Et si on refaisait l'histoire de l'art?

  • Créateur du sujet Créateur du sujet antoine59
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I Beaucoup d'artistes ont écrit, pour éviter, en partie, que les critiques ne leur enlèvent les mots de la bouche comme de la plume et parce que personne ne peut mieux sinon expliquer du moins parler de leur travail, qu'eux-mêmes.

Précisément.
Et effectivement avec l'art conceptuel qu'il faudrait replacer dans son historicité d'ailleurs au lieu de tout baptiser "conceptuel", soit un mouvement principalement américain radical (il réduit la notion de public au seul critique) du début des années 70. Ce mouvement, défini par ses créateurs mêmes, se basait sur une exploration de l'art à partir du langage. L'artiste y entreprend un travail d'écriture maniant des concepts grâce au langage.
Cela dit, il existe une idée assez séduisante issue du Romantisme allemand qui postule que toute œuvre est inachevée et que son achèvement prend acte dans le travail critique.

Ce que j'en pense personnellement, c'est que la critique peut néanmoins être intéressante pour éclairer ses propres ressentis. Mais surtout qu'une critique m'apparaît valable à partir du moment où elle devient elle-même une œuvre, et l'on pourrait dire une œuvre d'écrivain. Ce ne sont généralement pas des critiques "de métier" qui les ont écrites mais des écrivains, des poètes, voire des penseurs - je ne citerai que Baudelaire et ses Salons, devenus parfois plus célèbres que les toiles qu'ils critiquaient.
Les quelques autres auxquels je pense, je les garde dans mon Panthéon personnel.

Pour le reste, c'est souvent de la glose, et surtout apparaît rapidement l'impression que le critique a ses petites obsessions personnelles qu'il tente de plaquer à tout prix sur tout ce qu'il rencontre. L'artificialité du décalage entre l'œuvre et le discours critique m'est de plus en plus insupportable, particulièrement dans le cas de la critique universitaire.
 
Précisément.
Et effectivement avec l'art conceptuel qu'il faudrait replacer dans son historicité d'ailleurs au lieu de tout baptiser "conceptuel", soit un mouvement principalement américain radical (il réduit la notion de public au seul critique) du début des années 70. Ce mouvement, défini par ses créateurs mêmes, se basait sur une exploration de l'art à partir du langage. L'artiste y entreprend un travail d'écriture maniant des concepts grâce au langage.
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Si je peux me permettre, il faut distinguer l'art minimal et la tendance Art and language . Bien que cette dernière est à mettre dans un cet esprit d'"art minimal", elle se distingue cependant sur certains critères.

ps: Pour Beuys, le feutre possède un pouvoir de guérison. Il s'est crée une sorte de mythologie de la survie. Dans un ce ces nombreux écrits, il explique qu'après un crash d'avion, il fut recueillit par une tribu qui pour le sauver, l'a entouré de graisse et de feutre.
 
Pour le reste, c'est souvent de la glose, et surtout apparaît rapidement l'impression que le critique a ses petites obsessions personnelles qu'il tente de plaquer à tout prix sur tout ce qu'il rencontre. L'artificialité du décalage entre l'œuvre et le discours critique m'est de plus en plus insupportable, particulièrement dans le cas de la critique universitaire.

J'ai un peu de mal à te suivre. D'un côté, tu dis que le jugement de goût doit être éduqué, qu'on ne peut comprendre les œuvres d'art qui sont des manifestations spirituelles que si on a une certaine connaissance de l'histoire de l'art, que pas plus que la physique quantique, l'art n'est abordable immédiatement, toutes choses que je trouve justes et pertinentes. Mais d'un autre côté, tu affirmes que le seul discours possible sur l'art est un monologue. Or, s'il faut former le jugement de goût, il faut bien qu'il y ait un discours sur l'art qui puisse se communiquer

:confused:

Qu'il y ait beaucoup de bavardage sur l'art, j'en conviens. Mais il est des discours qui ne sont pas bavardage, qui accrochent véritablement des significations, aussi bien chez certains critiques, que chez des philosophes comme Merleau-Ponty (sur Cézanne), Deleuze, (sur Bacon, mais aussi sur la littérature, notamment dans Critique et clinique), Maldiney ou Didi-Huberman. Ces discours ont un rôle nécessaire. Penser ce que l'artiste ne peut penser, ou n'a pas à penser, puisque son rôle n'est pas de penser, mais de peindre, de sculpter, d'écrire, de composer, etc..

