La propriété des idées n'est pas si récente que ça, par contre. Mais c'est pas un point important, passons.
Au contraire, la propriété intellectuelle
* sous la forme que nous connaissons aujourd'hui est assez récente. Et c'est un point très important.
Le droit fondamental à la propriété qui est cité dans l'article deux de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 ne faisait pas référence à cette propriété-là.
* d'ailleurs, le terme « propriété intellectuelle » a moins de 50 ans.
Tu crois que le droit de propriété sur les biens matériels n'est pas une histoire de profit, et dont les plus puissants bénéficent plus que les "petites gens" ?
Le problème d'un bien matériel, c'est qu'
une seule personne peut la détenir matériellement à un moment donné. Ce n'est pas le cas d'un bien immatériel, qui peut être partagé simultanément par un nombre illimité de gens sans que personne n'en soit privé.
La propriété des biens matériels donne avant tout au propriétaire le droit de
garder son bien afin d'en profiter. Il peut le louer s'il le souhaite, mais ce n'est pas une obligation, et encore moins le cas général.
La propriété des biens immatériels donne principalement à la personne déclarée propriétaire le droit de
réclamer de l'argent (voire d'imposer une interdiction) à toute autre personne qui souhaite profiter de biens immatériels suffisamment
similaires au sien.
Par ailleurs, on aurait pu s'attendre à ce que le principe d'une « juste contrepartie » à la création d'une œuvre de l'esprit se réalise dans la rémunération du travail effectué pour cette création, comme c'est d'ailleurs le cas pour l'immense majorité des créateurs, qui sont salariés (bref, généralement des « petites gens », comme tu dis).
Or, dans les faits, l'œuvre immatérielle donne droit au versement d'une
rente (c'est-à-dire d'une rémunération en l'absence de travail), notamment à destination des « ayant-droits » (c'est-à-dire de personnes généralement étrangères à la création l'œuvre), et sur une durée abusivement longue (dépassant très largement le temps nécessaire à une juste rétribution et à un retour sur investissement, et bien souvent au-delà du décès de l'auteur).
On peut parler de vol... car il s'agit bien de vol. On n'est pas obligé de parler de la qualification pénal des faits, et de tout formuler exactement selon le jargon juridique.
Et pourquoi pas parler de crime ou d'assassinat pendant qu'on y est ? Certains se plaisent déjà à parler de « pirates »...
Les mots ont un sens qui est important pour juger des faits. Et la contrefaçon n'est pas le vol. Si tu ne faisais pas l'amalgame, je ne pense pas que tu tiendrais des propos aussi véhéments.
( Dans le même ordre d'idée, pour les œuvres de l'esprit on ne doit pas non plus parler de « vente », mais de « concession de licence ». Le pékin qui pense « acheter » un film, une chanson, un roman ou un logiciel n'en devient pas propriétaire. Il obtient seulement le droit d'en jouir, droit qui pourrait d'ailleurs lui être retiré à tout moment. )
... Ou alors on pourrait tous se laisser aller à utiliser le vocabulaire qui convient mieux à nos envies, nos humeurs et nos préjugés... Par exemple, on pourrait cesser de dire qu'on «
achète un titre » et prendre à la place l'habitude de dire qu'on «
cède au racket des Majors ». Si on le faisait, je pense qu'on en viendrait certainement assez vite à modifier les lois et la façon dont on organise l'accès à la culture dans notre pays.
Mais actuellement, c'est le mot « vol » qu'on met dans la bouche des gens. Va savoir pourquoi... :siffle:
Et pour ce qui est du respect de la loi et de la morale... Sais-tu qu'en France, conformément à un texte toujours en vigueur aujourd'hui, les femmes n'ont toujours pas le droit de porter de pantalon (sauf si elles tiennent une bicyclette ou un cheval
). Comment qualifierais-tu donc ce « crime » ?