Et si on refaisait l'histoire de l'art?

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Jean Paul Lemieux
Peintre québécois (1904-1990).

L’atmosphère d'incommunicabilité est caractéristique des toiles classiques de Lemieux et traduit l'isolement humain face à une nature toute-puissante. Ses personnages figés, empreints de mélancolie semblent attendre quelque chose qui enfin briserait la solitude de l'âme.
Peintre canadien d'importance, il est peu connu hors de l'Amérique du Nord. Ses œuvres ont cependant été exposées dans plusieurs musées internationaux.

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Jean Paul Lemieux
Né le 18 novembre 1904 
Meurt le 07 décembre 1990
Peintre québécois (1904-1990).

«Je n'ai pas de théories et comme n'importe quel peintre je ne suis jamais satisfait. Ce qui m'intéresse, c'est de peindre la solitude de l'homme et le passage inexorable du temps. J'essaie d'exprimer ce silence où nous évoluons tous.»

JEAN PAUL LEMIEUX

«L'oeuvre de Jean Paul Lemieux, si particulière et personnelle qu'elle soit, n'en demeure pas moins la meilleure introduction, la plus précise, la plus exacte, la plus rêveuse et la plus poétique à notre pays, immense et désert, habité, de-ci, de-là par des créatures éprouvant la vie et la mort, dans l'étonnement des premiers jours du monde. Le coeur mis à nu, sans faute, dans son évidence irréfutable.»

ANNE HÉBERT, extrait de la préface, Gaétan Brulotte, L'Univers de Jean Paul Lemieux, FIdes, 1996


Le train de midi (1956 )

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Le visiteur du soir (1956)
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Réactions: Chang
Jean Paul Lemieux
Né le 18 novembre 1904 
Meurt le 07 décembre 1990
Peintre québécois (1904-1990).


Le train de midi (1956 )



Le visiteur du soir (1956)

A titre tout à fait personnel, et comme tu semblais apprécier mon parti-pris sur l'importance de la subjectivité dans le jugement de goût, pourrais-tu nous dire ce que tu penses TOI de cette œuvre, et des raisons du choix des toiles que tu nous montres ?
Je suis toujours plus intéressé par ce que chacun pense, personnellement, d'une œuvre que des citations de Untel ou Untel.
Merci.
 
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[FONT=Verdana, Arial, Helvetica, sans-serif]Wassily Kandinsky (1866-1944)
Transverse Line,
[/FONT]
[FONT=Verdana, Arial, Helvetica, sans-serif] 1923
141 x 202 cm
Oil on canvas
Kunstsammlung Nordrhein-Westfalen, Dusseldorf
[/FONT]

Au mitan des années 80, il y a eu une rétrospective Kandinsky à Beaubourg. Un peu par hasard, j'y suis allé. Vraiment je ne sais pas ce qui m'y a amené, d'autant qu'à l'époque je n'aimais (ou ne connaissais) pas l'art abstrait.

Et là, sans y rien comprendre, je suis resté fasciné par cette peinture (cette toile-ci ou une de cette époque de Kandinsky, ne pinaillons pas). Je pense que, sans aucune réflexion consciente, cette peinture correspond d'une manière ou d'une autre à l'organisation de mes cellules grises. Je ne vois pas d'autre explication à mon goût pour W.K.

Plus tard, j'ai un peu fouillé (Blaue Reiter et tout ça) et ça a perduré. Ce qui me fait toujours sourire est qu'à cette exposition, ma femme et moi écoutions les explications dans un style ampoulé d'un "calé en histoire de l'art" qui discourait sans fin sur "l'obsession de la purification chez Kandinsky" (citation de mémoire, vérifiée par Mme B.) Pas besoin de tout ce baratin narcissique finalement.

PS : je pourrais aussi parler de la jubilation à écouter Pierre Boulez jouer/analyser le concerto pour violon d'Alban Berg. Dans mon souvenir, cette analyse se concentrait sur la construction de l'oeuvre et non sur des potins vaguement biographiques qui ne m'intéressent pas. Ce dont je me souviens, c'est que cette musique qui me paraissait plutôt obscure en début d'émission se révélait lumineuse et forte lorsqu'interprétée de nouveau en fin d'émission.
 