Tu le reconnais d'ailleurs par ta référence au commentaire des Ménines de Foucault:)

(et donc tribute to MH ;). Par exemple Acheminement vers la parole)
 
Je vais mettre tout le monde d'accord : sur l'art, il n'y a que des monologues. Mais il y a des monologues intéressants (Deleuze) et d'autres pas.
Pas mal, hein ? :D
 
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Larionov. Les lignes rayonnantes (1912)
 
C'en est presque... Il te reste cependant plusieurs étapes avant de valider le qualificatif "art" de ta "proposition" :

1 - L'exposer dans un lieu reconnu institutionnellement "artistique"
2 - Te faire reconnaître en tant qu'artiste
3 - Vendre cette œuvre à un collectionneur public ou privé qui l'achètera en tant qu'œuvre d'art

Ce sont quand même des étapes importantes.
Voilà.
:)

PS : Quant au goût du "public", l'art et les artistes n'en ont jamais eu rien à foutre et ils ont raison. Le public est une invention assez récente et se contente de regarder ce que l'Institution lui dit de regarder. Aujourd'hui 5000 cornichons se ruent à une expo de Picasso histoire de dire qu'ils l'ont "faite". Mais du temps où Picasso commençait, ces mêmes cornichons n'aurait pas misé un kopeck sur son travail. Si les artistes avaient attendu la reconnaissance du public pour émerger, autant dire que les musées seraient vides.
Attention quand je dis "public" je ne parle pas des amateurs d'art (qui vont du critique professionnel à l'étudiant en art, en passant par le collectionneur particulier), et qui sont finalement une frange marginale.

Donc c'est ce que je disais plus haut. Pour mériter le qualificatif artiste, il faut un bon attaché de presse... :rolleyes: :sleep: :D

il est difficile d'appréhender l'art contemporain dans son ensemble car il est hétérogène, multiple et dissonant.
l'artiste voulant se singulariser d'une façon formelle, on aboutit à une atomisation de l'offre esthétique.

aux effets niveleurs des institutions, au fantasme d'intégration des artistes, au fait d'avoir ériger l'extrême contemporain en une valeur hautement spéculative, on en vient à considérer l'art contemporain comme un simple phénomène volatil, éphémère, négatif voire régressif et toutes productions contemporaines comme une imposture.

le concept de "beauté" n'est plus pertinent dès l'instant où le champ de l'esthétique s'est déplacé dans celui du concept.
(d'une certaine manière, duchamp a fait entrer la "linguistique" dans le domaine de l'art).

dans la réception des oeuvres d'art, il y a une grande charge affective.
et ces considérations sur le gôut débouchent inmanquablement sur des polémiques personnelles incessantes et erratiques.
l'argumentation beau _ laid, art _ pas art, j'aime _ j'aime pas résonne comme une assertion définitive et fermée.
assertion qui ne prend pas en compte ou refuse les enjeux esthétiques par manque d'outils conceptuels qui permettent d'en avoir une critique informée et une approche avisée.

Tenir un discours sur l'art, c'est souvent parler de soi.
Voilà pourquoi je disais déjà plus haut que le seul discours possible sur l'art, possible et honnête ajouterais-je, c'est bien le monologue.

je ne suis pas critique d'art, ni historien (et encore moins philosophe), mais je ne pense pas que le discours de l'art soit le monologue, car le critique comme l'historien remettent sans cesse leurs outils d'analyse dans le champ mouvant, expérimental et aléatoire de l'art contemporain.
et en même temps, aucun de ces outils ne peut rendre compte de ce qu'est une oeuvre d'art.

c'est le "contemporain" (dans son présent) qui produit l'activité historique et non le passé.
 
et je suis assez étonné que, malgré vos interventions, vous n'ayez rien proposé.

Effectivement je ne propose rien et ne proposerai rien. J'assume cette position.

Ce qui m'a intéressé dans ce fil, c'est sa proposition de "refaire l'histoire de l'art", c'est-à-dire une réflexion sur le discours historique et critique à propos de l'art. Parler justement de ce discours, des enjeux qu'il entraîne sur l'art lui-même, dans son circuit de diffusion. Comme pour les vins ou les chefs-cuisiniers, on sait que certains critiques, associés à des marchands et des galeristes, sont capables de faire monter artificiellement la côte d'un artiste.

