Le labo de PVPBP

Zone industrielle et portuaire

 
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Pano du port de Saint-Martin de Ré

 
Des siècles que je ne vous ai pas embêtés avec Jazzèbre :D
Vincent Peirani au mois d'octobre. (Petite correction, j'avais mis une image un poil trop grande même si légère)
l15.jpg
 
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Je suis toujours incapable de dire pourquoi l’exposition qui m’a le plus touché fut celle de Rinko Kawahauchi à la fondation Cartier.

Rinko+Kawauchi.jpg


J’étais ému. Je n’ai jamais compris pourquoi.
Ce que je sais, c'est que mon regard est influencé par les photos que je vois accrochées dans les expositions. La photographie contemporaines est forcément très représentée. C'est l'inverse de ce qui est proposé au grand public (pub, journaux, etc.) qui présente des images très spectaculaires du type de celles que l'on trouve sur 500pix. J'aime beaucoup aussi (jp :zen:), l'exposition qui m'a également pas mal marqué c'est "The American West" de Richard Avedon. Très spectaculaire. J'aime ne pas choisir un style, ne pas faire des séries, ne pas faire ce qui ne m'intéresse pas sous prétexte que c'est ce qu'il faut faire pour exister photographiquement. Donc je vais là où ça m'attire. Et la photographie qui s'inspire plus des contemporains (Deuxième moitier du XXe siècle en fait ;) ), ça m'attire en ce moment. Ça tombe bien, JP est attiré par l'autre côté, ça équilibre les Cimaises :D

Mais revenons à la photo.
Ça bouche toujours un peu le matin à cet endroit-là. Il pleut et le ciel est très sombre. Le feu est au rouge, j’arrête les essuie-glaces. C’est comme si mon pare-brise devenait un tableau impressionniste. Toutes ces lampes rouges… Je prends mon petit télémétrique que je traîne partout pour faire le contraire de ce que je fais d’habitude (photo sur pied ou portrait en lumière artificielle). Je fais le net sur les gouttes du pare-brise et je déclenche. L’image numérique qui vient remplacer la vue réelle dans le viseur est bien trop claire. Je descends d’un cran. Je vois les feux passer au vert et je déclenche. Tout n’est plus rouge, tant pis.
Ça, c’est l’explication de l’acte. Une image m’interpelle. La référence au tableau impressionniste est déjà une explication a posteriori. C’est juste une image qui m’interpelle.

5 mois après, je regarde la planche de la journée et cette image me fait de l’œil. Encore, toujours. Je ne sais pas vraiment pourquoi. Finalement, si les feux avaient été au rouge, cela aurait été moins bien. Je décide de la tirer.

J’accentue le cadre en assombrissant encore l’intérieur de la voiture qui «ferme» l’image. Je garde un contraste naturel (mes boîtiers sont calibrés et j’utilise ici un profil avec une courbe d’accentuation presque plate que m’a réalisé Christophe Métairie) ce qui est facilité par le rendu doux de type «argentique» du X100s. Je décide de n’augmenter le contraste que sur les taches de lumières colorées qui font comme des coups de pinceaux. Pour ça, je rentre dans l’image, je zoome et c'est beau. C’est vraiment de la peinture…

1102_rouge.png


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J’ai parfois l’impression de voir le poil de la brosse dans des taches de peinture à l’huile !

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La partie de gauche ressemble à l’arrière-plan d’une peinture.

1102_arbres.png


Je fais mon boulot de tirage comme d’habitude, j’éclaircis ici, j’assombris là.
Je finis par recadrer légèrement pour faire en sorte que la ligne verticale qui passe par le reflet du feu vert et sépare la «toile» en deux parties corresponde à une ligne d’or.

Après avoir écrit tout ça, je dirais que cette photo brouille les cartes entre les deux tendances opposées de la photographie. Elle documente le réelle en étant proche de celui-ci. La couleur est calibrée, le contraste n’est pas exagéré, elle représente une scène classique de la vie courante. L’intérieur de la voiture est bien net… Mais en même temps elle est pictorialiste. Au lieu d’utiliser un objectif qui déforme l’image, la rend flou, comme au début de cette «école», c’est le pare-brise mouillé qui fait le travail. Les taches de couleur saturées s’opposent (rouge vert), il n’y a que deux couleurs dominantes qui sont organisées par teintes. L’ensemble rappel effectivement la peinture.
Cela me fait penser à une photo de Saul Leiter
saul-leiter.jpg
 
