Grace Jones
Hurricane
Mon dernier achat. Pitin cet album est bon. Je sens la patte
Massive Attack/Craig Armstrong*. C'est noir et sombre comme a pu l'être
Mezzanine, c'est sophistiqué et brut, voir brutal. Sensuel et troublant comme peut l'être la grande Ms. Jones. Toujours à la limite, troublante dans cette féminité (la voix)/masculinité (l'apparence) androgyne mais sans équivoque sur qui elle est ou qui porte le pantalon. A 25 ou à 60 ans, elle est impressionnante. Même de loin, je peux vous dire que les gens se retournent. Respect.
On y retrouve les influences reggae/dub et clairement du rock aussi, avec quelques résonnances industrielles (
Devil in my life particulièrement,
Hurricane évidemment). Une pure course, caméra ras du sol, en patin ou long-board, béton, bitume, la rue, couloir d'aéroport. Urbain. Contraste boucle et délié, instrument/voix. Je pense à
Hannibal dans
Corporate Cannibal avec en parallèle l'évocation de la brutalité d'un monde des affaires, qui, digital et irresponsable, se soucie peu de ce qu'il provoque, la globalisation et la Bourse "
I'll consume my consumers/with no sense of humor", ce corporate là, c'est le capitalisme suivant K. Marx, étonnamment et même, dès la pochette du disque, un message quasi politique sur l'exploitation de l'Homme et de l'Homme Noir en particulier, on la sent désirant détruire ce monde là, si elle le pouvait. Guitares distordues à
My Life in the Bush of Ghosts d'Eno/Byrne. Emotions incroyables sur
I'm crying (Mother's Tears), on peut penser à un texte autobiographique et à sa vie de mère** et de fille.
Williams' Blood: Co-écrit avec
Wendy et Lisa, courbes et volutes, hymne à la musique et à ses parents, encore (son père, pasteur), qui se termine en gospel.
Well Well Well/This is/Hurricane: sans doute les titres les plus classiques, un goût des débuts
entre reggae/dub/rap ou alors pour cette voix incroyable, ce rythme :love: Et même
Hurricane surprend, en compagnie de Tricky, alors qu'il circulait sous d'autres noms et d'autres remixes depuis plus de 15 ans, apparaissant même dans le générique d'un film.
Ca valait bien la peine d'attendre 20 ans, Ms. :zen:
* certains reconnaitront les synthés/violons sur un certain nombre de plages (Hurricane/Devil in my life entre autres)
** [/I]Paul, fils de Jean-Paul Goude, musicien lui aussi, co-écrit Sunset Sunrise, danse sensuelle et nostalgique, chaloupée, à l'intro me faisant penser à La vie en rose