je crois que je vais casser un peu l'ambiance super héros.
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dans le cadre du
Festival Paris Cinéma,
vu une rétrospective du cinéaste finlandais Aki Kaurismäki et quelques avant-premières.
Aki Kaurismäki, construit une oeuvre minimaliste et hautement cinéphile (références à la Nouvelle Vague, au polar des années 50, à la comédie noire, au film muet et à Robert Bresson).
au début, dans un noir et blanc charbonneux et expressionniste (ombres obliques à la Caravage-Murnau), ensuite avec la couleur qu'il utilise en larges aplats où dominent le rouge et le bleu, il construit tous ses plans comme des tableaux.
artiste de l'ellipse et de l'épure, il met en scène avec une économie de moyens incroyables (sécheresse des dialogues, abus du plan fixe) les losers, les marginaux, les laissés-pour-compte, les exclus d'une société encore englué dans son histoire et son passé.
à la manière d'un Fassbinder, il a sa tribu, une famille d'acteurs et de comédiens fidèles dominée par la figure iconique de Kati Outinen, qui traverse presque toute sa filmographie.
une oeuvre désenchantée qui oscille entre tendresse, mélancolie, solitude et burlesque.
une oeuvre très musicale, aussi, avec de nombreuses références au rock des années 80, aux bals populaires et au rock finlandais (notamment Les Leningrad Cowboys, dont il réalise les premiers clips et trois films).
et une apparition de Joe Strummer, des Clash, dans un troquet parisien enfumé, dans
J'ai engagé un tueur...
dans sa
filmographie, il y a une oeuvre à part,
Juha ou le dernier film muet du XX ème siècle avec une partition musicale qui navigue entre jazz-folk-bal popu, musique de film d'horreur et rock désuet.
oeuvre qui tourne en
live de part le monde depuis 10 ans.
(ce film ouvrait la rétrospective de Kaurismäki avec un ciné-concert à la Cinémathèque française).
Aki Kaurismäki. Leningrad Cowboys. L.A. Woman.
[youtube]cj0Ydm06aPw&hl=en&fs=1[/youtube]
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Lake Tahoe
film mexicain de
Fernando Eimbcke.
un film tout en plan fixe avec des fondus au noir qui rythment cette fausse errance sur une île aux paysages minimalistes et dépouillés du Yutacàn.
un accident de voiture provoque une recherche et des rencontres insolites (un homme et son chien, un ado passionné de Kung-fu, une punkette fille mère et désoeuvré).
en filigrane se dessine un drame plus intime.
Lake Tahoe.
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In Love We Trust
(
Une Famille Chinoise dans la version française).
par le réalisateur de
Beijing Bicycle,
Wang Xiaoshuai.
à travers l'histoire d'une petite fille atteinte de leucémie et d'un quatuor de quadras divorcés, une exploration de la classe moyenne supérieure dans la Chine contemporaine. dans des décors urbains anonymes et comme déshumanisés, ces deux couples doivent faire face à des choix de vie.
des plans longs, une mise en scène dépouillée quasiment sans musique qui renforce cette impression d'étouffement et de réalité.
In Love We Trust.
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Night and Day
de
Hang Sang-Soo (
Le Pouvoir de la Province de Kangwon)
ou les tribulations d'un peintre coréen à Paris.
une sorte de Don Juan lunaire et loufoque, passablement imbibé dans un Paris estival.
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Dorothy
d'
Agnès Merlet (
Le Fils du Requin)
un thriller aux confins du fantastique dans une communauté religieuse et insulaire au large de l'Irlande.
une psychiatre se porte volontaire pour suivre le profil psychologique de Dorothy Mills atteinte du syndrome de personnalités multiples.
une composition effrayante de la jeune Jenn Murray dans l'alternance de ses états de personnalité.
bande annonce.
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Hunger
de
Steve MacQueen
un vidéaste expérimental qui réalise, ici, son premier long.
l'évocation de la prison de Maze à Belfast, pendant le "Blanket and Dirty protest" (1981), qui décrit le quotidien effroyable des prisonniers politiques de l'IRA qui refusent de porter l'uniforme des prisonniers de droits communs et de se laver.
et les derniers jours de Bobby Sands.
un film tendu, sans concession, avec un plan de fin incroyable, filmé comme un thriller, où le jeune Bobby Sands court dans une forêt luxuriante et oppressante.
Hunger_trailer
[youtube]eMmxQkhsq3w&hl=en&fs=1[/youtube]
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et quatre films par le maître du Lu Chia-liang (Kung-Fu):
Joseph Kuo.
où l'on voit, pour la première fois au générique, le nom de Yuen Woo-Ping futur chorégraphe des combats de
Matrix et de
Tigre et Dragon.
le premier film de Joseph Kuo,
The Swordsman of all Swordsmen (1968) est plus un film de Chambarra (film de sabre) avec un final époustouflant au bord de l'océan.
gestes épurées et lents travellings horizontaux dans une lumière incroyable.
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Festival Paris Cinéma 2008.
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