Et si on refaisait l'histoire de l'art?

  • Créateur du sujet Créateur du sujet antoine59
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Les livres, c'est beau, certes.
Mais encore faut-ils les rangers avec classe :D
(Ca me permet de mettre un peu de design :siffle: ;) )
Bibliothèque Partner, Meda Alberto-Rizzatto Paolo, Centre Pompidou
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Matisse, Jazz, 1947
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Le livre du temps

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LE LIVRE DU TEMPS est ouvert et seul le soleil peut nous y indiquer le moment présent.
Un peu au dessus, un stylet y projette son ombre huit heures Solaires chaque jour; c'est une HORLOGE SOLAIRE. Le livre est posé sur notre planète qui tourne sur elle-même autour de l'axe des pôles nord et sud, un tour vaut un jour de 24 heures solaires.
Le plan du livre et du style sont parallèles à cet axe et tournent de même. Lorsque GENK fait face au soleil, à la moitiée du jour, l'ombre du style se porte au milieu du livre sur la ligne de midi. Le cadran permet de lire les quatre heures avant et après le passage apparent du soleil au méridien de GENK. Au long de l'année, l'HEURE SOLAIRE est inégale du fait des variations de vitesse et de position de la Terre.
 
On Kawara. One Million Years (past) (1971)

L'œuvre est une présentation de l'histoire de l'humanité en quatre mille pages. Les évènements, les êtres et les choses y sont présentés sans aucune distinction, placés sur le même plan. On Kawara décrit ainsi un temps neutre, lisse, où tous les faits s'équivalent, sans direction finale ni évolution

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Variation n°10

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Le Caravage, Saint Jérôme, Huile/toile, 112 x 157 cm, Rome, Galerie Borghèse.

Tableau fort intéressant à plus d'un titre. Le sujet, lié à une vanité par la présence du crâne, mais aussi au point de vue plastique. Oeuvre tardive du Caravage, où il atteint une pleine maîtrise du coloris sans tomber dans l'exagération du clair-obscure violent de ces oeuvres précédentes.
 
Je ne pouvais quand même pas remettre On Kawara. Alors qu'il pourrait figurer en bonne place dans ma sélection d'artistes. Voilà un artiste dont j'aime poursuivre le travail dans ma propre pratique.
Donc je montre, entre autre, des pages du Codex de Léonard de Vinci. Parmi les merveilles de ses quelques treize mille pages, il y a pour moi, l'écriture spéculaire. Je suis fasciné par ce codage qui relève, à mon sens aujourd'hui, d'un jeu d'écriture auquel je jouais enfant avec un stylo dans chaque main.

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L'homme de Vitruve, Léonard de Vinci, fac-similé du Codex.
Léonard de Vinci, Codex du vol des oiseaux.
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Marcel Duchamp, La Mariée mise à nu par ses célibataires, meme ; aussi appelé La Boîte verte, Paris: Editions Rose Sélavy, 1934.
Jeu d'échecs de pochet, a appartenu à Marcel Duchamp.
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Cela fait-il de lui un livre d'artiste, ou simplement un livre ayant appartenu à l'artiste ?


Après ces trois grands artistes, je vous montre une de mes pièces. Dépeinture. Cette sculpture est un autoportrait, plus précisément, un récit autobiographique rédigé comme le jeu que j'évoquais plus haut, qui donne un effet d'images textuelles analogue au test de Rorschach.
Le spect-acteur, en plus de produire une action de lecture, produit une sculpture vivante en fonction des différents modes de présentation.

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Arnaud Cuillandre, Dépeinture, exemplaire 01 / 12, 303 x 217 x 33 mm, mixed media, © 2007. Photo © Olivier Obry 2007​
 
Patrick Corillon

artiste belge qui travaille les mots, le langage dans des constructions narratives qui mêlent textes et photographies.
invente des histoires (les aventures de son personnage Oskar Serti) en créant un rapport inédit entre l'image et le texte.

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"À vingt ans, Oskar Serti affichait de telles prétentions quant à ses connaissances littéraires qu’il s’interdisait de reconnaître en public son ignorance d’un quelconque livre.
Ainsi, même si l’on évoquait en sa présence des romans qu’il ne connaissait pas, Oskar Serti était passé maître dans l’art de s’intégrer dans la conversation et de parler avec conviction de ce qu’il n’avait pas lu. Emporté par son imaginaire, il s’inventait inconsciemment les scénarios qu’il supposait être contenus dans ces livres et, sans vergogne, attribuait à de célèbres auteurs des histoires qui n’étaient que pure production de son esprit.
Bien plus tard, lorsqu’il prit finalement la peine de lire quelques-uns de ces romans, il eut la très vive impression d’y retrouver mot pour mot les mêmes récits que sa fougueuse ignorance avait jadis engendrés. Par un cruel retour des choses, il se sentit alors dépossédé d’œuvres qu’il considérait comme faisant également partie de ses créations.
Pour que le public puisse enfin reconnaître son statut d’auteur à sa juste valeur, Serti décida de faire publier ces histoires sous son propre nom."