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Réactions: CouleurSud
J’apprécie particulièrement le message de Bompi parce que j’y retrouve un fort écho de ce que j’essaye de défendre depuis le début dans ce fil.

Il y a tout d’abord la rencontre avec la singularité d’une œuvre, presque comparable à la rencontre amoureuse. Souvent elle relève du hasard. Elle n’est pas programmée. Elle ne s’inscrit pas dans une attitude de conformisme culturel. Du genre : « Je vais aller faire la Rétrospective Picasso à Beaubourg ». Car si une partie du fil, notamment autour des interventions de LHO, a consisté à poser la question de l’emprise de l’institution sur les artistes, il faudrait aussi évoquer son emprise sur… le public ! En clair : il est difficile de faire émerger un goût authentiquement personnel pour telle ou telle œuvre, tant le poids de l’institution est fort. Je nomme « institution » avant tout le système de valeurs de légitimation et de reconnaissance des artistes et des œuvres. L’institution ne se réduit pas aux espaces du musée ou de la galerie. Je les vois plutôt comme des lieux d’exercice concret de ce système de reconnaissance sur les œuvres et les artistes. L’institution c’est aussi les administrations de la culture, les galeristes, les critiques, les historiens d’art, le marché de l’art etc.

Pour en revenir à l’expérience de Bompi avec Kandinsky, elle nous montre que la rencontre avec l’œuvre peut avoir quelque chose de fulgurant. L’on devine aussi que derrière ce coup de foudre, il y a des choses à découvrir. Et c’est en les découvrant que l’on se confirme à soi-même qu’il ne s’agit pas d’un feu de paille. Mais ici il est aussi parfois difficile de ne pas dissoudre son émotion première dans les gloses de certains. Ainsi Bompi s’est-il documenté sur le parcours personnel de Kandinsky. Tous ces coûteux livres d’art que certains étalent ostensiblement sur la table basse de leur salon contiennent ce que je nomme le « discours institutionnel » sur les œuvres. Et il faut toujours veiller à y exercer sa propre lecture critique. Comme Bompi a su le faire avec le blabla narcissique du guide. Trop de gens parlent des œuvres de manière très « sçavante » et ne font en réalité que de la redite des textes critiques. Je reste persuadé que même des thèses de doctorat sur le travail de tel artiste sont souvent des paraphrases de textes antérieurs. La critique des critiques : et en route on a oublié l’œuvre ! Pas une idée personnelle dans 5 kg de papier !
Alors il y a parfois de petits miracles : on tombe sur un écrit qui semble l’avoir été pour soi seul. Quand la solitude d’un monologue en rencontre une autre…

Tout ça pour finalement exprimer ceci : se former un avis véritablement personnel sur une œuvre est une chose longue, rare, qui nécessite du temps, de la décantation et une rencontre forte initiale. On est très loin du j’aime / j’aime pas.
 
Alors moi, je vais vous parler d'un autre chemin de rencontre avec une oeuvre ;) en vous parlant du Taureau Farnèse, sculpture grecque datant environ de 180-200 av n.ère.
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Le lien que je possède avec cette sculpture monumentale (à la fois par sa taille et son lien à l'architecture), est passé par sa compréhension et notamment en lisant tous ces ouvrages d'art pompeux remplis de "branlette intellectuelle" et même des thèses de 5gk dont au au moins deux kg étaient écris en grecs ancien :siffle: :rolleyes: :p :D

Cette sculpture est remplie de violence et d'intensité, comme si j'assistais à une scène de théâtre sculpté dans le marbre.
J'ai eu le privilège de côtoyer cette oeuvre en étant seul pendant 1 heure.
À partir de ce moment, cette sculpture est pour moi, une véritable expérience.
Mais j'insiste sur le fait que cette "expérience" ne fut possible selon moi, que par sa connaissance et sa compréhension à la fois plastique, historique et iconographique et ce par l'intermédiaire de tous ces universitaires:p :p

Cependant, je précise, que je ne dis pas ça pour mettre de l'eau sur le feu. Pour ceux qui lisent le fil depuis le début, vous savez que je revendique cette approche scientifique de l'histoire de l'art.
Je comprends tout à fait l'approche de Coloquinte, que j'apprécie puisqu'elle ne tombe pas dans le 'j'aime-j'aime pas" et pour cela, je lui suis reconnaissant :zen:

Merci de m'avoir lu ou pas :D

Ps: À la suite de mp ou autre cdb, je me permets de préciser qu'il s'agit du châtiment de Dircé. Dircé s'est fait attachée par les cheveux par Amphion et Zethos, les deux enfants d'Antiope (que l'on peut voir assise dans la sculpture). Voilà une autre vue de dos. Cette sculpture est un véritable manifeste de la ronde-bosse. Tout les points de vus sont travaillés.
 