Enchaîner des images d'œuvres à la queue-leu-leu ne m'intéresse pas, et pour le coup c'est une succession sans réelle interactivité, comme on le peut le voir sur certains fils déjà existants sur ce forum.
En revanche s'intéresser au fonctionnement du discours critique, le sien comme celui des autres, m'est apparu comme une idée beaucoup plus ambitieuse, qui plus est sur ce forum peu habitué à ce genre de discussion un tant soit peu exigeante.

Mais il y aussi une raison plus profonde et par la même occasion je réponds à Couleur Sud sur l'éventuelle contradiction qu'il a pointé dans mes propos.
Je crois à l'incommunicabilité de l'expérience, mais en revanche je crois à la pédagogie en tant que véhicule d'initiation. En ce sens la rencontre que l'on peut faire avec une œuvre est toute personnelle, c'est une expérience au sens fort. Ce genre de rencontre est forte, rare. On peut lire, voir ou écouter des centaines d'œuvres mais n'en rencontrer que deux ou trois avec lesquelles s'établira "une communauté d'âme". Les émotions et les pensées que mettent en jeu de telles rencontres ne sont pas communicables en tant que telles.
En revanche je crois que pour être "préparé" à de telles rencontres, il faut effectivement avoir été initié. C'est le rôle de ces penseurs que cite Couleur Sud de le faire. Et à leur tour d'engendrer des œuvres de la pensée. Cela dit, ils prennent un risque : celui de ne pas être compris, voire pire : celui d'être mal compris.

N'étant pas pédagogue, ni ne me sentant la capacité de produire une œuvre critique, voici pourquoi je m'abstiens de vous présenter ce qui me touche.
 
Je crois à l'incommunicabilité de l'expérience, mais en revanche je crois à la pédagogie en tant que véhicule d'initiation. En ce sens la rencontre que l'on peut faire avec une œuvre est toute personnelle, c'est une expérience au sens fort. Ce genre de rencontre est forte, rare. On peut lire, voir ou écouter des centaines d'œuvres mais n'en rencontrer que deux ou trois avec lesquelles s'établira "une communauté d'âme". Les émotions et les pensées que mettent en jeu de telles rencontres ne sont pas communicables en tant que telles.

tu parles d'expérience, tu parles de pédagogie.
autant j'aime le premier mot, autant j'exècre le second, alors même qu'il est, parait-il, un pilier de ma profession actuelle.

Je ne prêche que pour la curiosité, qui -à mon sens- est le levier à actionner. Eveiller l'autre à la nouveauté, lui offrir une rencontre sans obligation, susciter l'interrogation.
Que l'objet nouveau ne soit pas une agression mais une invitation.

Ouvrir les yeux, résonner plus que raisonner.
 
quel est notre rapport au réel ?
comment voyons-nous les oeuvres d'art ?
que nous en reste-t'il ?

*****

un étranger ne connaît de "la joconde" que sa figuration ou sa représentation imagée.
s'il venait à se déplacer au louvre, il serait mis à distance par la foule, le cordon qui délimite, le gardien qui écarte, et à nouveau, remis à la distance imposée d'une vitre pare-balle qui achève de brouiller sa vision.

autant le musée sacralise et conserve, autant il annule et neutralise l'art.

*****

pour te répondre, coloquinte, je crois plus en la transmission de l'expérience qu'en la pédagogie.
d'où peut être mon activisme, ici, dans ce fil.
car je suis dégagé de toutes formes de discours formaté.
je ne m'en remet qu'au seul registre de la sensation dans le sens où deleuze l'entendait et la définissait dans logique de la sensation à propos de bacon.
 
Bah... Si le mot "transmission", "éveil" ou encore "initiation" sonne mieux à vos oreilles que celui un peu Educ'Nat' de "pédagogie" alors OK laissons-le de côté.

Mais pour le coup, LHO, si je crois à cette possibilité de l'initiation, de "donner l'envie", non je ne crois pas à la possibilité de transmettre les termes mêmes de l'expérience. Chacun fera sa propre expérience avec l'œuvre, qui ne concerne que lui. Et en ce sens, je continue d'affirmer le monologue comme seul discours possible - et honnête - de cette expérience intime, ultime autant que singulière avec l'œuvre.

En fin de compte, ce que je reproche au discours critique sur l'art c'est d'une part sa présomption, sa loggorhée (Art Press en est un des exemples) et au final son dogmatisme. D'autre part, il semblerait que la philosophie ait fait main basse sur l'art et qu'elle se présente aujourd'hui comme la seule capable de tenir un discours sur l'art. C'est d'une suffisance... Pas un article critique qui ne mobilise tout le cortège des concepts philosophiques et de leurs auteurs. Je sais que Couleur Sud ne va pas aimer cette charge. Et pourquoi des écrivains, des poètes ou d'autres artistes ne seraient-ils pas capables eux aussi de nous parler d'art ?