Patrick Corillon.
 
(…)

"À vingt ans, Oskar Serti affichait de telles prétentions quant à ses connaissances littéraires qu’il s’interdisait de reconnaître en public son ignorance d’un quelconque livre.
Ainsi, même si l’on évoquait en sa présence des romans qu’il ne connaissait pas, Oskar Serti était passé maître dans l’art de s’intégrer dans la conversation et de parler avec conviction de ce qu’il n’avait pas lu. Emporté par son imaginaire, il s’inventait inconsciemment les scénarios qu’il supposait être contenus dans ces livres et, sans vergogne, attribuait à de célèbres auteurs des histoires qui n’étaient que pure production de son esprit.
Bien plus tard, lorsqu’il prit finalement la peine de lire quelques-uns de ces romans, il eut la très vive impression d’y retrouver mot pour mot les mêmes récits que sa fougueuse ignorance avait jadis engendrés. Par un cruel retour des choses, il se sentit alors dépossédé d’œuvres qu’il considérait comme faisant également partie de ses créations.
Pour que le public puisse enfin reconnaître son statut d’auteur à sa juste valeur, Serti décida de faire publier ces histoires sous son propre nom."

Patrick Corillon.

Ce lien, rajouté à la dernière minute, était indispensable pour apprécier pleinement le travail de ce belge ! ;)
 
continuité d'une discussion sur la danse et Mary Wigman entre autre et Pina Bausch en particulier:

dans le cadre de "Vidéo Danse" au Centre Georges Pompidou:

un documentaire sur Mary Wigman (1886 - 1973):
"Quand le feu danse entre les deux pôles" réalisé par Allegra Fuller Snyder (1982).

notes éparses:
Mary Wigman prend conscience du mouvement et de l'espace en se déplaçant dans sa chambre.
"recherche d'un espace dans l'espace: la danse" (Mary Wigman).
par l'entremise du peintre expressionniste Emile Nolde elle devient l'élève de Rudolf Laban, chorégraphe et théoricien allemand qui élabora une notation du mouvement.
sa danse privilégie le mouvement et sa dynamique.
danse en plein-air. aspect communautaire et pédagogique de sa démarche.
jeu avec les masques.
masque et transfiguration.
solos des "paysages mouvants".
une gestuelle expressive et résolument d'avant-garde pour l'époque.

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Mary Wigman.

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"Dance" (1979-2008)
Lucinda Childs (née en 1940)_ Philip Glass (né en 1937)_ Sol Lewitt (né en 1928)

partition chorégraphique d'une précision mathématique sur une musique répétitive de Philip Glass.
variations et figures géométriques.
jeux sur l’orientation, l'espace et les déplacements.

dispositif multimédia de Sol Lewitt qui intègre la projection d'un film en noir et blanc réalisé avec les danseurs de l'époque.
contraste entre la couleur et le grain de l'image projetée.
simultanéité des instants dans les figures du doubles et les trajectoires.
mouvements traversés ou contrariés.
différences et répétitions.

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Lucinda Childs. Dance. 1979-2008.

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"Orphée et Eurydice"
de Pina Bausch (née en 1940).
un opéra danse d'après l'oeuvre de Gluck. (1975-2008)

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Pina Bausch.


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[/FONT]
création mondiale le 23 mai 1975.
Malou Arauldo (Eurydice) et Dominique Mercy (Orphée).[FONT=&quot]


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malgré les conditions de projection (espace semi-ouvert, mauvaise acoustique et une foule des grands jours)
j'ai assisté à l'un des plus beaux spectacles qui m'est été donné de voir.
j'avais d'abord tout raté.
la double diffusion: celle de l'Opéra Garnier en février 2008 (plus de places depuis longtemps...) et la diffusion en live sur Arte (je n'ai pas de télévision).
... et ... j'étais à la campagne...
donc séance de rattrapage.

spectacle d'une grande intensité dramatique avec une scénographie épurée et minimaliste.
une tonalité grise et sombre réveillée par la couleur blanche, rouge et noire des étoffes.
dédoublement des personnages sur scène incarné par un corps (un danseur) et une voix (un chanteur).
cette alliance inouïe du chant et de la danse confère à ce spectacle une forme de théâtralité incroyable.

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[/FONT]
enfin, le choeur infernal (ombres enveloppées de linceul ou spectres en perdition) traverse cet espace en créant des mouvements, des ruptures, avec des régimes de vitesse variables.
à la fin de l’opéra, quand la mort envahit la scène dans ces mouvements incessants et arrêtés on atteint le sublime du tragique.

