A
Anonyme
Invité
J'ai toujours bien aimé la marque « Apple », ou, en tous cas l'idée que je m'en suis fait pendant des années. Avant de commencer à taper sur mon clavier pour écrire ce texte, mon premier réflexe a été de rechercher la police Helvetica, ou à défaut Chicago. Il faut bien reconnaître qu'à mes débuts d'utilisateur d'ordinateur, Apple Computer représentait une sorte de Robin des bois de l'informatique. On se souvient de la pub pour le Macintosh en 1984 : « Grâce à Apple, 1984 ne ressemblera pas au fameux roman... ». Les quatre gars qui pensaient différemment et construisaient des ordinateurs pas comme les autres dans le garage des parents de l'un d'eux. Il y avait Steve Jobs, Steve Wosniak, Bill Atkinson (mon préféré pour le côté génial de MacPaint et surtout d'HyperCard) et j'ai encore oublié le nom du quatrième. Bien sûr tout cela était plein de romantisme : le drapeau noir à tête de mort qui flottait au dessus des bureaux de Cupertino qu'ils ont loués par la suite; Steve Wozniak qui se baladait dans les couloirs nu pieds, une cannettes de bière à la main, et Jobs qui vous répondait à n'importe qu'elle question par #include <stdio.h> void main() { str to ptr*... Avec un Mac, on avait l'impression d'être rebelle contre la société bien lisse et établie que le méchant géant IBM voulait nous imposer. Sex Drug and Macintosh aurait pu devenir notre devise. Bref, je vous parle d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, bien entendu, puisque cela date de 25 ans en arrière. En un quart de siècle les choses ont bien changées : Steve Jobs s'est entouré d'épiciers tels que John Sculley pour diriger sa boîte. Les épiciers ont fini par le contrarier au point qu'il ait claquer la porte d'Apple au milieu des années 90 pour aller créer « Next » (Ambitions techniques époustouflantes pour finir par vendre moins de mille machines qui avaient dix ans d'avance au tarif de dix ans en arrière, un vrai flop...Sacré Steve). Et puis le voilà qui revient à ses premières amours. La presse informatique ne se lassait pas de titrer sur le retour du père d'Apple au moment où l'entreprise était tombé si bas qu'elle prostituait des modèles bas de gamme dans des grandes surfaces entre les aspirateurs sans sacs et les robots multi-fonctions ( vous vous souvenez des PowerMacintosh? Grosse télé noire fabriquée en Chine...) Steve ne revient pas les mains vides, il a compris deux ou trois choses après son expérience de Next Computer (devenu par la suite NextStep) : 1. Unix est le roi des systèmes d'exploitation 2. La micro-informatique individuelle ne trouvera son sens qu'en étant communicante sur le réseau encore tout jeune du World Wide Web qu'on appelle déjà internet. Ce petit « i » que Jobs met devant toutes ses inventions vient de là : i pour internet. En l'espace de quelques mois l'OS (9) qui faisait la force et la différence d'Apple est jeté à la poubelle, contre le mécontentement et la frustration des milliers d'utilisateurs fidèles qui le revendiquent (encore aujourd'hui), on voit apparaitre du côté de Cupertino tout un tas de iTrucs. Il renouvelle en le réinventant l'exploit du Macintosh : une machine compact, sans tout un tas de fils qui entrent et sortent de partout. Les iMac sont de dignes descendant de cette philosophie. Mais Jobs a déjà l'esprit occupé par autre chose que la micro-informatique. Une vieille histoire qui s'était soldé à l'époque par un fiasco commercial, un de plus, et qui s'appelait fièrement « Newton ». Depuis cette échec, la technologie a évolué et les réseaux GSM se sont développés. Jobs engage Apple dans la course contre Blackberry en produisant un téléphone entièrement tactile dont le contenu peut évoluer en fonctions des téléchargements d'applications. Et pour télécharger bien entendu faut payer... voilà comment on passe mine de rien du statut d'inventeur et de visionnaire de génie à celui de marchand de soupe pour un public plein aux as et avide de se montrer avec les derniers gadgets à la mode. Aujourd'hui, le marché de la micro-informatique ne représente plus que très peu pour Apple qui vit principalement grâce à la téléphonie mobile et au téléchargement légale sur sa plate-forme payante iTunes (tiens, encore un iTruc). Aujourd'hui, pour un ancien défenseur de la firme de Cupertino tel que je l'ai été pendant de longues années, la philosophie et la culture initiale de l'entreprise Apple n'existe plus. Je ne sais pas si Jobs est le vers qui était dans le fruit depuis le début mais je sais qu'aujourd'hui la pomme est pourrie. Quand je tape ces lignes, encore sur un mac bien qu'il tourne désormais sous Linux, je regarde avec tristesse la touche « pomme » qui ne sert plus à rien et qui préfigure peut-être l'avenir de ceux qui l'avait conçu initialement. Pomme-Q.
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