Mais j'insiste sur le fait que cette "expérience" ne fut possible selon moi, que par sa connaissance et sa compréhension à la fois plastique, historique et iconographique et ce par l'intermédiaire de tous ces universitaires:p :p

Je t'ai bien lu. ;)
Ce qui est important c'est la façon dont on restitue personnellement tous les apports extérieurs éventuels que l'on est allé chercher autour d'une œuvre dont la rencontre avec celle-ci est justement une "expérience" (j'apprécie tout particulièrement ce terme).

Chouette ! Ce fil commence à ressembler à quelque chose...
 
A titre tout à fait personnel, et comme tu semblais apprécier mon parti-pris sur l'importance de la subjectivité dans le jugement de goût, pourrais-tu nous dire ce que tu penses TOI de cette œuvre, et des raisons du choix des toiles que tu nous montres ?
Je suis toujours plus intéressé par ce que chacun pense, personnellement, d'une œuvre que des citations de Untel ou Untel.
Merci.

Lemieux est un artiste québécois dont j'estime le travail d'une part parce qu'il a participé au Refus Global qui lui-même a été une des prémisses de la révolution tranquille au Québec et d'autre part parce qu'il a su s'exprimer par un style figuratif très particulier (pas calquer sur certains artistes européens comme l'on fait beaucoup d'artiste québécois). Et que en tant qu'artiste figurative, je suis sensible au travail d'autres artistes figuratifs d'une manière différente que je peux l'être face à des artistes non figuratifs ou face à l'art contemporain.

Le choix des toiles c'est celle que j'ai rapidement trouvées!!

Quand tu regardes le train par exemple qui est l'une de mes toiles préférées... tu as vraiment l'impression de vivre dans un des romans de Gabrielle Roy!
L'immensité de ce grand pays (si peu habité) est exprimée d'une manière incroyable.
Et ce qui me fascine dans cette toile, que j'ai revu il y a quelques mois, ce sont les blancs, la subtilités de tous les blancs.
Mon expérience forte comme dit Antoine... dans cette toile, c'est avec les blancs et la composition
Je ne sais si vous êtes artiste... et je m'en fous... mais c'est la dernière fois que je prends du temps pour détailler.
Moi j'ai pensé que peut-être vous ne connaissiez pas Lemieux et que cela vous intéresserait de connaître... c'est pour cela que j'ai mis ces toiles... pour partager... mais je ne détaillerai pas...

Moi je n'ai pas envie d'écrire à propos de l'art, j'ai juste envie d'en faire... de créer, de jouer avec les couleurs, les surfaces, les profondeurs, les ombres les lumières, les traits, les aplats, les volumes... bref j'ai envie de m'amuser.

Pour écrire à propos de l'art, il y a les historiens d'art et les critiques d'art (même s'ils disent des conneries) ce que je ne suis pas.
Alors voilà
Je vais me contenter de vous lire... et de regarder les images que vous mettrez!!!
... et si vous avez envie de découvrir des artistes de chez nous vous me le direz... mais je ne ferai pas d'analyse des oeuvres ni de ma rencontre avec ces oeuvres.
:zen: :zen: :zen:
 
Pour écrire à propos de l'art, il y a les historiens d'art et les critiques d'art (même s'ils disent des conneries) ce que je ne suis pas.

Ce train filant dans le vide blanc, çà me renvoie à certains voyages personnels. L'ambiance qu'il dégage m'a retenu. C'est intéressant. Le reste j'aime moyennement.

Je ne suis ni historien, ni critique, ni artiste. Un simple quidam qui essaye de parler honnêtement et personnellement des œuvres qu'il aime.

