Merci beaucoup
@Human-Fly et
@litobar71
Voici le nouveau thème et sa cohorte de 5 mots obligatoires :
THEME
" EXISTER "
MOTS A INCLURE DANS LE TEXTE
CONDOMINIUM
ELEMENT
RÊVER
CLAIRCONNAISSANCE
SPIRITUALITÉ
La date limite est le 4 Mai à 23h59. Après vient le temps d'un autre cycle.
Et avec l'athlète ?
Le destin sait se montrer taquin, parfois...
II aime m'envoyer là où je n'aurais pas pensé aller sans un improbable concours de circonstances...
Mais j'avoue que j'aime ça.
Alors que je repensais une fois de plus au tortueux
mystère du Bar Barre, auquel j'avais pour ainsi dire mystérieusement survécu sans avoir, loin s'en faut, résolu l'énigme en totalité, je reçus l'offre d'un nouveau client.
Par e-mail, le manager de l'immense combattant dit "Big John" me demandait d'assurer la sécurité du champion pour un trajet jugé fort périlleux...
S'étant illustré avec panache dans de nombreux arts martiaux et sur tous les continents, Big John me semblait capable d'affronter seul n'importe quel danger, et je ne compris pas pourquoi son manager s'inquiétait pour lui. Encore moins pourquoi il insistait dans sa missive pour que son champion mythique s'encombrât d'un petit détective privé tel que moi.
Sans que les missions de garde du corps fassent partie de mes attributions habituelles, je crois n'avoir jamais refusé un travail de ce genre.
Protéger un roc tel que Big John
me sembla être une mission bien flatteuse pour moi, et le fait que je persistais à ne pas comprendre pourquoi elle me fut confiée m'incita à l'accepter.
Ma curiosité avait été piquée pour de bon, et je décidai donc de me rendre au lieu du rendez-vous.
Ma rencontre avec Big John eut lieu au bord de la Moselle, "côté allemand", et je suivis bientôt la légende vivante en compagnie de qui je ne tardais pas à cheminer en direction du Luxembourg voisin...
Les paysages simples et splendides à la fois semblaient ne se composer que de l'herbe la plus verte et des plus beaux arbres... Je n'étais pas certain d'avoir jamais rien vu de tel de ma vie, dans ce genre... Pas même dans les plus beaux endroits de la campagne anglaise ou galloise.
Big John me dit qu'il fallait la folie de son manager pour avoir engagé qui que ce fut pour une mission aussi absurde.
"Je n'ai besoin de personne pour me défendre" me dit Big John. Je lui répondis que je n'en doutais pas non plus. Il me dit que je n'avais sans doute rien compris. Que cet endroit était un
condominium , territoire que se partageaient l'Allemagne et le Luxembourg, symbole, pour ainsi dire, de sa nouvelle situation personnelle.
Après une carrière dans les arts martiaux déjà bien trop longue selon lui, Big John avait décidé de se retirer du métier, du milieu.
Il me confia s'en être souvent voulu de n'avoir d'attention que pour son corps, depuis sa naissance au Soudan jusqu'à ses tours du monde...
Il estimait avoir trop négligé son esprit. Aussi travaillait-il son intellect et davantage encore sa
spiritualité, de son mieux, autant que cela lui était possible...
Mais il me dit aussi qu'il avait annulé de nombreux contrats sportifs et publicitaires aux quatre coins du monde, et que ceux qui furent pour la plupart ses meilleurs partenaires ou ses adversaires les plus prestigieux s'étaient désormais ligués contre lui, de manière irrationnelle, au point de devenir autant d'ennemis mortels. Ils avaient révélé la part la plus sombre d'eux-même, allant jusqu'à s'allier avec différentes mafias sur plusieurs continents.
"Je n'ai besoin de personne pour me défendre, parce que je vais perdre. Pas un de mes ennemis ne manquera. Ils puisent dans le crime organisé leur nouveau "code de l'honneur". Ils ne pensent à moi qu'avec la haine et la jalousie qui conduit à la folie meurtrière.
Je ne serai plus jamais chez moi nulle part. On me déroulait jadis le tapis rouge partout où j'allais. Désormais, chaque endroit où mes pas se poseront sera leur territoire. Leur condominium, que se partageront leurs mafias et leurs cartels. Ils frapperont au lieu et à l'instant de leur choix et je n'en réchapperai pas."