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Sans pour autant être maintenant, et d'emblée convaincu par la photo en elle même, j'ai eu les explications que j'attendais… Ton approche, ton œil, quelques unes de tes techniques et tes références photographiques qui t'ont amenées à shooter cette scène et à considérer ta composition comme réussie (je suppose puisque tu lui as donné une place dans les cimaises) … c'est tout ce que je voulais lire… :love:

Merci. :zen:

J'vais continuer à l'observer en gardant tout ça en tête pour voir si j'peux parvenir à ± comprendre ton approche :p
 
(SirDeck) --> Fallait pas l'inviter… --> fallait pas lui tendre la perche... (à macomaniac)

_DSF1102-Modifier.jpg

Qu'est-ce qui distingue une toile et de la toile? De la toile (à matelas) s'étale comme un emballage opaque, une toile (peinte) veut être une fenêtre. Comment transformer une toile en fenêtre? En donnant l'impression que sa surface plane est transparente et qu'au-delà se profile une scène en profondeur. Une perspective aperçue derrière une vitre : les toiles classiques m'y font toujours penser - des 'sous-verre'.

Et l'Impressionnisme dans tout ça? Si je file ma métaphore, c'est comme s'il se mettait à pleuvoir derrière la vitre (qui est le plan rendu transparent de la toile). On sait que la pluie brouille les contours des figures, mais bien plus abolit la profondeur en supprimant la perspective. La pluie aplatit le décor. Peintre impressionniste, vous faites pleuvoir (de la lumière) sur la perspective classique : c'est comme si la profondeur refluait en même temps que les figures se brouillent : tout vient se coller à l'envers de la vitre du tableau, dont la transparence ne vous promet plus aucun espace vers l'avant.

Et la photo de SirDeck alors - vont se récrier ceux qu'agacent prodigieusement les jongleries verbales du sieur macomaniac, suspect de croire que l'imagination peut gagner quelque chose à des jeux de mots? :D

Une photo, comme une toile peinte, ne se veut-elle pas une vitre aussi pour le regard? Analogue d'une peinture classique, la photo de SirDeck invite mon regard à traverser la vitre de son cadre pour me figurer au-delà une perspective en profondeur : celle d'une carlingue d'auto. Sauf qu'un pare-brise s'incruste dans le champ de cette profondeur 'sous-vitre' : une deuxième-vitre, qui, elle, ne délivre pas un redoublement de perspective en profondeur, mais ce refluement impressionniste de l'espace et des formes brouillées qui viennent se coller à l'envers de cette pellicule transparente.

Double effet de vitre, double effet de peinture : un tableau impressionniste dans un tableau classique (réaliste). Une abolition de la perspective en fond de perspective. Le regard qui se lance vers l'avant à travers la première vitre (celle du cadre de la photo) pour avancer dans la perspective 'sous-verre' offerte, vient s'arrêter contre la deuxième-vitre : celle, impressionniste, du parebrise derrière lequel la pluie abolit la perspective.

Arrêt paradoxal d'un regard qui a commencé par aller de l'avant. À l'image du conducteur brusquement stoppé à un feu rouge et dont le regard, qui devançait dans l'anticipation de la perspective routière le déplacement de son véhicule, vient se fixer sur la non-perspective impressionniste du pare-brise.

C'est toujours dans les interruptions gênantes du 'mouvement de la vie' que surgit la 'vision'. Qui n'est jamais ce devancement du geste par le regard qui en esquisse le mouvement dans l'espace d'une perspective.. Mais l'aperception immobile. Sans projection. Sans anticipation perceptive d'un mouvement dans le champ d'une perpective. Arrêt du 'cinéma'. Auguste Renoir disait qu'il voulait peindre sa femme en robe blanche comme un simple voisinage de taches de couleurs dans le même plan que la prairie en fleurs (un motif de divorce - s'il en est :D).
 
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Changement d'ambiance :siffle:

Belle sur minéral


À part ça, je l'aurais bien mise aux cimaises mais ici c'est l'occasion d'avoir des avis.
Je précise que je poste parce qu'on ne voit pas son visage...
 
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Mon avis est qu'elle mérite les cimaises ;) malgré un déséquilibre vers la gauche

Je ne pense pas, prends les diagonales et regarde bien où elles se coupent... :siffle: :D

Je crois que je vais demander à la modération de la déplacer aux cimaises. :modo:
 
Je ne pense pas, prends les diagonales et regarde bien où elles se coupent... :siffle: :D

Je crois que je vais demander à la modération de la déplacer aux cimaises. :modo:

Ce n'est pas qune histoire de diagonales : le rocher perpendiculaire en haut à gauche, du fait de son ombre attire le regard (du moins le mien)
L'axe vertical médian passe par le bras et la jambe droits, pas par le corps.

D'où le déséquilibre dont auquel je cause.
 
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