J'aimerais bien que tu continues à t'exprimer pour ma part. Mais je respecte néanmoins ton choix, et espère qu'il ne relève pas d'une forme d'autocensure.
 
J’apprécie particulièrement le message de Bompi parce que j’y retrouve un fort écho de ce que j’essaye de défendre depuis le début dans ce fil. (…) se former un avis véritablement personnel sur une œuvre est une chose longue, rare, qui nécessite du temps, de la décantation et une rencontre forte initiale. On est très loin du j’aime / j’aime pas.

Comment dire, sans te brusquer, que je ne partage pas ton avis. :siffle:

Il y a, et ce pour toute pratique, trois façons d'acquérir, d'accéder à la connaissance. L'acquisition du savoir est soit formel, c'est-à-dire dispensé dans un établissement scolaire, dans un esprit plutôt académique ; soit non formel, à savoir dispensé dans un lieu non reconnu par l'administration scolaire et cependant enseigné dans un cadre structuré ; soit informel, simplement effectué dans le cadre de la vie de tous les jours sans objectif d'apprentissage.

Ceci étant posé, je voudrais revenir sur se former un avis véritablement personnel. Comment peux-tu croire cela ? Aucunes des trois formes d'apprentissage ci-dessus, expliquées, sous-entendent une telle chose. Et, à ma connaissance, une quatrième forme n'est pas prête de voir le jour. Tu n'es pas né(e) de rien, tu ne vieillis pas seul, tu n'es pas l'unique être de l'univers et pour me replacer dans le contexte de la discussion, tu n'es pas le(la) seul(e) à apprécier, raisonner ou, tout au contre déprécier voire vilipender telle ou telle œuvre. D'autres l'ont fait, le font et le feront. Donc, à mon sens, ton avis n'est en rien véritablement personnel. Je suis d'accord avec toi sur le fait que d'être former s'obtient, se conquiert, se mûrît en toi mais ne provient, en aucune manière, de ton seul fait.

Je termine par une citation – l'avantage, et parfois l'inconvénient, d'une citation sortie de son contexte original reste sa polyvalence – de Antoine-Laurent de Lavoisier, le célèbre chimiste français décapité par la révolution : Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. Ce qui revient à dire, en parlant de discours sur l'art, un livre sur Pierre Restany intitulé L'alchimiste de l'art juste à portée de main, ceci. Ne pouvant faire disparaître totalement cet homme, ne pouvant aller au delà de son propos concernant tel ou telle artiste, m'inspirer de ses mots pour étayer, analyser, comprendre voire renseigner sur l'œuvre d'un artiste me paraît juste. Car n'étant pas omniscient en matière d'art, je préfère m'attacher le concours de quelque érudit afin de progresser vers la connaissance.

:siffle: En espérant ne pas t'avoir brusqué.
 
Mon petit commentaire sur cette première œuvre est bien entendu subjectif, tronqué, de mauvaise foi (si vous voulez), pas érudit, lacunaire etc.
On pourra me taxer d'un manque total d'originalité. J'ai simplement essayé de dire avec mes mots à moi, pas avec ceux du Louvre ou de l'Education Nationale, respectables au demeurant, ce que je ressens.

Alors là je pourrais faire mon pédant. Vous parler de ce XVIIème siècle français que j’aime tant pour ses productions architecturales, musicales, picturales et paysagères. Je pourrais glisser des allusions au Jansénisme, à Blaise Pascal (depuis le passage à l’euro on l’a un peu oublié… !). Memento mori, Vanitas. Voilà des sujets riches à exhiber comme un prêt-à-penser culturel : du bling bling intellectuel. Parce que venant de moi, je crains que cela puisse en être. Je ne préjuge pas de ce que pourraient en dire d’autres. Car ici je ne parlerai que de moi : je ne prends pas le goût des autres en otage. Donc plutôt que de vous ressortir des souvenirs de lectures mal digérées et mal comprises, je vais vous parler simplement de cette toile de Philippe de Champaigne.

J’apprécie particulièrement le message de Bompi parce que j’y retrouve un fort écho de ce que j’essaye de défendre depuis le début dans ce fil.

