jpmiss, m'en suis-je avisé, n'est pas sans réprouver l'effet 'yau-de-poêle dont mes proses retouchent l'auto-suffisance graphique des photos des «Cimaises» Advienne que pourra - car voici qui m'inspire :
La première fois que j'ai vu un paysage méditerranéen : la Provence, j'étais sur les hauteurs de
Cassis : j'avais devant moi un paysage de ciel et de mer avec en intermédiaire la découpure minérale du
Cap Canaille. Alors seulement, j'ai eu l'impression de "comprendre" la naissance de la
Philosophie Grecque. Les Grecs contemplaient le même type de paysage il y a 2000 ans. La ressource liquide de la Mer leur donnaient naturellement l'Idée de l'Infini : l'«
Apeirôn», c'est-à-dire le 'Sans-Forme' qui pouvait se prêter à toutes les 'Formes'. La lumière impérieuse du Ciel leur donnait immédiatement l'Idée de l'Information : l'«
Acte» qui donne forme dans la lumière. Et la précision intermédiaire des Rochers leur donnait l'Idée du Fini : les «
Formes» découpées par la Lumière dans la substance même de la Mer pour offrir l'insulaire géométrie des Figures.
Par rapport à ce dispositif philosophique Grec, les photos de
jpmiss offrant à la vue un paysage méditerranéen en analogue composition tripartite (Ciel, Roche, Mer) - cette photo-ci, mais aussi la série des autres - m'imposent chaque fois une
Rupture de la vision. La Mer y présente toujours un 'floconnement laiteux', une sorte de 'poussée ascensionnelle' qui bombe littéralement à la surface jointe à une 'radiance lumineuse' qui sourd des profondeurs.
Alma Mare. Densité radieuse et mousseuse, en contraste de laquelle le Ciel paraît animé d'une 'Translation Menaçante' : un mouvement décapant qui en aplatit la présentation, joint à une charge de 'Ténèbres' - comme si la 'Nuit' pesait d'en haut, vertigineusement, sur le paysage. Cette 'abrasion nocturne', plate, du Ciel - c'est le Temps qui s'introduit dans le tableau pour menacer et décaper les formes surgies de l'arrondi de la Mer.
Et ces formes, ici : une précision fractale impressionnante mais qui, littéralement poussée de la Mer, et bercée d'elle, ne griffe pas l'œil mais ressemble à un efflorescence. Oui : les rochers ont l'air de mousses, de mousses multiples nées de la Mousse de la Mer. Ces mousses rocheuses sont portées par le bombement lumineux de la Mer sous le glissement vertigineux du Ciel qui les décape.
Parvenu à ce point, délivrée des mots - l'Intuition du Paysage