On ne m'a jamais demandé plus que 300 dpi (depuis que je bosse à l'ordi, depuis début 2000).
Le passage de la BD à l'informatique a été désastreux en terme de qualité !
De la même manière que chez beaucoup de photograveurs traditionnels : beaucoup de personnes très compétentes en traditionnel sont devenues de vraies burnes incompétentes en informatique, parcequ'ils-elles n'ont pas su faire le parallèle entre ce qu'ils savaient parfaitement faire avec un banc photo et ce qu'il aurait fallu faire avec un scanner.
Ils savent parfaitement bien faire la différence entre une image au trait et une image niveaux de gris/couleurs, et avec le banc-photo ils savaient parfaitement bien appliquer le traitement différent qui convenait. Mais quand ils ont eu un scanner, ils n'ont pas su faire la différence de traitement, alors ils ont posé le truc sur la vitre du scanner et ils ont scanné à 300 ppi en CMJN, en appliquant bêtement ce qu'ils entendaient partout (CMJN + 300 "dpi"), en ignorant complètement pourquoi 300 "dpi" et sans se poser de question sur comment scanner un dessin "au trait", qu'ils auraient pourtant traité différemment avec un banc-photo.
Chez certains éditeurs de BD, pour causes de la même incompréhension du fonctionnement de l'informatique, des résolutions, du tramage, de la différence entre le bitmap et le tons-continus, de la différence de rendu imprimé, etc. toute la chaîne graphique est passée du système traditionnel de la BD de qualité (dessin au trait, bleus de colorisation et colorisation) à l'impression de simples images à 300 ppi en CMJN, parfois même avec le lettrage incorporé dans l'image. En plus c'est beaucoup plus facile à faire, moins long et donc moins cher !
Ceci dit, avec une impression en trame 150 lpi peu de gens voient la différence, et comme depuis le passage aux CTP l'imprimerie en a profité pour passer à une trame 175 lpi par défaut, personne ne voit la différence (à part les vrais connaisseurs, comme
baron… et encore, maintenant il lui faut certainement une bonne loupe !!!
)
(Pour vous donner une idée, je me souviens m'être pris la tête avec un dessinateur relativement connu qui m'avait envoyé un dessin en EPS-Photoshop, codé JPEG, évidemment en CMJN-300 ppi, et avec des artefacts de JPEG bien visibles… le problème a commencé quand je lui ai demandé une image sans compression JPEG : il m'a répondu que son image EPS-JPEG n'est pas compressée, qu'il travaille toujours comme ça depuis 10 ans qu'il s'est mis à l'informatique, qu'il travaille avec les plus grands éditeurs (je me souviens de Hachette et Dargaud mais il y en avait 2 ou 3 autres), qu'il n'a jamais eu de problème, et que ce sont même les éditeurs avec lesquels il travaille qui lui ont conseillé ce format de fichiers…:banghead: Pourtant c'était dans la 2e moitié des années 2000, à une époque où les gens compétents avaient déjà compris depuis longtemps que l'EPS-Photoshop a eu son intérêt avec XPress 1 et 2 et avec l'option DCS, mais que maintenant (et sans le DCS, que plus personne n'utilise) c'est une daube sans intérêt qu'il faut arrêter d'utiliser, et que le format JPEG compresse les images de façon destructive. Après, quand je lui ai demandé d'avoir le trait et la colorisation séparé, je crois qu'il n'a même pas compris la question !)
Un de mes potes a bossé quelques temps en 600dpi (dessins trèèèès lourds) et il a vite laissé tomber en disant "ça sert à rien"...
Effectivement ça ne sert à rien ! à part multiplier le poids du dessin par 4.
Pour t'expliquer simplement, dans une image tons-continus (niveaux de gris ou couleurs) les pixels ne peuvent pas être imprimés. Une imprimante, qu'elle soit laser ou jet-d'encre (ou presse offset), ne sait que mettre de l'encre ou ne pas mettre de l'encre sur le papier, donc elle ne sait pas mettre un 1/2 ou 1/4 ou 53,5% d'encre, donc une imprimante noir et blanc n'est pas capable d'imprimer un gris, pas plus clair que foncé, elle ne peut donc pas imprimer des pixels gris avec 254 nuances de gris (256 nuances possible au total pour une image 8 bits, donc moins le blanc et le noir ça fait 254 niveaux de gris)
L'impression d'une image tons-continus (niveaux de gris ou couleurs) demande donc une transformation des pixels : c'est le système de rasterisation de l'imprimante (ou de la flasheuse de l'imprimeur) qui transforme les pixels en points de trame, de tailles variables, qui selon leur taille (ou plus exactement selon le rapport entre la taille du point et la quantité de blanc restant autour) vont simuler un gris (et un cyan/magenta/jaune en quadri) plus ou moins clair ou plus ou moins foncé.