Il y a tout d’abord la rencontre avec la singularité d’une œuvre, presque comparable à la rencontre amoureuse. Souvent elle relève du hasard. Elle n’est pas programmée. Elle ne s’inscrit pas dans une attitude de conformisme culturel.
En clair : il est difficile de faire émerger un goût authentiquement personnel pour telle ou telle œuvre, tant le poids de l’institution est fort. Je nomme « institution » avant tout le système de valeurs de légitimation et de reconnaissance des artistes et des œuvres. L’institution ne se réduit pas aux espaces du musée ou de la galerie. Je les vois plutôt comme des lieux d’exercice concret de ce système de reconnaissance sur les œuvres et les artistes. L’institution c’est aussi les administrations de la culture, les galeristes, les critiques, les historiens d’art, le marché de l’art etc.

Trop de gens parlent des œuvres de manière très « sçavante » et ne font en réalité que de la redite des textes critiques. Je reste persuadé que même des thèses de doctorat sur le travail de tel artiste sont souvent des paraphrases de textes antérieurs. La critique des critiques : et en route on a oublié l’œuvre !

Tout ça pour finalement exprimer ceci : se former un avis véritablement personnel sur une œuvre est une chose longue, rare, qui nécessite du temps, de la décantation et une rencontre forte initiale.

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un petit florilège d'une pensée qui se sent menacée par tous les discours qui ne sont pas de "soi".

dans ton commentaire sur Philippe de Champaigne, tu es toi-même pris au jeu du langage et du savoir. un autre que toi pourrait dire que ton discours est très élaboré, simplement parce qu'il n'a pas une connaissance de cette époque, qu'une "vanité" serait plus un excès d'orgueil ou d'arrogance qu'une forme de nature morte allégorique.
si tu n'avais pas étudié cette période, par affinité, tu n'aurais pas ce regard, ni cette façon de replacer ce que tu nous montres dans une perspective plus englobante.

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un commentaire n'est jamais "véritablement personnel". il est déjà investi et brouillé avant que d'être.

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ce fil est pour moi une forme de bavardage (ou comme dirait nos amis canadiens, une forme de claviardage ou bavarder avec un clavier), un espace de "conversation" qui n'est pas démonstratif mais simplement ludique et fait de rebonds et de liens...
j'aime bien cette liberté libre et un peu futile.

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ce n'est pas une rencontre avec une oeuvre d'art, mais trois anecdotes liées à un lieu, un lieu de mon enfance, qui permettra de situer (pour reprendre un de tes termes) l'endroit d'où je parle.

je dirais qu'enfant, nous allions, avec ma famille, tous les étés en "pèlerinage" à la fondation Maeght à Saint Paul de Vence. C’étaient les vacances et j'avais l'insouciance d'un garçon de 9-10 ans. on mesurait ma taille en me mettant à côté d'une des sculptures filiformes de Giacometti, on en vérifiait la progression en discutant la position du haut de ma tête sur des repères qu'on avait oubliés. tout cela était très suggestif jusqu'au jour où l’on constatât que ma tête arrivait juste à la hauteur du pubis de la femme représentée. on cessa alors de me mesurer (du moins de cette façon).
la seconde anecdote concerne des toiles de Tapiès dans les grandes salles. il y avait de la terre et du sable sur les toiles. ainsi que des linges incorporés et sur une des toiles une vraie bassine en fer-blanc était comme incrustée dans la matière et la couleur. demandant pourquoi il y avait une bassine sur la toile, ma tante me répondit que c'était une façon d'introduire des objets du quotidien qui avaient une matière et une couleur (ma tante m'a confirmé tous ces souvenirs ainsi que d'autres).
la troisième, concerne Miro. j'avais remarqué que sur toutes les toiles de Miro il y avait toujours en filigrane un quadrillage au crayon. Par-dessus, les formes flottaient libres et comme mouvantes. Miro me fascinait par son côté aérien (je ne sais pas si je pouvais l'exprimer ainsi à l'époque). aussi posant la question, cette fois-çi, à mon oncle, il me répondit que Miro retranscrivait dans un format plus grand ce qu'il avait esquissé auparavant. il se servait d'un quadrillage comme report.
le peintre de la légèreté même était un mathématicien, un géomètre des formes et de l'espace.
un peu plus tard, en cours de dessin et de peinture, nous devions à partir d'une oeuvre originale en faire une autre dans le même esprit. je pris donc une toile de Miro comme modèle. on me reprocha de ne pas avoir bien compris l'exercice qui était de choisir une oeuvre d'art pour en faire une autre différente et non pas de la reproduire.
tout cela parce que j'avais mis un quadrillage au crayon sous les formes inspirées de Miro.