Mais il fait beau, le printemps pointe le bout de son nez. Je sors.
Heureux d'avoir échangé avec vous.
 
Bah... Si le mot "transmission", "éveil" ou encore "initiation" sonne mieux à vos oreilles que celui un peu Educ'Nat' de "pédagogie" alors OK laissons-le de côté.

Mais pour le coup, LHO, si je crois à cette possibilité de l'initiation, de "donner l'envie", non je ne crois pas à la possibilité de transmettre les termes mêmes de l'expérience. Chacun fera sa propre expérience avec l'œuvre, qui ne concerne que lui. Et en ce sens, je continue d'affirmer le monologue comme seul discours possible - et honnête - de cette expérience intime, ultime autant que singulière avec l'œuvre.

En fin de compte, ce que je reproche au discours critique sur l'art c'est d'une part sa présomption, sa loggorhée (Art Press en est un des exemples) et au final son dogmatisme. D'autre part, il semblerait que la philosophie ait fait main basse sur l'art et qu'elle se présente aujourd'hui comme la seule capable de tenir un discours sur l'art. C'est d'une suffisance... Pas un article critique qui ne mobilise tout le cortège des concepts philosophiques et de leurs auteurs. Je sais que Couleur Sud ne va pas aimer cette charge. Et pourquoi des écrivains, des poètes ou d'autres artistes ne seraient-ils pas capables eux aussi de nous parler d'art ?

Mais il fait beau, le printemps pointe le bout de son nez. Je sors.
Heureux d'avoir échangé avec vous.


je citais deleuze (et c'est la seule citation que j'ai faite dans ce fil), parce que je considère son livre sur bacon comme l'un des plus beau texte sur l'art avec le manet de georges bataille (deuxième citation).

et je n'ai pas vu dans ce fil de concepts de déterritorialisation ou de plan d'immanence.
j'avoue avoir employé le mot rhyzome à propos de mondriaan... mais encore en passant et pour faire rire couleur sud... :D

les outils actuels qu'utilisent les critiques et les historiens de l'art passent par la sociologie, l'ethnographie, l'anthropologie, la psychanalyse, la sémiologie et la philosophie. mais deleuze se servait lui-même de la biologie, de la physique, des mathématiques...

*****
des écrivains, des poètes et des artistes ont de tout temps écrit sur l'art...
de nos jour, les artistes ont leur blog, participe à des colloques et interviennent dans certaines revues...
 
Ouvrir les yeux, résonner plus que raisonner.

Certes, mais où, vers qui et vers quoi, résonne le son de l'émotion esthétique

Si ce n'est dans quelque territoire où on peut l'entendre

Des territoires qui ne sont pas voués à la solitude devant la résonance

Ces terres du langage
 
Je tiens avant toutes choses à préciser le plaisirs que j'ai de lire une telle suite de postes, ça fait plaisirs :zen: :zen:

Le rapport des artistes à l'écrit fut de tout temps un enjeu. De nombreux artistes souhaitaient contrôler leur image par le biais de textes, de manifestes tels que les Futuristes.

Il est intéressant de remarquer à ce propos, que ce "mouvement" d'avant-garde (une notion beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît. Des historiens se battent encore aujourd'hui à ce propos :D ) a vu son nom choisi par les artistes eux-même tandis que l'impressionnisme, le fauvisme, le cubisme (etc...) fut souvent des termes initiés par ces fameux critiques.

Autre point sur lequel, j'aimerai revenir. Peut-être ai-je mal compris les propos de Coloquinte, et dans ce cas, je m'en excuse d'avance, mais tu dis, je cite :"je m'abstiens de vous présenter ce qui me touche." Ce élément est pour moi essentiel car il permet de comprendre pourquoi l'histoire de l'art est subjectif bien que les historiens essaient de dépasser cela, mais sans y parvenir....
 
dans la réception des oeuvres d'art, il y a une grande charge affective.
et ces considérations sur le gôut débouchent inmanquablement sur des polémiques personnelles incessantes et erratiques.
l'argumentation beau _ laid, art _ pas art, j'aime _ j'aime pas résonne comme une assertion définitive et fermée.
assertion qui ne prend pas en compte ou refuse les enjeux esthétiques par manque d'outils conceptuels qui permettent d'en avoir une critique informée et une approche avisée.


