Et si on refaisait l'histoire de l'art?

  • Créateur du sujet Créateur du sujet antoine59
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Déjà que je ne suis pas bien amateur de Body Art (ni d'un point de vue conceptuel ni d'un point de vue simple d'appréciation du résultat), mais là, c'est sûr que le côté gerbi/mutilatoire, c'est sans moi :rateau:
De surcroît, le coup du chien, je trouve cela encore un cran au-dessus dans le malsain ... Pourtant, je n'aime guère la gent canine mais la question n'est pas là : ce pourrait être un ornythorinque abandonné ou un pou abandonné, le résultat serait le même, à mes yeux.

Je ne sais si tout ceci est de l'art ou simplement de la pulsion morbide en tube (de grande dimension) mais c'est sans moi [pour voir du décrépit et de la déchéance, il suffit de se voir tous les matins dans une glace, jusqu'au jour (enfin là) de sa mort, non ?]

Ne serait-ce pas la vision extrême de ce mouvement "conceptuel" qui déclare depuis Duchamp (ou du moins depuis ce qu'en on fait ses épigônes) que "tout est art" à partir du moment où l'artiste le décide (ou du moins celui qui se proclame l'être et que l'institution reconnaît comme tel) ? A ce moment là tout est "permis". La frontière entre l'éthique et l'esthétique se brouille. D'autant plus si "ce sont les regardeurs qui font les tableaux" alors c'est encore "le regardeur qui fait l'œuvre d'art".

Ainsi Stockhausen a déclaré avoir vu dans les tours en flammes du 11 septembre la plus grande œuvre d'art de tous les temps, avant de se rétracter et de regretter ses propos (autrement dit : avant de se rendre compte qu'il avait perdu une belle occasion de se taire). Mais d'autres pourraient voir dans un génocideur ou un tueur en série un artiste... Voilà où nous mène la compulsivité conceptualo-artistique de notre époque.
 
"Le corps est obsolète" annonce stelarc

Mais puisqu'il s'agit de femmes (et encore de corps ?), alors : cindy sherman

mon amie a travaillé sur un opéra contemporain de Maurizio Squillante

The Wings of Daedalus
sur une chorégraphie de Hervé Robbe.

une aventure visuelle, virtuelle, sonore et interactive qui revisite la figure de Dédale et interprétée par Stelarc.
cet opéra réunit sur scène une chanteuse, un acteur, quatre danseurs, des prothèses pneumatiques, des caméras endoscopiques, de la musique électronique enregistrée ou live, des flux d'images mixés en direct...

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Cindy Sherman a aussi travaillé sur les excrétions (forme de rejet organique) dans ses "images de boulimie".
 
Ne serait-ce pas la vision extrême de ce mouvement "conceptuel" qui déclare depuis Duchamp (ou du moins depuis ce qu'en on fait ses épigônes) que "tout est art" à partir du moment où l'artiste le décide (ou du moins celui qui se proclame l'être et que l'institution reconnaît comme tel) ? A ce moment là tout est "permis". La frontière entre l'éthique et l'esthétique se brouille. D'autant plus si "ce sont les regardeurs qui font les tableaux" alors c'est encore "le regardeur qui fait l'œuvre d'art".

Ainsi Stockhausen a déclaré avoir vu dans les tours en flammes du 11 septembre la plus grande œuvre d'art de tous les temps, avant de se rétracter et de regretter ses propos (autrement dit : avant de se rendre compte qu'il avait perdu une belle occasion de se taire). Mais d'autres pourraient voir dans un génocideur ou un tueur en série un artiste... Voilà où nous mène la compulsivité conceptualo-artistique de notre époque.

Je veux bien te suivre sur ce chapitre. Mais alors il faut remonter bien avant Duchamp. A Hume et à Kant qui soumettent le beau et les produits esthétiques au jugement de goût. A une ontologie de l'œuvre se substitue une psychologie du goût. L'œuvre est ce qu'elle est du fait du regard esthétique et non plus de ce qu'elle manifeste de l'absolu, du vrai, du spirituel, etc. C'est cela qui fait dire à Hegel : "l'œuvre d'art sollicite notre jugement; nous soumettons son contenu et l'exactitude de sa représentation à un examen réfléchi (...). Sous tous ces rapports, l'art reste pour nous, quant à sa suprême destination, une chose du passé. De ce fait, il a perdu pour nous ce qu'il avait d'authentiquement vrai et vivant, sa réalité et sa nécessité de jadis, et se trouve désormais relégué dans notre représentation" (Esthétique)

Duchamp conduit ce changement radical du statut de l'œuvre d'art à son élaboration accomplie. Un objet est une œuvre d'art à partir du moment où l'artiste décide de le situer dans l'aire d'une perspective esthétique
 
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sur les prothèses

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working girls.
métamorphoses et travestissement.

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revisite l'histoire de l'art


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revisite les codes hollywoodiens des années 60
 
accessoirement (ce n'est pas sa plus belle réussite) elle a aussi commis une comédie d'horreur :D pour les amateurs (Office Killer (997)
 
accessoirement (ce n'est pas sa plus belle réussite) elle a aussi commis une comédie d'horreur :D pour les amateurs (Office Killer (997)

Voilà qui va me permettre de rebondir, non pas sur le sein de Cyndi plutôt sur la comédie d'horreur.

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Image extraite d'un vidéo (13 mn) de Carsten Höller, Jenny, 1992.
L'artiste met en scène neuf pièges à enfants. Ou comment traiter de manière ironique (cela va de soi) de l'infanticide. Cela se retrouve à travers l'ensemble de son travail, véritable catalogue des sentiments et des pulsions humaines.
 
