Death In June - The Wall Of Sacrifice
'Time to stop, time to think, time to change, heilige Leben' : voilà ce qu'on peut lire gravé sur la face B de la version vinyle de 'The wall of sacrifice', édité à 600 exemplaires en 1989. Douglas Pearce a atteint un point culminant dans sa carrière avec Death In June. Seul aux commandes depuis 'The world that summer', il a choisi de s'entourer uniquement d'autres leaders charismatiques de projets hétéroclites et marquants. Pourtant, l'accouchement de cet album emblématique dans la discographie de Death In June s'est fait grâce à un rêve récurrent et très étrange que Douglas a fait trois nuits durant. Ce mur du sacrifice, c'est celui de sa propre vie, un mur ou il accroché nombre de trophées, affiché ses heurts, ses quelques joies sans doute et ses blessures certainement. S'ouvrant sur un morceau-titre long de 16 minutes, expérimentant un collage industriel nanti de nappes ambient, de musique militaire et de trompettes, de mélodies dissonantes et de notes de piano lugubres, l'album est une expérience d'une noirceur exemplaire, d'une mélancolie profonde que même la magie exercée par la musique et le chant semble se complaire à agraver, sans réel effet cathartique. L'album se clôt par ailleurs avec une pièce du même acabit, en moins réussie mais tout aussi dérangeante. Entre les deux, la folk de Death In June fait une fois de plus des merveilles. Jamais elle n'aurait été aussi dépouillée, aussi touchante avec ses accords magiques, ses voix envoûtantes : celle de Douglas bien sûr mais aussi les choeurs de Rose McDowall sur le superbe mais amer 'Giddy giddy carousel' ou l'intermède ambient et spectral 'Heilige leben' qui provoque une sensation de 'temps suspendu' étonnante. Même sur le plus 'enjoué' 'Hullo angel' (reprise du même morceau que Douglas avait écrit pour Current 93 sur 'Swastikas for Noddy') recèle une mélancolie typique de l'univers 'junien'. N'oublions pas le désormais classique et toujours extraordinaire 'Fall apart', peut-être le morceau le plus simple (en apparrence) qu'ait écrit Douglas et sans aucun doute l'un de ses plus beaux. 'Bring in the night' est introduit par la voix de Boyd Rice (que Douglas venait de rencontrer) qui déclame un texte sur la loi du plus fort (du Boyd Rice quoi...) sur fond de rythmique martiale et de guitares saturées. La voix de David Tibet sur le sublime 'In sacrilege' accompagne les accords folk désabusés et les 'larsens' de guitares électriques à la dérive, nous enfonçant encore plus loin dans la mélancolie. L'ensemble est enveloppé dans une réverb' qui illustre l'aspect onirique que revêt cet album unique qui se ressent comme un rêve inachevé soulevant de nombreuses questions, et n'offrant pour réponses que des ébauches d'illusions. Chef d'oeuvre...'First you take a heart then you tear it apart...'
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