ou benladen (qui sont devenu des icônes... cf Warhol). Si tu te déguise en MoksX ou CouleurSud, absolument personne ne remarquera le travestissement mais l'usurpation (au moins la personne concernée).
Un joueur ancré dans sa propre réalité est un homme/une femme.
Pour revenir au tableau de Delatour, le tricheur est bien plus important que le jeu, mais c'est le jeu qui lui permet de partager ses qualités avec le spectateur complice. Il s'appuie sur la valeur des cartes (utilise/maitrise son aliénation et celle des autres joueurs) pour exister et montrer l'image qu'il souhaite donner de lui, celle d'un tricheur de valeur. Alors qu'en face, tout clinquant, le jeune homme passe pour un benet qui ne pense même pas à sa situation d'aliénation qui lui masque une réalité (le nez dans ses cartes) qui est toute proche et ostensible.