Cette histoire me semblait incroyable, mais Big John me la raconta avec autant de gravité et de sérénité mêlées qu'il me semblait plus improbable encore qu'il voulut me mentir ou me jouer une farce. Et bien que son esprit me sembla déroutant par certains aspects, pas un instant je n'eus l'impression qu'il avait perdu la raison. J'ose dire que j'eus l'impression du contraire. Comme s'il entamait un passionnant cheminement personnel dont je crains qu'il s'interrompit trop tôt.
Nous longions désormais la Moselle "côté luxembourgeois".
Alors que le ciel s'assombrit brusquement et que le vent se leva soudain, Big John me demanda si je le prenais pour un fou, ou quelqu'un de malveillant. Je lui répondis que son histoire incroyable n'altèrait pas la confiance qu'il m'avait immédiatement inspirée.
"- C'est la
clairconnaissance, mon ami, me dit-il alors. L'assurance immédiate de savoir une chose sans nul besoin qu'elle soit prouvée."
Je lui avoua que la métaphysique et moi n'avions jamais été amis proches, mais que je m'efforcais toujours de garder un esprit aussi ouvert qu'un matérialiste comme moi en était capable.
Je n'avais pas consulté de bulletin météo, et je ne pris pas le temps de demander à Big John s'il l'avait fait...
Du gris, le ciel passa presque au noir, et seuls les éclairs les plus aveuglants apportaient des lueurs aussi blafardes que glaçantes à un paysage que nous ne reconnaissions plus... La Moselle s'animait de vagues monstrueuses et ne tarda pas à déborder... Pour ne pas dire engloutir tout ce qui nous était visible...
Si ce n'était à la faveur des éclairs les plus fulgurants, la pluie battante ne permettait plus de rien distinguer. Et le tonnerre n'était pas seulement assourdissant ; il semblait faire trembler le sol que nous foulions, en courant, pour tenter d'échapper à une soudaine inondation que l'on aurait pas imaginée en ce lieu ne serait-ce que cinq minutes auparavant.
Si l'eau était le premier
élément à s'animer de la plus terrifiante façon, je crains que les trois autres furent prêts, d'une manière ou d'une autre, à lui emboîter le pas...
Je demandais à Big John qui étaient vraiment ses "ennemis, dont pas un n'allait manquer"... Des spécialistes des arts martiaux s'étant fourvoyés avec de mauvaises fréquentations ?... Ou les Cavaliers de l'Apocalypse ???...
Il me répondit qu'à ce stade ça n'avait plus la moindre importance.
Le vent se changea en la pire tempête qu'on eût vue en ces lieux et Big John et moi tentions d'échapper comme nous le pouvions aux flots d'eau et de boue qui s'étendaient désormais à perte de vue...
Une vague nous emporta. Nager devenait presque impossible, d'autant que l'eau chariait désormais d'énormes troncs d'arbre... Je ne voyais plus Big John... Je ne voyais qu'une sorte de rivage dont j'essayais de me rapprocher...
C'est dans un hôpital luxemboirgeois que je repris connaissance.
Par pur miracle, j'avais survécu et ne souffrais que de blessures légères.
Je demandais à toute l'équipe soignante ce qu'était devenu Big John, mais tout le monde m'assura que lorsque des sauveteurs me trouvèrent inanimé sur une berge, j'étais seul.
Je n'en fus pas étonné, mais je précisais à tous les médecins, infirmières, infirmiers et autres personnes circulant autour de moi que mon compagnon d'infortune était une célébrité mondialement connue... Un champion d'arts martiaux qui était aussi bien plus que ça... Quelqu'un qui semblait entamer un cheminement personnel spirituel... Big John!
On me demanda si je parlais de Bruce Lee, de Chuck Norris ou de Jean-Claude Van Damme...
Je leur répondis que j'adorais l'humour moi aussi, d'habitude, mais que j'étais en l'occurrence extrêmement sérieux.
On me dit, après recherches sur Internet, que "Big John" n'avait jamais existé.
On me rappela que j'avais subi différents coups, certains sur la tête, et que j'avais perdu connaissance pendant la tempête.
On me dit que j'avais dû
rêver.