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j'ai grandi dans et avec les livres dans une famille où il n'était pas tabou de lire.
et j'ajouterais que j'ai lu très peu de livre sur l'art. mis à part quelques fondamentaux comme Huyghe, Faure ou Malraux.
à présent, je "lis" beaucoup de revues étrangères sur l'art contemporain comme Artforum, Frieze ou FlashArt.
mais plus pour les images que les commentaires.

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pour finir, des gens comme Maurice Blanchot ou Georges Bataille, Nietzsche et Deleuze ont formés mon esprit. il est possible alors qu'une partie d'eux-même soit devenu moi.
on appelle cela la contagion.

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les oeuvres présentées n'ont rien à voir avec la Fondation Maeght.
uniquement avec leur auteur.

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Antoni Tapiès

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Joan Miro

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Alberto Giacometti
 
le train de Jean-Paul Lemieux me fait penser à une scène du Docteur Jivago.
la bienvenue à Madeline sur ce fil.
 
C'est bizarre, on dirait que le Miró a été fait avec une vieille version d'Illustrator ...
 
En-dehors du fait que je n'acquiesce pas forcément à ce que tu écris, nous avons quand même ça en commun : moi aussi, quand j'étais minot, je suis allé quelques fois à St Paul de Vence et à la Fondation Maeght.

Dans l'ensemble, c'est un bon souvenir même si ce qui était exposé ne m'a pas laissé grande impression. Paradoxalement, ce n'est pas ce qui me plaît aujourd'hui qui m'a laissé un souvenir (Miró, par exemple). Mais ce que je trouvais idiot, tarte, débile voire carrément n'importe quoi.

Un exemple : dans une pièce une toile avec une demi-baignoire collée dessus. Dans une autre pièce, l'autre moitié de baignoire sur une autre toile ... Passionnant. Je dois dire que j'en viens à douter l'avoir vu (tellement aujourd'hui encore je trouve ça inepte). Si une âme charitable pouvait secourir ma mémoire défaillante ... ;)

PS 1 : une "liberté libre", c'est moyen.
PS 2 : Si j'osais, je vous conseillerais la lecture du "Confort intellectuel" de Marcel Aymé. Il n'y est pas question d'art (ou je ne m'en souviens plus) mais la satire ironique et aigue peut fort bien trouver un emploi par ici.
 
En-dehors du fait que je n'acquiesce pas forcément à ce que tu écris, nous avons quand même ça en commun : moi aussi, quand j'étais minot, je suis allé quelques fois à St Paul de Vence et à la Fondation Maeght.

Dans l'ensemble, c'est un bon souvenir même si ce qui était exposé ne m'a pas laissé grande impression. Paradoxalement, ce n'est pas ce qui me plaît aujourd'hui qui m'a laissé un souvenir (Miró, par exemple). Mais ce que je trouvais idiot, tarte, débile voire carrément n'importe quoi.

Un exemple : dans une pièce une toile avec une demi-baignoire collée dessus. Dans une autre pièce, l'autre moitié de baignoire sur une autre toile ... Passionnant. Je dois dire que j'en viens à douter l'avoir vu (tellement aujourd'hui encore je trouve ça inepte). Si une âme charitable pouvait secourir ma mémoire défaillante ... ;)

PS 1 : une "liberté libre", c'est moyen.
PS 2 : Si j'osais, je vous conseillerais la lecture du "Confort intellectuel" de Marcel Aymé. Il n'y est pas question d'art (ou je ne m'en souviens plus) mais la satire ironique et aigue peut fort bien trouver un emploi par ici.

peut être Rebeyrolles , il aimait beaucoup les lavabos et les baignoires en peinture ?

edit: pour la charge d'Aymé contre Baudelaire, il y a la charge d'un Léon Daudet sur les milieux littéraires de son époque ou d'un Léon bloy sur la bourgeoisie dans "Exégèse des lieux communs".