Accounting for the ethnic unemployment gap in France and the US
Un article intéressant vient de paraître sur le très bon portail économique VoxEu.org.
Partant du constat que le taux de chômage des immigrés d’origine africaine en France est supérieur de 6 points à celui des nationaux (aux E.-U., l’écart entre blancs et noirs est de 9 points de pourcentage), l’étude de Gobillon, Rupert et Wasmer montre qu’une part non négligeable de ce décalage peut être expliquée, en France, comme aux E.-U., par des facteurs purement spatiaux, le temps de déplacement domicile-travail des immigrés ou des noirs américains étant plus long. En France, cette donnée pourrait expliquer entre 17% et 25% de la différence observée entre les taux de chômage des minorités immigrées et des nationaux.
Cette étude confirme trois faits bien connus des sociologues, géographes et économistes qui ont étudié la question, bien qu’ils restent souvent ignorés du grand public.
- La concurrence qu’apportent les immigrés aux nationaux est limitée, compte-tenu de leur taux de chômage plus élevé et de leur spécialisation dans certains secteurs d’activité ou certains postes particuliers. Les effets de l’immigration sur le marché du travail sont en fait mitigés. Elle contribue à accroître légèrement le taux de chômage global, mais aide en contrepartie à répondre à la pénurie de main-d’œuvre que connaissent divers métiers.
- Les discriminations à l’embauche ne peuvent pas être considérées comme les seules responsables du taux de chômage élevé des immigrés. Ne s’attaquer qu’à ces causes ne fera pas disparaître entièrement ces disparités.
- Les ségrégations socio-spatiales sont bien connues pour les E.-U., mais sont moins étudiées dans le cas français. Eles jouent pourtant un rôle important et tendent à s’accentuer, compte-tenu des caractéristiques du marché de l’immobilier en France. Là aussi, la ghettoïsation ne relève pas forcément d’une volonté de mise à l’écart de telle ou telle catégorie de population, mais s’inscrit dans une logique économique (on se loge là où les loyers sont faibles) ou socioculturelle (on se regroupe par affinités).