Très heureux de te recroiser aux hasards du forum .... je t'embrasse aussi, vieux cynique !
De même de ma part à notre archiviste préféré, il y avait longtemps. Mais les lignes pointillées ne sont pas forcément les moins réussies. Ça c'est aussi pour Joël et pour lui dire qu'il peut arriver qu'on se nourrisse aussi d'une absence, qu'on en tire un bonheur paradoxal, différent de celui d'une présence. Je ne dis pas que c'est toujours le cas, ni même souvent. Je dis simplement que ça peut être, je parle d'expérience. Et ne me demandez pas d'expliquer ça, mais les hasards de l'existence ont fait que si j'ai eu la chance de trouver du bonheur dans des présences et j'en profite toujours aujourd'hui, certaines absentes sont devenues et restées pour moi des soutiens irréductibles par delà les années, les dizaines d'années.
C'est quelque chose que j'ai ressenti très fort très jeune mais sans réellement en prendre conscience. Bien des années plus tard, ce sentiment , j'ai commencé à le "penser" mais il m'a encore fallu bien des années pour que je comprenne l'importance que ça avait eu dans ma vie. D'une certaine façon, j'ai réussi mes "ratés". Je vous souhaite la même chance.
Et pour une fois, quelques phrases écrites il y a quelques dizaines d'années mais que j'écrirai encore aujourd'hui. Mon sens du temps doit être un brin perverti.
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Je ne suis plus jamais seul. De l’avoir si bien été a lassé le rempart qui barrait mon regard. Assises en rond, elles veillent autour de moi et nos silences entre eux parlent tout bas.
Quand je parle, mes amies parlent avec moi. Ce que je dis n’est pas ce qu’elles diraient, ce n’est pas toujours pour elles que je parle, mais ma parole me vient d’elles.
Mes amies, parfois, ne me parlent pas. On pourrait croire qu’elles s’absentent, mais leur présence reste entière : je les entends se taire.
Parfois je parle à mes amies, sans rien leur dire. Ce qu’elles n’entendent pas n’est que la buée de ce que, sans me parler, elles ont si bien su me dire.
Ma vie, c’est le temps qu’il me faut pour vous vivre.
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Chacun garde à la jointure des paupières des traces de sa vie. Les lire, c’est entendre ce que chacun se doit de taire pour être un peu plus que ce qu’il est.
Vos cicatrices ont des reflets. Votre lumière s’y colore. Elles sont vos alliées.
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Il y a au fond de nous des terres heureuses sans souci des pluies froides. Souvent entr’aperçues de loin, il arrive qu’on s’y retrouve sans s’être même dirigé vers elles. Ce menu détail de l’existence suffit à donner du goût à la vie.
La beauté est en nous, nous sommes la beauté.
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La vie ne comble pas nos rêves, elle érige les siens. Le bonheur, c’est de voir qu’ils sont aussi beaux que les nôtres.
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Je suis ce que je n’oublie pas.
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Peser plus lourd n’est pas de mon ressort, je suis un rôdeur de sentier et n’emporte avec moi que la minceur de mes paroles. Si je parcours des paysages, c’est chaussé de sandales, chasseur furtif pour de menus gibiers.
Je pense à elles, une à une.