@Sly54
Alors je vais repartir surunLE thème universel qui se présente à moi...
THEME
" AMOUR DÉCHU "
MOTS A INCLURE DANS LE TEXTE
AME
DÉSESPOIR
COEUR
DIGNITÉ
ADIEU
[ Le texte le plus émouvant aura ma préférence ]
La date limite symbolique sera celle de la déclaration à mot-couvert soit le 24, d'où la fin du thème le Mercredi 24 Mars à 00h01.
Line
Tout commença sur Internet, comme souvent depuis le début des années 2000. Un salon IRC, puisque je fais partie des rares populations à les fréquenter encore.
Je venais en ce lieu virtuel sans autre but que de m'amuser. Et ce fut pour ainsi dire l'inverse qui se produisit, lorsque je découvris l'un des nombreux pseudos que Line utilisait à cette époque, tous en rapport avec le danger de mort ou le suicide.
Un pseudo tel que "je vais me suicider" m'attire de façon absolue.
Je ne parle pas ici d'une attirance qui s'opérerait dans le cadre d'un jeu de séduction. Un tel pseudo m'attire comme un aimant.
De jolies filles peuvent m'attirer par leurs attributs flatteurs, leurs sourires, leur humour, ou n'importe quoi de plaisant.
Mais si pour n'importe quelle raison, une fille me semble en souffrance ou en difficulté, et si je crois pouvoir lui venir en aide, les autres filles disparaissent comme par enchantement.
Dès nos premier dialogues, et bien avant notre première rencontre physique, Line me sembla au désespoir, prisonnière de traumatismes et d'obsessions. Je voulais l'en délivrer. La suite me prouva que je ne pourrais, au mieux, que l'en distraire provisoirement.
Les gens normaux pensent à des centres d'intérêt communs, ou à une proximité géographique, ou à une sorte de combinaison des deux.
Lorsque je suis sérieux, je ne me tourne que vers les filles que je crois pouvoir aider.
Comme si le pouvoir de toucher mon cœur n'était accessible qu'à une âme perdue.
Repenser à Line me renvoie à des souvenirs touchants, joyeux, positifs...
Mais aussi, il faut bien l'avouer, à des séquences cauchemardesques et parfois même assez tristement spectaculaires.
Comme cette soirée difficilement oubliable...
Nous avions rendez-vous à la pizzeria où nous avions nos habitudes.
Son retard s'étant prolongé, et mes échanges de textos avec Line ne m'ayant pas rassuré, je pris la décision d'annuler le restaurant et de me rendre chez elle.
Il me fallut alors attendre sur son pallier, car elle refusait de m'ouvrir. Je n'en fus pas spécialement étonné, ayant parfois attendu plusieurs heures non pas sur son pallier mais devant chez elle, sur le trottoir.
Puis arrivèrent dix policiers armés. S'étant rendus sur place avec plusieurs fourgons. Cette fois-ci, Line avait quand même réussi à m'étonner, et d'une manière que j'aurais préféré éviter.
Mon identité fut longuement vérifiée par les policiers, et certains discutèrent avec elle sans qu'il me fût jamais possible d'entrer dans le studio de Line, celle-ci ayant refusé de me voir ce soir-là.
La séquence dura des heures. Je demandais aux policiers des nouvelles de Line, et ne recevais que des informations succinctes en échange.
En répondant à leurs questions, je leur dis que j'étais le "petit ami" de Line, que ce qui s'était physiquement passé entre nous n'avait eu lieu que dans le cadre d'un consentement mutuel absolu.
Mais il me fallut dire aussi que Line était une personne fragile psychologiquement, et que je savais qu'elle avait été violée deux fois dans sa vie, à plusieurs années d'intervalle, par deux violeurs différents. L'une des raisons pour lesquelles il lui arrivait encore d'avoir peur des hommes. L'une des raisons pour lesquelles il m'avait été difficile de gagner sa confiance. Dans le domaine intime, évidemment, mais pas uniquement.
Je répondis à chacune des questions des policiers. Trois femmes et sept hommes. Pour ce que j'ai pu percevoir depuis le pallier, puis ensuite depuis le trottoir, ce sont surtout les policières qui ont parlé avec Line.
Finalement, au bout de quelques heures, je pris congé des policiers, à leur demande.
J'avoue qu'ils furent parfaitement courtois avec moi, de même que je le fus avec eux, soucieux de coopérer avec eux tant dans l'intérêt de Line que dans le mien.
Je ne compris pas tout de suite ce qui avait motivé l'arrivée de ces policiers armés.
J'avais immédiatement identifié à leurs ceintures des pistolets de type SIG-Sauer SIG Pro SP-2022 9mm.
Selon leur protocole, chambre vide et chargeur plein, plus deux chargeurs de rechange à leur ceinture.
