Je n'ai aucun bagage technique en photographie, par conséquent mon jugement se réfère à l'
effet_spectaculaire, sans pouvoir remonter comme le font les spécialistes ici à la
raison_des_effets.
En tant que
spectateur, donc, je suis accroché par cette photographie de
SirDeck postée dans les «
Cimaises» :
de même que par l'appréciation suivante de
jpmiss :
J'ai un gros problème de composition sur cette image.
...l'oeil part inévitablement vers la gauche sur le poteau et rien le vient le ramener vers le centre. Par ailleurs la composition est très bizarre, ni classique, ni pano. On a l'impression qu'il manque quelque chose en bas de l'image et je trouve ça très choquant. L'horizon est trop bas par rapport au reste de l'image d'autant qu'il ne se passe rien en haut.
Bref j'ai un ressenti très désagréable en regardant cette image.
car elle analyse précisément l'
effet produit sur le spectateur. De la même façon, je suis dérangé dans mon 'confort visuel' (mais comme j'apprécie ce qui dérange le schéma des habitudes plutôt que ce qui le conforte, je n'en éprouve pas de désagrément) - ce, parce qu'effectivement il y a attraction du regard sur la gauche par le poteau qui penche vers l'extérieur du champ au premier plan, en contraste d'un horizon très bas dans tout le plan marin avec, en troisième instance, un haut de ciel sans '
événement'.
Voici la petite 'rallonge critique' que m'inspire ce qui précède : la photo de
SirDeck me paraît
imposer au regard un espace à
trois lieux de focalisation divergents - donc une disposition
paradoxale qui produit un effet de
dérangement du confort visuel, parce que nous avons l'habitude de percevoir en mode '
perspectif', càd. par étagement en profondeur des plans visuels dans un schéma global de
convergence en direction d'un point de focalisation unique, qui est le 'centre du tableau' tout au fond de l'image.
Or rien de tel dans la photo présentée, et c'est bien pour cela qu'elle m'accroche. La 'convergence perspectiviste' de mon regard est abruptement rompue par une contrainte à la 'divergence visuelle'. Eh oui! Cette photo m'impose un 'désaccouplement oculaire', littéralement, comme si j'étais 'bigle', avec un œil regardant vers l'Ouest pendant que l'autre regarde à l'Est. Je m'explique :
il n'y a que mon œil gauche, en fait, qui se focalise sur le poteau de gauche au premier plan, et
pas du tout mon œil droit. Le penchement sénestre du poteau vers l'extérieur du champ de la photo capte et verrouille littéralement mon œil gauche, qui s'en va focaliser mon attention visuelle en direction de la
limite gauche du champ. Oui mais, concomitamment, le plan de la mer si bas attire mon
œil droit à se focaliser vers l'angle extrême droit du tableau. Que je le veuille ou non, je ne peux pas l'éviter, parce que tel est l'effet de dé-coordination visuelle (désaccouplement) produit par ces deux lieux de l'espace visuel.
Je remarque qu'il n'y a pas banalement divergence
gauche/droite des zones d'attention de mes deux yeux dans ce qui serait le confort d'un
plan horizontal - ce, parce que l'inclinaison sénestre du poteau du premier plan force mon œil gauche à suivre cette orientation, et donc à s'en aller se focaliser sur la verticale du côté gauche, et même plus précisément en direction de l'
angle supérieur gauche. Tandis, donc, que mon œil droit est littéralement tiré vers la limite horizontale, et plus spécialement vers l'
angle inférieur droit.
Il n'y a donc pas
distorsion plane, mais
divergence diagonale des zones de focalisation des yeux. Ce qui, de la manière la plus curieuse qui soit, produit un
effet_tiers sur la perception qui me rappelle la
résultante des forces de la Physique : c'est comme si cette divergence oculaire (angle supérieur gauche / angle inférieur droit) m'obligeait à une
compensation_tierce : un 'rattrapage' par le 'milieu' (afin de récupérer un 'cohérence' perceptive) : le champ supérieur du ciel, avec désaxement de la zone de focalisation vers la droite (en bonne résultante des forces). Et, justement, là où la divergence oculaire forcée précédente me pousse à chercher un 'milieu cohérent', qu'y a-t-il à voir? Exactement ce que relève
jpmiss : «
Il ne se passe rien en haut».
Une routine de la perception ordinaire est la '
double vision' : les objets proches du champ visuel ont un
relief cohérent (visée primaire), parce que simultanément un
centre perspectif flou (visée secondaire) organise cette cohérence du relief immédiat, par leur insertion dans une
convergence lointaine. Avec la photo de
SirDeck, il n'y a pas une telle ligne de fuite rassembleuse du premier plan, mais la divergence (l'in-cohérence oculaire) du premier-plan convoque
vers le spectateur la nébulosité 'supérieure-droite'. La vision secondaire ne file pas vers ce point de fuite rassembleur - mais au contraire la brume s'avance en direction de l'avant-plan, dans l'imminence d'une submersion. Une
inquiétante étrangeté que le correctif de
momo ramène aux convergences perspectives du point de fuite du fond du tableau.
[
Édit. Suite à cet effet de divergence oculaire que j'ai tenté de décrire (qui n'est peut-être que mon expérience), j'ai l'impression que les nuages viennent me 'taper' dans le front, et qu'un troisième œil est prêt à s'ouvrir, en fait une sorte d'entonnoir cérébral par lequel la nébulosité du ciel pourrait bien entrer dans ma tête : je ne vois pas la brume - je bois la brume <allo! l'Asile_des_Cimaises? - C'est pour vous signaler qu'une espèce d'illuminé est en train de divaguer au labo de PVPBP...> ]