C'est ce que je trouve le plus dommage dans l'art conceptuel. Si l'on en vient a regarder une expo, une construction, une installation sans connaitre un tant soit peu l'historique de l'art et/ou de l'auteur de l'oeuvre, alors on passe a cote.

Alors oui on peut se documenter, bien sur, mais quand je vois les discussions ici (au demaurant tres interessantes) je me dis qu'il faut avoir un solide bagage pour apprecier l'art conceptuel.

Rares sont les artistes d'art contemporain qui m'ont touche mais ca arrive regulierement, au hasard d'un tableau, d'un lien ... En fait ca reste juste une question d'esthetique, de forme, de design ... le reste, le concept, le fait d'etre le premier a poser un urinoir ou des chevaux, autant je comprends la demarche, autant ca ne fait pas avancer le schmilblick, de mon point de vue.

:)
 
Ce qui est dit dans ce fil, me fait faire un retour en arrière...
L'enseignement qui m'a été dispensé durant ma jeunesse*... :rolleyes: :D
Que ce soit en histoire de l'art ou en arts plastiques, les cours étaient indigestes du fait que l'air du temps voulait que l'on ne parle plus que de la "démarche" de l'artiste, du concept, etc...
En oubliant finalement d'enseigner la matière première, la technique...
"On" ne faisait que tenir des discours encore et encore :
(...) Vois-tu, je fais partie d'une génération qui a été au collège pendant les années Lang où çà se gargarisait de "création" et de "culture" (...)
Que ce soit au lycée ou aux Bôôzarts, tout le monde était barré dans ce "trip"...
Pas mal d'amis et copains, maintenant dessinateurs BD, illustrateurs, peintres, ont choisi, comme moi, de sortir de ce cursus pour prendre des cours en ateliers privés et/ou être autodidactes... :)
C'est pourquoi toute cette enfilade de posts sur des œuvres d'artistes divers, me semble un fatras indémêlable...
C'est intéressant malgré tout, bien que, je l'avoue, je lise tout ça en diagonale... :p :rose:

Bien qu'il ait été effacé, je le remet donc; c'était un argumentaire :
iconwhateversw3.gif


*poil aux... :p

Je me contenterais de lire ce fil... :zen:
 
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Réactions: CouleurSud
Ce qui est dit dans ce fil, me fait faire un retour en arrière...
L'enseignement qui m'a été dispensé durant ma jeunesse*... :rolleyes: :D
Que ce soit en histoire de l'art ou en arts plastiques, les cours étaient indigestes du fait que l'air du temps voulait que l'on ne parle plus que de la "démarche" de l'artiste, du concept, etc...
En oubliant finalement d'enseigner la matière première, la technique...
"On" ne faisait que tenir des discours encore et encore :
Que ce soit au lycée ou aux Bôôzarts, tout le monde était barré dans ce "trip"...
Pas mal d'amis et copains, maintenant dessinateurs BD, illustrateurs, peintres, ont choisi, comme moi, de sortir de ce cursus pour prendre des cours en ateliers privés et/ou être autodidactes... :)
C'est pourquoi toute cette enfilade de posts sur des œuvres d'artistes divers, me semble un fatras indémêlable...
C'est intéressant malgré tout, bien que, je l'avoue, je lise tout ça en diagonale... :p :rose:

Bien qu'il ait été effacé, je le remet donc; c'était un argumentaire :
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*poil aux... :p

Je me contenterais de lire ce fil... :zen:

Je suis bien d'accord avec tirhum. L'initiation à la technique est une approche tout aussi intéressante pour apprendre à apprécier et comprendre une oeuvre, qu'elle soit visuelle ou sonore (on ne parle pas de musique, ici ? :siffle: ).
On perçoit ainsi les oeuvres avec beaucoup plus d'acuité, et on débusque bien mieux les imposteurs, au moins sur un plan technique. Même si on peut aussi admettre qu'une oeuvre soit réussie sans débauche de technique, mais cela dépend alors évidemment de sa pertinence (ou de son impertinence...).
Dans les critiques, la technique est trop souvent mise au second plan, sans doute par ignorance de ceux qui glosent sur l'art, et qui "trustent" tout le discours. Pourquoi la technique est-elle sous-représentée dans les discours sur l'art ? Sans doute parce que ceux qui détiennent la technique ne passent pas leur temps à discourir, mais il s'en servent pour créer.
Bref, l'art, c'est comme autre chose, plus on en parle, moins on le pratique.