Voilà qui va me permettre de rebondir, non pas sur le sein de Cyndi plutôt sur la comédie d'horreur.

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Image extraite d'un vidéo (13 mn) de Carsten Höller, Jenny, 1992.
L'artiste met en scène neuf pièges à enfants. Ou comment traiter de manière ironique (cela va de soi) de l'infanticide. Cela se retrouve à travers l'ensemble de son travail, véritable catalogue des sentiments et des pulsions humaines.

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ayant un peu grandi depuis (cf la photo çi-dessus), j'ai pu faire du tobbogan à la Tate Modern... :D

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Carsten Höller


et depuis, je suis puni, parce que j'ai mangé des champignons hallucinogènes...

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Carsten Höller
 
et depuis, je suis puni, parce que j'ai mangé des champignons hallucinogènes...

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Carsten Höller

… Voyez comme mon corps c'est transformé depuis !

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Carsten Höller, 2001.
 
après ma longue maladie
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Erwin Wurm

je suis rentré à la maison.
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Erwin Wurm

je m'interrogeais sur le sens de l'existence
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Erwin Wurm

et décidais de m'acheter une nouvelle voiture
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Erwin Wurm
 
et décidais de m'acheter une nouvelle voiture
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Erwin Wurm

L'idée de partir avec toi me plais
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Peter Fischli & David Weiss

OK, c'est parti !
[YOUTUBE]VTwEuMzpxHk[/YOUTUBE]
Peter Fischli & David Weiss

Après toutes ces péripéties, un petit pique-nique s'impose !
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Peter Fischli & David Weiss

Histoire de reprendre des forces avant une ballade dans la campagne…
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Peter Fischli & David Weiss
 
Je veux bien te suivre sur ce chapitre. Mais alors il faut remonter bien avant Duchamp. A Hume et à Kant qui soumettent le beau et les produits esthétiques au jugement de goût. A une ontologie de l'œuvre se substitue une psychologie du goût. L'œuvre est ce qu'elle est du fait du regard esthétique et non plus de ce qu'elle manifeste de l'absolu, du vrai, du spirituel, etc. C'est cela qui fait dire à Hegel : "l'œuvre d'art sollicite notre jugement; nous soumettons son contenu et l'exactitude de sa représentation à un examen réfléchi (...). Sous tous ces rapports, l'art reste pour nous, quant à sa suprême destination, une chose du passé. De ce fait, il a perdu pour nous ce qu'il avait d'authentiquement vrai et vivant, sa réalité et sa nécessité de jadis, et se trouve désormais relégué dans notre représentation" (Esthétique)

Duchamp conduit ce changement radical du statut de l'œuvre d'art à son élaboration accomplie. Un objet est une œuvre d'art à partir du moment où l'artiste décide de le situer dans l'aire d'une perspective esthétique

Tu me réponds ici en philosophe.
Mais en tant que personne, dans ses émotions et ses affects, le "coup" du type qui laisse crever de faim et de soif un chien dans une galerie sous prétexte que c'est de l'art, et bien çà te révulse.
Moi aussi.
Ce mec est une ordure. Point.
 
Pas que lui, d'ailleurs :zen: Le(s) galeriste(s) aussi bien.
 
c'est tout simplement abject.
une telle proposition ne fait qu'accentuer le divorce entre l'art contemporain et le public.

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l'indifférence et l'innomable...

[youtube]O6vP8CgTonQ&hl=en[/youtube]
sur le mur: des mots écrits avec des croquettes pour chiens...

Guillermo Habacuc Vargas à [FONT=Helvetica,Arial]la Bienal Centroamericana Honduras 2007.[/FONT]
 
Tu peux expliquer?

la réception actuelle des oeuvres d'art contemporain nécessite des outils conceptuels pour les appréhender. ce sont souvent des oeuvres ou des propositions pluridisciplinaires qui n'appartiennent pas forcément au domaine de l'esthétique et qui travaillent séparément ou ensemble dans une même proposition différents médiums, d'où parfois une certaine confusion sur leur statut et incompréhension quand à leur lecture.
comme l'oeuvre d'art contemporain n'est plus une donnée immédiate (il n'y a plus de vision haptique dans sa saisie), il faut, alors, la parcourir, la déplier, la déchiffrer...
elle est donc devenue exigente et complexe.

et une telle proposition (qui pour l'artiste n'est qu'un simple "déplacement du réel", puisque la situation du chien qu'il attache et affame est la même que celle des chiens du Costa Rica: chiens errants et étiques voués à disparaître... donc le chien a une valeur nulle: il n'existe pas. il peut devenir un objet. il est devenu un objet), une telle proposition a pu naître et exister dans l'indifférence générale.

c'est cette indifférence, là, aphasique, qui accentue le divorce entre l'oeuvre d'art contemporain et le public.

il faut souligner que tout ceci a lieu dans le cadre d'une biennale d'art contemporain, chaque pays devant avoir sa biennale comme auparavant aux Etats-Unis chaque grande ville se devait de posséder son propre orchestre symphonique...
et l'artiste voulant se singulariser d'une façon formelle, on aboutit, aussi, à une atomisation de l'offre esthétique. il y a donc une surenchère de propositions (de part le monde).
surenchère et dérives...













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Ô puissiez-vous comprendre qu’il lui faut disparaître !
Même si l’étreignait l’angoisse de disparaître.
Tandis que sa parole prolonge l’ici-bas,
Il est déjà là-bas où vous ne l’accompagnez pas.
Aux grilles de la lyre il n’a pas les mains liées.
Et c’est ainsi qu’il obéit en allant au-delà.

Rainer Maria Rilke. Sonnets à Orphée V.