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Pour en revenir a l'article, je n'ai pas compris quel était son projet. Elle a étudié dans 3 domaines completement differents et dans lesquels les places sont tres chers. Elle est a l étranger avec un master de philo, elle se décrit comme scenariste de bande dessines.
J'ai eu la même interrogation.
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]en Allemagne, on ne commence pas en haut de l'echelle, les diplômes ne font pas tout. On apprend le metier et on monte les échelons.
Le culte du diplôme est effectivement une tare française. J'ai lu des témoignages de gens qui travaillent en Allemagne et sont ravis de leur expérience, parce que les relations de travail et les possibilités de promotion y sont, selon leur expérience, bien meilleures. Mais il s'agissait d'ingénieurs
Un témoignage reste une expérience singulière
Les bons côtés de la société allemande et les réussites de son modèle économique ne doivent pas masquer une part d'ombre, dont on commence à mesurer l'ampleur en Allemagne même.
Certains ont dénoncé à grands cris la « germanophobie » d'Emmanuel Todd, parce qu'il osait mettre en cause, dans des termes assez fermes, l'orientation politique et économique prise par l'Europe sous influence allemande, ainsi que l'illusion mortelle que représentait la fascination du modèle allemand sur les élites françaises. Mais il se trouve que les économistes allemands hétérodoxes ne disent pas autre chose à propos de la politique de déflation salariale et de développement massif du travail partiel engagée sous l'ère Schröder avec le plan « Agenda 2010 » et les lois Hartz, dont découlent largement les avantages comparatifs qui expliquent la suprématie actuelle de l'industrie allemande : son impact social est dramatique pour une partie de la population allemande et ses conséquences macroéconomiques à long terme fatales pour la cohésion économique européenne.
« L'idée originelle de toute l'expérience allemande [
i. e. la politique néomercantiliste agressive autorisée par l'abaissement massif des coûts du travail et les délocalisations à l'Est] est fausse » disait ainsi il y a un an Heiner Flassbeck, ancien chef économiste de la CNUCED et vice-ministre des finances d'octobre 1998 à mars 1999 aux côtés d'Oskar Lafontaine (
http://www.europaforum.public.lu/fr/actualites/2012/02/conf-iies-flassbeck/?). Il mettait notamment en lumière les effets profondéments pervers pour l'équilibre de la zone euro de la faiblesse sructurelle des taux d'inflation en Allemagne depuis la création de la monnaie unique. C'est, de son point de vue, la cause principale de la divergence croissante entre les économies des pays du Sud (mais aussi la France) et l'économie allemande. Ceux qui se félicitent du faible coût de la vie en Allemagne devraient y réfléchir.
Dans un rapport de janvier 2012, lOrganisation internationale du travail a également souligné en termes vigoureux le lien entre labaissement agressif des coûts du travail en Allemagne, en vue daméliorer la compétitivité des exportateurs, et les difficultés économiques des autres membres de la zone euro (
http://www.ilo.org/wcmsp5/groups/pu...---publ/documents/publication/wcms_168092.pdf, notamment lencadré 4 « Évolution des salaires en Allemagne et troubles dans la zone euro », p. 52). Or, ce modèle n'est pas généralisable à toute l'Europe (cf.
Engelbert Stockhammer, « Peripheral Europes Debt and German Wages. The Role of Wage Policy in the Euro Area », Research on Money and Finance, Discussion Paper n° 29, March 2011).
On a raison de souligner ce qui marche bien en Allemagne. Mais attention à ne pas mythifier aveuglément le modèle allemand.