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le motif dramatique est magnifié par la somptueuse musique de Gluck et se termine par la mort d'Orphée et la seconde mort d’Eurydice.
en cela Pina Bausch "trahit" l'oeuvre de Gluck qui lui avait donné un dénouement plus heureux où Eurydice retrouve la vie.

une interprétation rare et puissante.

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Pina Bausch. Orphée et Eurydice. 2008.

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depuis, écoute en boucle de l'oeuvre de Gluck...

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un spectacle qui vient d'entrer au répertoire de l'Opéra de Paris (en 2005).
en attente, donc, d'une prochaine représentation...

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Au comptoir, deux sujets de discussions brûlants entraînent de nombreuses réactions.
Sans vouloir déborder dans ce fil, je souhaite simplement montrer deux artistes coréens.
Par certains aspects, j'entrevois une corrélation entre les travaux montrés et les événements en asie.




[YOUTUBE]nS3W9YOuh5A[/YOUTUBE]
June-Bum Park, I Parking (2001-2002), video.



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Do-Ho Suh, Floor, détail (1997-2000), figurines et PVC, verre, résine. 40 éléments de 100 x 100 cm chacun.

suh-2b.jpg

Do-Ho Suh, Floor. Présenté en 2001 dans le pavillon italien lors de la 49 ème biennale de Venise.
 
bonsoir aCLR,

je ne connaissais que le second pour avoir lu un article sur lui dans Artforum.
avec Lee Bull (récente expo à la Fondation Cartier), une artiste qui travaille sur les relations entre la beauté et le délabrement, il fait partie de ses artistes coréens qui investissent l'espace contemporain.

quand à June Bum Park (que je découvre), il y a plusieurs niveaux de réalité et de lecture entre fiction, intrusion, manipulation... et illusion.
 
bonsoir aCLR,

je ne connaissais que le second pour avoir lu un article sur lui dans Artforum.
avec Lee Bull (récente expo à la Fondation Cartier), une artiste qui travaille sur les relations entre la beauté et le délabrement, il fait partie de ses artistes coréens qui investissent l'espace contemporain.

quand à June Bum Park (que je découvre), il y a plusieurs niveaux de réalité et de lecture entre fiction, intrusion, manipulation... et illusion.

Bonsoir LHO,

je l'ai découvert aussi en faisant ma recherche d'images concernant Do-Ho Suh. Et plutôt que de poster plusieurs œuvres de Suh, la mise en résonance c'est induite elle-même.


Je te rejoins sur ton analyse de June Bum Park. Les autres images extraites de ces vidéos partent de ce même jeu autour de scènes filmées. Je trouve cela assez passionnant comme approche gestuel.
JB20_bitforms.jpg

June Bum Park. Crossing (2002).
 
Bonsoir LHO,

je l'ai découvert aussi en faisant ma recherche d'images concernant Do-Ho Suh. Et plutôt que de poster plusieurs œuvres de Suh, la mise en résonance c'est induite elle-même.

Je te rejoins sur ton analyse de June Bum Park. Les autres images extraites de ces vidéos partent de ce même jeu autour de scènes filmées. Je trouve cela assez passionnant comme approche gestuel.

June Bum Park. Crossing (2002).


Building est excellent, notamment.

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sinon vu exposition de Jan Fabre au Louvre ou comment un belge investit les salles de peintures de l'Ecole du Nord...
en contrepoint.
 
sinon vu exposition de Jan Fabre au Louvre ou comment un belge investit les salles de peintures de l'Ecole du Nord...
en contrepoint.

J'ai vu ce wd, cette "appropriation" de l'espace par Jan Fabre.
Mais le plus drôle, est que j'allais pour étudier un "Roger Van der Weiden" :D , sans savoir qu'avait lieu cette "exposition".
Je vous avouerais, que j'ai eu du mal à me concentrer sur ce mon retable du XVe :D .
 
Building est excellent, notamment.

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sinon vu exposition de Jan Fabre au Louvre ou comment un belge investit les salles de peintures de l'Ecole du Nord...
en contrepoint.

J'ai vu ce wd, cette "appropriation" de l'espace par Jan Fabre.
Mais le plus drôle, est que j'allais pour étudier un "Roger Van der Weiden" :D , sans savoir qu'avait lieu cette "exposition".
Je vous avouerais, que j'ai eu du mal à me concentrer sur ce mon retable du XVe :D .

Pas vu ! :rateau:

J'espère en profiter avant le 7 juillet 2008 ! :D

;)
 
Un petit parallèle en image juste pour le plaisirs :siffle: :D

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Richard Serra, Dans son atelier (Splashing), 1967.

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Matthew Barney, The Order, 2003.