Je suis toujours incapable de dire pourquoi lexposition qui ma le plus touché fut celle de Rinko Kawahauchi à la fondation Cartier.
Jétais ému. Je nai jamais compris pourquoi.
Ce que je sais, c'est que mon regard est influencé par les photos que je vois accrochées dans les expositions. La photographie contemporaines est forcément très représentée. C'est l'inverse de ce qui est proposé au grand public (pub, journaux, etc.) qui présente des images très spectaculaires du type de celles que l'on trouve sur
500pix. J'aime beaucoup aussi (jp :zen
, l'exposition qui m'a également pas mal marqué c'est "The American West" de Richard Avedon. Très spectaculaire. J'aime ne pas choisir un style, ne pas faire des séries, ne pas faire ce qui ne m'intéresse pas sous prétexte que c'est ce qu'il faut faire pour exister photographiquement. Donc je vais là où ça m'attire. Et la photographie qui s'inspire plus des contemporains (Deuxième moitier du XXe siècle en fait
), ça m'attire en ce moment. Ça tombe bien, JP est attiré par l'autre côté, ça équilibre les Cimaises
Mais revenons à la photo.
Ça bouche toujours un peu le matin à cet endroit-là. Il pleut et le ciel est très sombre. Le feu est au rouge, jarrête les essuie-glaces. Cest comme si mon pare-brise devenait un tableau impressionniste. Toutes ces lampes rouges
Je prends mon petit télémétrique que je traîne partout pour faire le contraire de ce que je fais dhabitude (photo sur pied ou portrait en lumière artificielle). Je fais le net sur les gouttes du pare-brise et je déclenche. Limage numérique qui vient remplacer la vue réelle dans le viseur est bien trop claire. Je descends dun cran. Je vois les feux passer au vert et je déclenche. Tout nest plus rouge, tant pis.
Ça, cest lexplication de lacte. Une image minterpelle. La référence au tableau impressionniste est déjà une explication a posteriori. Cest juste une image qui minterpelle.
5 mois après, je regarde la planche de la journée et cette image me fait de lil. Encore, toujours. Je ne sais pas vraiment pourquoi. Finalement, si les feux avaient été au rouge, cela aurait été moins bien. Je décide de la tirer.
Jaccentue le cadre en assombrissant encore lintérieur de la voiture qui «ferme» limage. Je garde un contraste naturel (mes boîtiers sont calibrés et jutilise ici un profil avec une courbe daccentuation presque plate que ma réalisé Christophe Métairie) ce qui est facilité par le rendu doux de type «argentique» du X100s. Je décide de naugmenter le contraste que sur les taches de lumières colorées qui font comme des coups de pinceaux. Pour ça, je rentre dans limage, je zoome et c'est beau. Cest vraiment de la peinture
Jai parfois limpression de voir le poil de la brosse dans des taches de peinture à lhuile !
La partie de gauche ressemble à larrière-plan dune peinture.
Je fais mon boulot de tirage comme dhabitude, jéclaircis ici, jassombris là.
Je finis par recadrer légèrement pour faire en sorte que la ligne verticale qui passe par le reflet du feu vert et sépare la «toile» en deux parties corresponde à une ligne dor.
Après avoir écrit tout ça, je dirais que cette photo brouille les cartes entre les deux tendances opposées de la photographie. Elle documente le réelle en étant proche de celui-ci. La couleur est calibrée, le contraste nest pas exagéré, elle représente une scène classique de la vie courante. Lintérieur de la voiture est bien net
Mais en même temps elle est pictorialiste. Au lieu dutiliser un objectif qui déforme limage, la rend flou, comme au début de cette «école», cest le pare-brise mouillé qui fait le travail. Les taches de couleur saturées sopposent (rouge vert), il ny a que deux couleurs dominantes qui sont organisées par teintes. Lensemble rappel effectivement la peinture.
Cela me fait penser à une photo de Saul Leiter