Je suis désolé d'apprendre ici que l'art actuel doive obligatoirement traîner avec lui tous ces discours pour avoir une raison d'être.
Je ne dis pas que l'art ne nécessite pas d'initiation, mais cette initiation doit-elle pour autant être verbale ou philosophique ?
Si on fait de l'art (visuel ou musical, je ne parle pas de la littérature), c'est justement pour s'affranchir du verbe et utiliser d'autres canaux d'expression. En cela, l'art conceptuel et les discours qui semblent indissociables sont pour moi une régression dans l'histoire de l'art.

L'art devrait se suffire à lui même.

En tant que musicien, je m'amuse souvent d'entendre parler des gens qui sont plus "cultivés" que moi sur un plan musical : ils connaissent le prénom de la femme de tel compositeur, ils se souviennent que tel chef d'orchestre a dirigé telle oeuvre en telle année, ils connaissent le nombre exact de symphonies de chaque compositeur, ils connaissent par coeur la biographie des compositeurs et savent la replacer dans un contexte historique, ils ont quelques anecdotes croustillantes sur chaque artiste (untel est devenu fou, untel était homosexuel, etc.)... MAIS : quand on leur demande d'écouter un morceau et d'en analyser les harmonies ou les formules rythmiques, là, il n'y a en général plus personne. Alors que c'est par là qu'il faut commencer si on veut vraiment être initié à la musique, en tant qu'art majeur, j'entends.
J'en ai même vu, des érudits, qui sont incapables de taper du pied en rythme sur la musique. Ceux là, en général, sont des passionnés de jazz, bizarrement (ils ont peut-être l'impression que le jazz est rythmiquement très libre, ce qui est tout le contraire, il faut un sens du rythme irréprochable).

En résumé, avant de chercher à savoir quelle est la démarche "psychologique" ou "philosophique" de l'artiste, même si cela peut être aussi intéressant, à titre supplémentaire, il me semble primordial de d'abord se focaliser sur l'oeuvre en elle même, sur sa forme, sa composition, sa structure, ses matériaux. Si cela ne suffit pas pour apprécier une oeuvre, alors c'est que l'artiste a échoué. Plutôt que d'essayer de rajouter un discours à son oeuvre ou de laisser les critiques autorisés inventer des concepts pour l'expliquer ou la justifier, il devrait se remettre au travail jusqu'à parvenir à un résultat qui ne nécessite aucun commentaire.
L'art s'adresse à nos sens avant tout. Certes, il peut ensuite être interprété intellectuellement, mais si on déconnecte l'aspect perceptif de l'interprétation intellectuelle, on passe à côté de l'essentiel.
 
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Réactions: tirhum
Le passage du sensible à l'intellect, là est tout le problème :D

Cependant, pour une prendre un expression bien du Nord, il est vrai qu'il faut souvent un certain "bagage" pour comprendre l'art contemporain. Mais ceci est vrai de tout temps, depuis les prémices de l'histoire de l'art. Après bien sur, il faut à mon sens distinguer la compréhension d'une oeuvre à l'émotion qu'elle p-a pu créer en nous.

Selon moi, l'art médiéval est bien plus complexe et difficile à déchiffrer que l'art contemporain. À cette époque, presque toutes la population, même la moins lettrée, était imprégnée d'une grande culture visuel des symboles permettant de comprendre les tableaux très souvent religieux.
Aujourd'hui, il est beaucoup difficile, notamment à cause d'un déclin du rôle joué par l'église. Tout est un problème d'iconographie dans l'art médiévale (bien que l'aspect plastique soit bien entendu primordial), et je trouve que l'on peut rapprocher cet aspect à l'art contemporain.

Pour résumer, il est selon moi plus difficile de comprendre un tableau de Van Eyck ou de un évangéliaire du XIIe qu'une oeuvre contemporaine que l'on peut restituée dans un contexte du fait qu'on y vit.


Ps: Certaines remarques me font penser à ce que dis Miguel Barcélo: "En réalité, c'est le regard sur la peinture qui manque le plus aujourd'hui. On a trop parlé".

Je pense qu'il faut procéder à une réécriture de l'art de la seconde moitié du XXe siècle, moins manichéenne en faisant une plus large place à la peinture dite de chevalet dont on avait annoncé la disparition u peu trop vite.