La conséquence directe, c'est que quand tu regardes une image imprimée, tu ne vois pas ses pixels, mais tu vois les points de trame de l'imprimante : c'est la linéature de la trame qui définit la taille de ces points de trame et donc la finesse de l'impression.
Bien-sûr pour que ce système puisse fonctionner correctement il faut au minimum que chaque point de trame soit créé au moins à partir d'un pixel, donc il faut une résolution d'image au moins égale à la linéature de la trame d'impression : c'est alors un "facteur de qualité" de 1 = 1 pixel pour 1 point de trame.
Dans la pratique on va plutôt travailler avec un peu plus de pixels que de points de trame : le "facteur de qualité" est généralement compris entre 1,5 et 2, mais pour des linéatures supérieures à 133 lpi il peut être compris entre 1,5 et 1,7.
Une image à 300 ppi peut donc être imprimée à tel avec une trame entre 150 lpi (facteur de qualité = 2, c'est un peu trop mais ça fonctionne) et 200 lpi (facteur de qualité = 1,5 c'est bien), en passant par 175 lpi (facteur de qualité = 1,71 c'est parfait) qui est devenue la linéature par défaut des imprimeurs offset de labeur, en remplacement des 150 lpi du siècle dernier
(et là tu comprends pourquoi 300 ppi : parceque c'est la linéature de base utilisée par les imprimeurs quand la PAO est apparue, multiplié par le facteur de qualité maximum (par un idiot qui n'a pas compris que x2 est pour 133 lpi et moins...) et donc 150 lpi x 2 = 300 ppi)
Dans le cas d'une image tons-continus à 600 ppi, imprimée à tel en trame standard 175 lpi, le facteur de qualité devient 600 / 175 = 3,42, c'est à dire que chaque point de trame est composé d'un peu plus de 11 pixels, alors que 2,25 suffisent et 4 suffisent largement.
Donc ça ne sert à rien, même pas à avoir une meilleure impression de l'image, puisque de toutes façons c'est la trame qui se voit, et la trame est toujours 175 ou 200 lpi.
En revanche, tout change avec une image au trait, puisque l'image est seulement noir et blanc : donc il n'y a que 2 états et donc l'imprimante peut imprimer les pixels :
- il y a de l'encre : c'est noir,
- il n'y a pas d'encre c'est blanc.
Et donc quand tu regardes l'image imprimées ce sont bien les pixels que tu vois. La résolution de l'oeil humain normal à 30 cm est de l'ordre de 300 dpi diagonale, ce qui fait 420 dpi horizontal/vertical. Donc si l'image est à 300 ppi, l'impression est à 300 ppi et l'oeil voit les pixels.
Donc pour avoir une image "au trait" (mode "Bitmap" dans Photoshop) propre il faut au moins 600 ppi.
En impression numérique, les imprimantes ont le plus souvent (ou du moins avaient quand j'ai arrêté en 2011, ça a peut-être augmenté depuis) une résolution de 600 dpi, donc ça ne sert à rien d'avoir des images "au trait" avec une résolution plus élevée.
En impression offset, la flasheuse est au minimum à 1200 dpi (flashage "bas de gamme" pas cher) et normalement à 2400 dpi (voire 3600 dpi) : dans les deux cas elle permet l'impression d'image "au trait" de qualité à 1200 ppi.
…surtout que je bosse toujours nettement plus grand que l'imprimé.
Dans tout mon bla-bla précédent je parlais d'images à tel, donc imprimées à 100%.
Si tu introduis un rapport d'échelle à l'impression (ou à l'import dans le soft de mise en page, ou les deux), alors il faut corriger les résolutions en fonction de l'échelle : si tu travailles sur des images plus grandes que l'impression, par exemple agrandies 2 fois, alors à l'impression tes 300 ppi se transforment en 600 ppi.
La résolution, c'est la taille des pixels pour une dimension d'image donnée (tout ça étant quand-même très virtuel, puisque le pixel n'est qu'une donnée informatique et la dimension de l'image une méta-donnée intégrée dans l'image) :
- à 300 ppi, les pixels "mesurent" 25,4 / 300 = 0,084666 mm
- si tu réduis ton image 300 ppi de 2 fois, ses pixels ont une taille divisée par 2 : 0,084666 / 2 = 0,042333 mm
- et 25,4 / 0,042333 = 600 ppi
À l'inverse, si tu agrandis ton image 2 fois, les pixels ont alors une taille de 0,084666 x 2 = 0,169333 mm correspondant à une résolution de 25,4 / 0,169333 = 150 ppi.