J'avais fait le calcul que dans l'hypothèse fort heureusement extrêmement improbable où ils auraient tous jugé indispensable de me tirer dessus, ils auraient pu me tirer dessus cent cinquante fois sans recharger, ou quatre-cent cinquante fois en rechargeant deux fois.
Même sans qu'ils furent tous tireurs d'élite, leurs chances d'atteindre leur cible me semblèrent bonnes, rétrospectivement.
Je n'avais pas pu résister à ce petit calcul...
Je ne revis Line qu'une seule fois, ensuite.
Repas à la fameuse pizzeria, puis quelques verres dans quelques bars dans son quartier.
Autant dire que d'un certain point de vue, la soirée se passa bien... Si l'on peut dire...
Dès le début de la soirée, Line m'avait, si j'ose dire, annoncé la couleur : elle avait ses règles et donc rien de sexuel ne serait possible. Elle m'avait annoncé ça avec un si grand sourire que je n'aurais jamais osé la soustraire à sa joie du moment, et qu'il ne me serait même pas venu à l'idée de suggérer que même dans ce contexte, bien des choses restaient possibles. Voire exactement les mêmes choses que d'habitude. Selon les goûts des unes ou des autres, ou selon que les règles soient douloureuses ou pas.
Je la laissais donc à sa joie, la laissant me promettre que la prochaine entrevue serait torride.
Cette relation, sans doute, manifestait déjà les signes d'une fin prochaine, voire imminente.
Ce soir-là, je compris enfin l'arrivée de la police la fois précédente.
Je savais par expérience qu'elle avait souvent eu envie de relations sexuelles avec moi, de même qu'il lui était souvent arrivé de ressentir de vives craintes ou même des angoisses à ce sujet.
Le soir précédent, sans doute dans l'appréhension de contacts intimes avec moi, elle avait appelé les pompiers, leur disant qu'elle faisait un malaise.
Mais ces derniers avaient refusé d'intervenir, lui disant qu'en moins de quarante-huit heures ils s'étaient déplacés deux fois pour venir chez elle, et à chaque fois "pour rien", selon leur appréciation.
Les pompiers ayant donc décliné, l'appel fut transmis à la police. Mais entre-temps, la formule "femme en danger victime d'un malaise" s'était transformé en "femme en danger imminent".
Je cite les termes de mémoire, ainsi que je me les rappelle, sans certitude de citer les désignations administratives officielles.
Comprenez que le "danger imminent", dans l'esprit des policiers, ça pouvait être moi.
Line m'apprit même qu'elle et moi avions été "à deux doigts" d'être auditionnés au commissariat l'un et l'autre.
Mais comme décidément -et même après interrogatoire approfondi sur le trottoir devant son studio- nos déclarations coicidaient, et puisque nos contacts n'avaient eu lieu que dans le cadre d'un absolu consentement mutuel, tant selon ma version des faits que selon la version de Line, il sembla donc inutile aux policiers de nous emmener au commissariat pour confronter nos points de vue sur le sujet ou d'ailleurs sur n'importe quel autre, puisqu'elle et moi disions la même chose...
Ce soir-là, en face d'un verre ou en déambulant dans son quartier, Line et moi en arrivions parfois à sourire de l'anecdote des policiers lors de la soirée précédente...
Une soirée d'apaisement, donc.
Et la promesse de nous revoir dès que possible.
Ce qui n'arriva jamais.
Je ne souffris pas énormément de cette fin de relation.
Je retiens de Line des moments de grande tension, de grande incomprehension.
Mais je retiens également d'elle des souvenir de joie, de sensualité, de grande tendresse...
Des rêves inaboutis, aussi...
Mais je m'en tire bien. Souvent, je n'en obtiens pas autant.
Mes souvenirs, mes rêves... Ils constituent mon trésor.
Et plus que de la fierté stupide exprimée lors de disputes, c'est plutôt dans la sincérité de mes intentions et de mes sentiments que se trouve ma véritable dignité.
Et je suis presque heureux que mes contacts avec Line se soient espacés au point de disparaître.
Presque heureux que le dernier message que je lui ai adressé sans la moindre illusion fût pour lui souhaiter son anniversaire...
Sans jamais avoir eu, finalement, besoin de lui dire adieu...
Je m'étonne que certaines personnes me perçoivent parfois comme un séducteur, ou seulement même comme quelqu'un qui voudrait s'en donner le style, à grands coups d'artifices ou d'élucubrations...
Dans un sens, je suis un tombeur. Parce ce que je tombe souvent. Et souvent de haut.
Le miracle est que je me relève toujours.
De Line je conserve mes souvenirs et mes rêves. Même après la fin de notre histoire, je n'allais pas si mal que ça.
D'un point de vue plus "concret", une relation catastrophique venait de s'achever.
J'étais prêt.
La suivante pouvait commencer.
Dernière édition: